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Instant d’enfermement à New York

lundi 30 mars 2020, par Marie-Hélène Hochet

Les transports en commun sont arrêtés, les routes fermées, les aéroports aussi. Nous ne rentrerons pas en France aujourd’hui.
Nous avons eu de la chance, nous avons trouvé un des derniers taxi et retrouvé notre appartement douillet. L’ouragan arrive avec un mois d’avance sur New York.
La fenêtre donne sur une rue vide de voitures, ça souffle fort. Dans ce quartier hispanique, la nuit commence à tomber. A l’angle de la rue, je distingue la voiture de police. Quelques silhouettes les mains enserrant des sacs de nourriture se dirigent vers les immeubles en courbant la tête. Les lumières orangées de la rue s’infiltrent dans notre appartement. La pénombre recule dans les angles les plus sombres. Nous allumons la télévision, petite fenêtre sur le monde extérieur.

metro aerien NY

L’ouragan se transforme en tempête tropicale, les rafales secouent les fenêtres et la pluie se jette furieuse sur les vitres. Je n’ai pas peur, ma fille est avec moi, nous regardons les informations météo en mangeant du chocolat.
Dans cet immeuble de Manhattanville, c’est samedi soir et il peut bien y avoir une tempête, la fête commence comme tous les samedis soir. Au dessus de chez nous, à côté, en dessous, dans nos têtes, la musique hispanique s’infiltre, s’invite. Elle couvre les bruits de colère de la nature. Nous dormirons moins bien cette nuit, mais nos rêves, eux, seront lumineux et rythmés ...