Où Lire Où Écrire

D’Amiens à Kourou

vendredi 3 avril 2020, par Karine Laignel

Très chère Anne,

Je ne sais ce que tu deviens depuis quelque temps. Je m’étonne de n’avoir reçu aucune de tes nouvelles depuis ton départ pour la Guyane. Il est vrai que depuis quelques semaines, nous sommes hors du temps, enfermées, confinées. Pourtant, je ne peux t’imaginer dans le noir sidéral.

Je dois dire que de mon côté, je commence à en avoir assez du Moyen-âge et de ses épidémies. Je suis arrivée au bout des légendes et autres contes. J’ai envie de science- fiction alors quand je vois nos soignants, je les imagine tels des astronautes explorant une nouvelle planète. Amiens, oblige, je me replonge également dans les livres de Jules Verne et redécouvre De la terre à la lune. Je t’imagines, comme moi, un livre à la main à regarder le ciel. Peut-être constates- tu toi aussi cette baisse de pollution ?

Quel bonheur cela doit être pour toi de regarder la voie lactée alors que depuis ma fenêtre, je ne fais que l’imaginer. Vois- tu Ariane se dresser vers le ciel ? Ariane, prête à rejoindre d’autres galaxies, enfin quand tout cela sera fini…

Avec tout ce qui se passe autour de nous, je crains que tu ne doives renoncer à visiter le musée du centre spatial et c’est tant mieux ! Il manquerait plus qu’à cause de ce fameux virus tu y restes enfermée avec toutes ces machines, coupée de l’ensemble de l’île, quelle poisse !

Non, je me rassure et t’imagine suivre les étoiles du regard… Ah tiens, il y en a une dans le ciel amiénois, une étoile filante. Où va-t-elle ? Rejoint-elle le vide sidéral ? C’est un peu ce que nous ressentons ici, en bas, le vide, le silence, l’absence…