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Archives du Semenoir de Maryse Hache

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lundi 21 juin 2010

quelques jours avant le printemps




  
 
 
IMG_1380

 


quelques jours avant le printemps, le 17 mars, entrée en lice du lion

ni haruspice ni calpurnia pour dire : méfie-toi des ides



  
   
 

dimanche 20 juin 2010

c'est peut-être ... l'heure




c'est peut-être
l'heure

ce point

sternum




si c'est elle

c'est la bonne heure

 


25 mai 2010





samedi 19 juin 2010

images / au bord du canal saint-martin / atelier d'écriture de pierre ménard

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IMG_3858  

à l'atelier d'écriture de pierre ménard #6 itinérant le long du canal saint-martin




atelier d'écriture sur la ville de pierre ménard
du 12 juin dans le cadre de sa résidence à la librairie litote en tête 

voici les propositions d'écriture :

détails à lire sur liminaire

#décrire ce que vous voyez en marchant tout en décrivant ce que vous ressentez : difficulté d'écrire dans la marche, temps, paysage.

#à l'arrêt café, champ/contre-champ, intérieur/extérieur, dans le café / devant le café, quartier /rue

#cf Laurent Septier : décrire en une ligne photo que vous auriez prise : photo potentielle

en compagnie des autres participants dont vous pouvez lire les textes sur liminaire (cliquez sur le lien)
voici ce que j'écrivais 






je marche
sur la rive du canal saint-martin, quai de valmy paris 10°
atelier de lecture itinérant de pierre ménard

je marche
puisque la consigne c'est d'écrire / décrire ce qu'on voit en marchant
et j'ai attribué d'emblée le en marchant à écrire, et pas à ce qu'on voit

alors
je marche et j'écris tout en marchant

le chaland
jeune skater à casque orange
pavés sous les pieds
odeur de l'eau
anneau en fer

pour quel amarrage

écluse

je pense à simenon

un homme fait des pompes dans un petit jardin d'ombre

sous mes pieds c'est quoi

une moquette verte en plastique
vigilance poubelle dit le plastique vert vide accroché à son anneau

pour les reliefs repêchés sur le canal

pépiement de moineaux avec bruit d'eau
écluse
ça klaxonne
réverbères déguisés à l'ancienne

l'allumeur a coulé depuis longtemps

un homme sur un banc lit avec un gros cigare à la bouche

je pense à orson welles

les platanes regardent l'eau qui regarde le ciel
les verts se rencontrent
bouquets d'eleagnus ou de choysias sans fleurs
des petites herbes entre les pavés
des cases métalliques le long des portes de l'écluse exposent déchets détritus et autres restes  qui s'y sont accrochés

comment décrire sur le pont cette plaque métallique au sol ouvragée de points pendant que je ne peux pas observer plus longtemps car

je marche sur le pont au-dessus du canal saint-martin quai de valmy paris 10°

les portes de l'écluse bougent

café restaurant le valmy

quelle date la bataille

les voitures coulent à flots inlassablement


leur flot n'est pas celui du canal
celui-là est discontinu voiture après voiture couleur distincte après couleur distincte
les particules d'eau sont  tellement collées l'une à l'autre qu'elles construisent une nappe
et de même couleur


à nouveau grilles au pied des arbres et pissenlits

pour quelle salade



je marche et j'écris tout en marchant
je vois le sol pendant que j'écris
je vois ce qui m'entoure plus haut plus loin avec le regard périphérique
pour les détails en plan large je lève le nez de mon carnet
j'arrête l'écriture


en contrebas une allée herbacée et pierreuse avec pierres rondes

l'herbe abondante signale qu'elle est peu empruntée

les nez de marche des trottoirs défilent l'alignement de leurs longs rectangles de pierre
contraste de couleur de gris avec le bitume


le regard traverse le canal

sur l'autre rive grand bâtiment industriel

il semble abandonné

le mot "exacompta"

je pense aux carnets  d'écriture
aux textes échangés sur
blogs à leur endroit
moleskine ou clairefontaine

