Où Lire Où Écrire

La Sebastiana

mercredi 8 avril 2020, par Lola Sorrenti

C’est au hasard ou à la chance que je dois d’être là. Le fermeture surprise et imminente du musée, nous a figé chacun dans la pièce que nous étions en train de visiter. J’étais dans le bureau. Une aubaine. D’autres sont au salon-bar, à la cuisine des curiosités, à la remise, sur le mirador du paquebot.

Quel meilleur lieu pour écrire, rêver, composer. Face à la baie vitrée en demi-cercle qui ouvre sur les petites cabanes roses, vertes, bleues suspendues aux collines, et derrière : la mer. La baie. Le grand bateau immobile.
Derrière moi, le lit conjugal du poète et de ses muses, et dans la bibliothèque, une collection de bateaux miniatures embouteillés.
Assis sur le grand siège en bois, à la place de ce monstre des océans de la littérature.

J’aurais pu être moins chanceux. J’aurais pu par exemple être coincé sur le port maritime, dans ce vieux bar qui pue la bière et le poisson séché. Je me demande comment ils vont vivre confinés dans la ville basse. Certes, ils ne manqueront pas de vivres ni de femmes, mais bien de poésie.
Ici nous pourrons manger les livres, boire les élixirs d’amours emprisonnés dans les fioles, lécher le sel sur les collections de coquillages et se faire envoûter par les sirènes sur les proues accrochées aux frontons de toutes les portes d’entrées de cette maison.

Coincé là, face au Pacifique, je me demande dans quelle rêverie Pablo Neruda aurait vogué.