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Sur la terrasse d’un hôtel à Beyrouth

mercredi 26 mars 2014, par Séb Ménard

Nous étions allés à Beyrouth parce que ça faisait 80 bornes et que ça ne coûtait pas cher – sans doute aussi pour voir la mer – pour se baigner – on pensait traverser la frontière comme ça mais il avait fallu mettre un billet dans le passeport – le temps de comprendre la combine et ça suffisait pour qu’on écrive des histoires dans un carnet – Beyrouth c’était très court mais la photographie que j’en ai prise est terriblement précise – le premier soir on se fait arnaquer et on dort sur le toit d’un hôtel miteux – le bac de la douche est rempli d’excréments humains et de toutes façons il n’y a pas d’eau – je ne sais pas si c’est le goût de la bière ou de la vodka mais on a fini par aller se coucher sur le toit – il n’était pas prévu qu’on aille se coucher ailleurs et dans la nuit je pense qu’on ne savait pas vraiment ce qu’il en était – on a dormi sur des lits en ferraille de vieux lits rouillées magnifiques et ignobles – au matin pas souvenir de l’heure mais les gars autour dormaient usés et je me suis assis sur le matelas imbibé de poussière et j’ai écrit – cette terrasse donnait sur la voie rapide qui entre dans Beyrouth depuis le Nord – cette terrasse était équipée pour la défense ou la surveillance – le mur dans mon dos était usé des impacts de balles et on entendait la mer à l’Ouest – le soleil tapait il faisait vraiment chaud et les autres dormaient et j’écrivais – aujourd’hui je ne crois pas avoir gardé ce qui s’est écrit là – je n’ai aucune image de cet endroit et je pense que si nous avons dormi là — sans même savoir qui avait dormi avant dans ces lits et pour quelle raison – c’est qu’on ne devait plus avoir un rond à refiler au patron de cet hôtel (et aujourd’hui : c’était où exactement cette histoire – c’était quoi dans quelle rue – je ne sais plus rien sinon que je devrais y retourner).


image : photographie de l’auteur en 2008 – négatif scanné.