la surface de l'eau montre moins d'objets flottants non identifiés

je lis "131 espace vélos piétons" pendant que mes pieds sentent toujours le dessin des pavés


photo
jeune homme au balcon remontant la manche de sa chemise blanche


photo
une voûte quai de Valmy avec petite haie de troènes au fond après l'ombre


installation de piquets et barres de fer
marché sans bâches

ils pique-niquent sandwich chez paul

objets flottants identifiés : deux sacs plastiques bleus un blanc un emballage de ships mais
je marche tout en écrivant et ne peux vérifier la marque

toujours l'irrégularité des pavés sous les  pieds
je la sens très bien à travers la semelle des chaussures

mes chaussures
elles marchent
tantôt l'une tantôt l'autre
construisent un rythme vert anis
elles suivent la nappe vert bouteille du canal à ma gauche
un peu au-dessus sur ma droite le vert des platanes


le vent de la partie
fait rider la surface de l'eau

une musique des mots m'entraîne dans le courant
mémoire
la fontaine
le moindre vent qui d'aventure

puissance d'évocation d'un assemblage de mots
passé un jour dans notre vie
et faisant retour

un pigeon traverse le canal
au jardin sur la même rive mais de l'autre côté de la rue on s'allonge sur les pelouses

on s'envole comme on peut

les enfants jouent au ballon

des moineaux pépient dans une masse de vert lierre accrochée au mur

peut-être pas du lierre avec ces petites grappes fines de feuilles jaune crème
c'est quoi alors

un pont sur le canal

je vois l'absence d'arletty
(même si elle était sur un pont-décor-de-cinéma)

 

les canards col-vert voguent
à l'écluse attend une péniche
un panneau de signalisation indique espace jemmapes

devantures peintes jaune d'or vert absinthe et rose bonbon
chez antoine et lili


plus possible de continuer sur la longueur du bassin d'écluse
_comment ça s'appelle_

je marche sur des marches
je fais demi-tour
je vois pierre ménard
suppose qu'il twitte l'atelier

je change encore de sens
reprends la marche un peu en contrebas sur le trottoir cette fois

un petit coup de vent

pas de longueur de cheveux suffisante pour en faire sentir le passage
pas non plus de jupe ou de robe
mais les joues


s'arrêter
moment du café
pas encore
je continuer à
marcher

en marchant retrouve la berge possible
encore un anneau d'amarrage

quel est le mien


tiens voilà la péniche après changement de niveau
elle passe l'écluse

décrire en marchant
écrire en marchant
je marche et je tourne la tête pour regarder encore un peu

le mot "aspasia" sur bleu

au sol petites boules vertes hérissées de piquants

sûrement de jeunes bogues de châtaignes
tombées du nid
je lève la tête
châtaigniers confirmés

interdit aux chiens même tenus en laisse

n'ai pas de laisse
ou du moins pas de celles-là

entre dans une aire de jeu

feuilles de platanes au sol

ça sent l'ombre mouillée comme un peu déjà l'automne

je marche
je marche

la main gauche tient le carnet
commence à s'essouffler entre poignet et carpes
la mine du crayon s'épuise
vais bientôt écrire avec le bois
sur le papier ça n'ira pas

ah il faut retourner
l'aire de jeu ne dure pas

encore sentir du sol moquette plastique

écrire sans arrêter les pas
plus ralentis qu'une marche sans écriture
qu'y a-t-il d'autre de ralenti

les pieds sentent des petits cailloux sur le marches
avant que les yeux ne les voient
ils n'entrent pas dans la chaussure
ce n'est pas l'heure du scrupule


enseigne : carré revêtements céramiques

bribes de conversation sur la rive du canal saint-martin
"c'est pas l'artiste ...comment s'appelle-t-il ... c'est un australien"


photo
pignon peint signé bergerol, quai de valmy, paris 10°



bribes de conversation mais pas la même personne que précédemment
 : "j'ai toujours rêvé d'être un artiste ... j'ai toujours trouvé ça ...."

