Conflans-Saint-Oloés

Où lire, où écrire, sur ce banc les deux choix sont possibles. C’est ici que j’ai pu t’écrire cette lettre à toi S.
"Un lieu qui frôle le romantisme" tu me disais souvent et tu avais raison. Notre champs visuel donnait sur deux vases placés de part et d’autre de cette terrasse, qui rappelaient un peu la forme du cratère grec aux mélanges de couleurs pastel, une fusion de corail et de pêche. La chaleur du soleil recouvrait le vent frais de la matinée, et laissait sur mes joues, le teint d’un alezan à la lueur rosée. Le silence nous permettait de vivre chaque instant pleinement et le décor de ce lieu était idéal pour replonger dans ma lecture du "Long dimanche de fiançailles" et plus rien ni personne ne pouvait me brusquer dans mon univers ... même pas toi S. qui cherchais désespérément un moyen de me faire rire aux éclats.
Le souffle du vent qui accompagnait les voiliers que tu pointais du doigt, me faisait penser au son des mélodies de Kensuke Ushio. L’endroit est à l’écart du parc comme s’il nous était destiné et, c’est à ce moment-là que je décidais de te remettre cette lettre. Et tu la lisais à voix haute avec ce rythme lent du cours d’eau et le souffle apaisant du vent d’été.
Dans les airs volaient de petites fleurs au jaune pimpant qui faisaient penser aux aigremoines et peut-être un peu aux fleurs d’arnica, couleur de joie et bon temps : le mois d’août sonnait ses cloches.Tu te demandais pourquoi cet endroit était si détaché du parc comme une terrasse accrochée à une maison. Tu te demandais pourquoi ce lieu paraissait si secrètement caché du reste de la ville, pour quelle raison il était si vide de vie, et ...pourquoi le silence effleurait tant nos tympans.
Et je te répondais que cette terrasse nous était exclusivement réservée. Et je poursuivais mes dernières pages au point culminant du soleil.