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Confinement ou jardin des poètes !

jeudi 25 juin 2020, par Marie-Eudoxe De La Taille

Lundi 16 mars 2020
Il est 20 heures. Le Président de la République française prend la parole : « Nous sommes en guerre ». Quatre mots qui resteront dans l’histoire de la Vème République.
« Nous sommes en guerre », le verbatim d’Emmanuel Macron. Ce sont des mots qui doivent revenir à la mémoire des plus anciens, des mots qui ne sont pas agréables à entendre.
La cause ? un virus.
La conclusion ? 15 jours minimum de confinement. Des mesures strictes pour réduire les déplacements à compter du mardi 17 mars 2020.
Il reste quelques heures pour prendre la poudre d’escampette. Il reste quelques heures pour changer de lieu de villégiature. Quelques heures pour se réfugier dans une région plus reculée, dans une habitation plus grande et surtout quand on habite en Île de France ou encore dans les grandes villes, et si on le peut.

Vendredi 17 avril 2020
Un mois s’est écoulé depuis le début du confinement et ce n’est pas fini. La date de reprise ne cesse d’être repoussée.
Ici, nous sommes trois. Ils sont revenus de leur école respective. Un mois donc que nous remplissons un billet de sortie pour aller travailler, pour aller faire des courses alimentaires, pour marcher, pour prendre l’air.
Il fait beau en ce jour de printemps. Le soleil brille. Nos deux poules picorent les quelques derniers brins d’herbes laissé. Je regarde la terre nue du jardinet et tout à coup, je décide de commencer un potager. Ces derniers temps, tout est devenu exorbitant. La qualité des aliments est de plus en plus médiocre. On fait des queues interminables au supermarché et au marché. Tout devient de plus en plus compliqué. Le confinement vient se rajouter en plus. La meilleure chose qui reste à faire est de vivre en autarcie.
Je réussis à trouver quelques plants, et c’est le début d’une aventure qui commence.
Après avoir fait un bref tour du propriétaire, à peine 150 m2, je retrouve des caisses, lesquelles, une fois remplies de terre, vont faire office de bacs.

Je dispose. J’entrepose. Je remplie. Je vide. Je bêche. En quelques heures le jardin a pris une nouvelle allure. Les poules sont enfermées à double tour ou presque. Elles ne peuvent plus s’échapper, je leurs ai coupé une aile. Pour voler ce sera désormais une autre histoire. De l’eau, des graines, elles ont juste ce dont elles ont besoin.
C’est parti pour une aventure potagère.

Mardi 19 mai 2020
Deux mois sont passés après le début du confinement.
Un mois est passé depuis le démarrage du potager.
Arrosage, soleil, soleil, arrosage. Chaque pied prend ses marques, s’installe, dessous, dessus, à droite, à gauche. De tous côtés les plantes s’épanouissent. Parfois j’enlève une herbe qui semble encombrer une de mes protégées. Chaque jour je viens les voir, regarder si elles se portent bien. Les journées sont de plus en plus longues. Le printemps s’est installé.

A l’intérieur je fais pousser quelques graines à défaut d’avoir une serre. Quand les plants ont quelques centimètres, j’ose trouver un emplacement dans le jardin et les repique.
Chaque pied a droit à son attention particulière.
Les radis sont les premiers à répondre « présents ». Il aura fallu 30 jours entre le semis et la récolte. Le travail fourni commence à être récompensé.

Mercredi 27 mai 2020
40 jours depuis le premier coup de bêche. En plus de quelques radis, c’est une scarole qui arrive dans l’assiette. Une nouvelle récompense : « La patience triomphe de tout. »

Mercredi 24 juin 2020
Le jardin a encore changé. C’est un parterre de feuillage vert, des verts de toutes les nuances. Un peintre a de quoi se faire une belle palette. Les courgettes commencent à pointer leur nez. Les concombres en font tout autant. Les cornichons n’oublient pas non plus de se montrer. Les tomates grossissent à vue d’œil. C’est à celle qui sera la plus grosse.
Les petits pois et la rhubarbe sont déjà passés à la casserole. 500 gr de chaque, c’est un début. Les pommes de terre plantées plus tardivement s’apprêtent à fleurir.
Les bleuets s’enorgueillissent car elles sont encore les seules fleurs du jardin à montrer non patte blanche, mais corolle bleue.

Jardin potager ou jardin des poètes !


Au jour le jour j’avance et vous raconte. N’hésitez pas à me retrouver sur mon blog.