les pigeons roucoulent à trois sur la berge de pierre

un étui de papier à cigarette à côté des pigeons

je pense à fred griot et son JE CLOPE


elles mangent la dernière bouchée de leur sandwich

hygiéniquement correctes

elles se lavent les mains avec le liquide désinfectant obligatoire

difficile
à la caisse d'une pharmacie quelconque
de ne pas voir des amas de flacons en plastique transparent
proclamés gels mains antiseptiques


bribes de conversation : "on gruge les gens ... sur les vêtements ..."


photo
breton sur le canal saint-martin : rue jean poulmach

 

lever les yeux et voir les nuages
l'écrire en marchant
et voir sur fond de pavés herbes capsules de bouteille et mégots

un avion passe

un autre pont et un pont tournant qui tourne
laisse apparaître dessous ...


photo

canne et couvée de canetons révélées par ouverture du pont tournant sur canal saint-martin



je marche en écrivant

s'amuser à l'impossibilité d'observer davantage et de compter les canetons

écrire en marchant

canauxrama et sa ballade touristique et ses touristes qui font bonjour repasse dans l'autre sens

le bruit du bateau qui glisse sur l'eau

la voix sonorisée du guide touristique
"vous allez pouvoir apercevoir sur votre gauche l'... (le quoi?) de l'hôpital saint louis"

pas de places à la terrasse de la marne

sur l'autre rive du canal lire puis écrire : salle des ventes aux enchères

eau surfacée avec reflets et détritus surnageant
le vent offre des ondulations au ciel

tiens pas de garde-fous ici
de balustrade
de grilles
pour protéger


au bord du canal
simenon rôde


une qui jogge

cette odeur un peu âcre un peu saumâtre un peu moisie-mouillée

quel mot pour le parfum de cette eau-là


le soleil
et des ombres





s'arrêter chez sésame
café champ contre-champ          en terrasse          deux clients viennent de laisser places


je ne
marche plus


contre allée           champ          et ses voitures garées          entre trottoir et voitures garées allée pour cyclistes          terrasse avec tables carrées revêtement bois mais lequel et pieds ferronniers à l'ancienne petites chaises de jardin pliantes en fer avec coussins orange          un skater glisse sur l'allée des cyclistes          une rangée de platanes


contre-champ une rangée de hauts tabourets autour d'un bar en bois .....
j'aperçois des livres derrière la vitre presque vitrine : shakespeare, jules césar, visible-lisible sur un dos          une corbeille en osier à l'entrée recueille des magazines          "papa, papa" dit une petite voix enfantine         


au-delà du canal sur l'autre rive ligne de platanes aussi           champ          un grand immeuble moderne à balcons translucides orange, comme de grandes gélatines-filtres pour projecteurs de scène         

ils passent devant la terrasse          elle et lui en chapeaux haut-de-forme-déguisement..........entrent au café.........ils n'ont plus dix-sept ans           "j'ai pas énormément faim moi" ...........ressortent        champ           et s'installent en terrasse


un bouquet de lysanthis autrefois blancs contrechamp continuent de faner en un vase           trop de soleil ou trop d'âge          trois chaises longues repliées le long de la porte d'entrée à côté d'une poussette tout-terrain-panier-à-commissions-intégré          "papa papa   donne-moi la main"

colette magny chante dans la mémoire réveillée

au fond de la salle au-dessus du bar immense ardoise-programme



"la nana elle a déjà poussé la voiture de 20 mètres en se garant tout à l'heure" dit un jeune homme buvant un café à une jeune file qui l'accompagne et observant la voiture qui manœuvre pour se désenclaver de sa place           champ         puis "ils prennent les tickets restaurants   j'sais pas le samedi"


un ventilateur contrechamp au-dessus du bar



15h 35     quitte le sésame et le contrechamp en travelling





en sens inverse je marche en écrivant          j'écris en marchant         

du vent du vent des nuages des nuages
klaxons de vélos
les voitures voiturent

au loin j'aperçois une personne svelte, casque de vélo sans vélo, torse nu, sorte de boxer-short_le temps de l'écriture marchée me rapproche de l'énigme_ le torse nu se confirme, gants de boxe rouge sang et silhouette pliée d'une manière que je ne parviens pas à déchiffrer

