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Un restaurant abandonné

mardi 14 mars 2017, par Séb Ménard

C’est l’avantage des pays (…) (j’avais envie de l’écrire comme ça) (sans terminer la proposition) (mais il faut bien terminer ses phrases).

C’est l’avantage des lieux qui s’effondrent. Les cartes ont de nouvelles zones blanches. Les lieux sont délaissés. Les bâtiments sont abandonnés. Les terrains, les routes, les cabanes. Les piscines parfois.

Nous étions épuisés. Et il y avait du gros temps d’annoncé. On entrait par le sud à Amyntaio. Il y avait ce genre de petits bois. C’était sale. Mais c’était libre de toute occupation. Il y avait une vieille bâtisse. C’était un restaurant, il y a quelques temps. Tout abandonné. On a mangé là. C’était midi. Et les pluies sont venues. Le vent s’est levé. L’orage, au loin. On a fini pousser notre bazar sous l’abri de ce restaurant, un porche. À la station essence à côté : quelques bières et de l’eau pour cuisiner, se laver un peu. Tenir jusqu’au lendemain peut-être. La pompiste m’annonce que ça va pleuvoir, ça va gronder, ça va venter, ça va pas être beau. Mieux vaut rester là. Pas reprendre la route comme ça. Elle ne me fera même pas payer les bières.

On est resté là jusqu’au lendemain matin. Les pluies sont passés. Les vents, les éclairs, les orages. Tout. On a jeté les dés. Yams. On a dormi à l’abri. On a lu, on a écrit. Dans cette ruine du commerce. Nous avons habité la poussière, la ruine, le temps et le vent. Parfois, des phares dans le noir.

Au lendemain, nous avons repris la route. La route des terrains, des collines, des rivières et des lieux abandonnés. Là, dans l’entre-deux, dans l’abandon : une respiration.