Où Lire Où Écrire

Confinée , Tour Perret

lundi 30 mars 2020, par Karine Laignel

Cloitrée, en haut de la Tour, je regarde un stylo à la main.

Face à moi, la gare vide s’imprime sur la page. J’imagine alors quelques trains partir vers Paris, rejoindre la baie de Somme ou parcourir la campagne vers Lille. A droite, le complexe Gaumont est fermé. Les affiches trônent sur un boulevard désert. Mon stylo note l’absence de promeneurs. Plus personnes dans les rues piétonnes, dans les librairies fermées, les livres sont abandonnés. Personne pour les feuilleter, les ouvrir, les lire. Les terrasses des cafés sont vides, les chocolats ne sont plus dégustés par les lecteurs avides de découvrir les premières pages de leurs romans.

Qu’écrire sur cette ambiance lourde et pesante...

Pourtant à quelques mètres derrière la Tour, la cathédrale digne et droite attend depuis des siècles. Alors , mon stylo s’emballe. Le Moyen âge se met à défiler dans mon esprit, à raturer ma feuille. Les gargouilles crachent leurs légendes, les cracheurs de feu illuminent ma page. Danseurs, jongleurs, troubadours noircissent ma feuille. Ils s’affrontent, s’allient, s’aiment. La vie sur ma feuille bat son plein.