quel est ce pli
quel est ce ploiement
est-ce douleur
est-ce rire
la position des jambes intrigue aussi
il me semble se protéger de quelque chose

il se tient sur la berge sous la pile d'un pont
et trois ou quatre personnes stationnent au-dessus de lui
il me semble qu'ils le regardent se penchent vers lui

encore quelques pas et l'énigme va tomber

ce qui tombe ce sont des œufs crus
et le récipiendaire a l'air consentant

j'imagine un pari

je me retourne pour regarder encore un peu
mais je continue à marcher

je marche
un homme endormi-couché en travers sur le rebord béton de la rive_ou dois-je dire du quai_la moitié de sa tête n'y repose pas

j'imagine un esseulé
un habitant du dehors
un avec pas de logis
un dans un équilibre instable
mais il ne peut pas tomber
dans l'eau

je marche

sur un bâtiment l'inscription : Assainissement de Paris

quid de celui du canal


quelques gouttes de pluie
à nouveau les trois couleurs de chez antoine et lili et la frise des ampoules colorées pas repérées lors de la marche dans l'autre sens

"en me voyant il refume" dit une jeune fille que je croise

une manif au loin avec sifflets et slogans
décryptage peu probable
crois entendre "qui va là" "où vas-tu"
aperçois de la couleur orange qui s'agite

le bruit fait s'envoler les canards

je marche
la fanfare va me croiser
je vais croiser la fanfare
orange c'est la couleur d'écharpes boa
sûrement acryliques
montées sur tiges de fer et agitées pour la circonstance par les manifestants

impossible de savoir de quoi il s'agit
pas de panneaux
pas de banderoles
pas de distributions de tracts
c'est fête de voisins ou quoi
ils sont tout seuls ou quoi
ça reste entre eux ou quoi

j'entends un "manifestez-vous"

guère plus avancée

je marche
les bruits de cette réunion de joyeux drilles s'éloignent
je m'éloigne des bruits etc



c'est une histoire de sol cette écriture en marchant
c'est par les pieds que ça s'écrit
c'est par le regard périphérique
c'est par les oreilles

pépiements de moineaux dans un bosquet
je lève les yeux du carnet pour identification du bosquet
je marche
c'est du charme
je marche
je marche
je marche


le temps marche aussi
il est 16 h

l'heure de litote en tête
l'heure de la rue parodi
n'y suis pas encore



tiens revoilà canauxrama

photo assise sur un banc quai de Valmy paris 10°, femme indienne en sari chantant une mélodie


voilà la rue parodi

16h 05




offrandes et libations




texte paru, d'abord invité, chez pierre ménard liminaire dans le cadre des vases communicants vendredi 4 juin 2010

à cette même date paraissait ici son texte l'usure du temps




  
 
 
 



Porte ouvrant sur l'air#1_pour word_2010_01_4_9912
 






offrandes et libations miel pain fleurs et eau fraiche vers qui invite

splendeur émouvante de se sentir appelée


ça chante pinsons et merles ça s'agite abeilles et papillons ça pique en bouquet d'ortie

à moi la vivance de la langue à moi les grandes bêtes venez à la visite

ça crie dedans avec livrées sauvages ça cavale muscles et foulées dans les hautes herbes

de grands pans pivotent ouvrent à de la vastitude nouvelle

de grands portes métalliques s'élèvent et donnent sur rien mais l'horizon

ça tresse des courbures de panier ça cueille des fraises au bois



comment
ramez, disaient-elles




c'est la lumière de l'aube elle déborde soudain avec tendre assurance s'invite dans les ombres accroche ses couleurs aux arbres à la terre aux fenêtres jusqu'au clavier




*
il y avait
au long des côtes du monde
une île
où s'était formée une cité
sur les rives d'un fleuve

avec ses balcons
ses rinceaux et grilles
ses avenues et arbres

avec ses maisons serrées

ses fenêtres à carreaux
ses rideaux fins de tulle
ses femmes à corsage

et ses hommes à chapeaux

des petites filles se promenaient
à socquettes

des petits garçons se promenaient
à chaussettes

des grand-mères à boucles d'oreille
lisaient
le soir
des histoires
sous des lampes

près des lits


dans l'air du matin
des chevaux auburn
tireraient des grandes carrioles
à bouteilles de lait en verre

quelque fois
dans la nuit
une panthère noire
ferait visite


les réverbères projetaient
dans les chambres
leur lumière
de persiennes



chacun
chacune
était bientôt rangé
dans son lit

geignait
ronflait
criait mise à mort


dormait dans leurs rêves



s'était formée
une ville de toits
gris de zinc

une ville de chats
de quinquina
de dubonnet

une ville de charbonniers

une ville de décembre
en mandarines



et dans cette ville
de vies
de cris
de morts

et dans cette île
avec tous les autres

elle
était







Magnolia soulangeana assemblage pour word__2010_04_11
 



 

*
en écho à michel butor, Illustrations II, Gallimard, 1969.

il y avait au large de l’Europe une île où s’était formée une cité considérable, pendant quelque temps la plus importante de toute la terre,

sur les rives d’un fleuve large et lent,

avec ses places et ses fontaines,

ses grilles, ses balcons, ses stores,

ses enfilades de maisons monotonement élégantes avec leurs chaînes de pierre et de briques alternées





jeudi 17 juin 2010

entrer par le sacrifice




avec mathieu brosseau, Et même dans la disparition, éd Wigman

 



entrer par le sacrifice

oui il y a une porte blanche au fond du noir

l'arrêt ressemble au sacrifice

tu le sais seul le blanc te sauve de l'impossible commencement

et il faudra donner ta parole par-dessus les rivières pour qu'elle te parvienne

il faudra gravir l'échelle de l'ange et laisser vivre la lumière libérée

laisser le corps apparaître
laisser le corps disparaître
montrer ce qui fait de toi histoire

passe la porte
c'est l'entrée qui fait la fin

ouvre

et la lumière te donne ta parole au milieu

quelqu'un viendra-t-il assister ta parole
quelqu'un a-t-il déserté la place
le lieu commun

bientôt tu vas disparaître

un feu rouge brûle et ton visage va pleurer

tu verras que les ruines témoignent et tu verras qu'il est pénible de les faire sortir du temps

toi tu viens avec elle
tu nous l'offres
qui l'avons perdue


allume la veilleuse
ils sont là


27 mai 2010



jeudi 10 juin 2010

plastique#3 en bleu anémones et carré blanc




En bleu anémones et carré blanc acrylique toile 81x116 


en bleu anémones et carré blanc acr/t 81x116 mh


  
 

vendredi 04 juin 2010

l'usure du temps de pierre ménard (vases communicants de juin)




Réaliser, peu à peu, une œuvre. Il s’agit moins de réaliser en découvrant progressivement les limites. La couleur et la chose en bloc. Ici la lumière est belle. Réaliser les résistances ou les obstacles divers. Lui donner (faute de mieux) sa forme définitive finalement.

 

Là, derrière eux, les nuages s’amoncellent. Les linges sèchent vite. Une suite de décrochages. Perdre la lumière. Le mot de coupe.

 

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Affirmer, au fur et à mesure, en variant un paramètre, à peine, le tracé des différentes ramifications dessinées. Des tourbillons de particules. Affiner les conditions de production et, bientôt, au-dessus de la cime des grands arbres, un éclair, des gouttes, l’orage gronde aux portes de la ville.

 

Des liens par juxtaposition. Une manière de s’y tenir. Il ne faut pas dire quel silence. Mais non ce n’est pas forcément en écoutant qu’on entend.

 

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Le temps lui-même ne cesse de couler comme un fleuve. Compléter la pluie. Enfin un procédé de construction plus unitaire, plus subtil. L’usure du temps va plus vite que le temps. Procédé de construction inscrit dans un mouvement plus général, englobant les différents plans. 

 

Les premiers émois, temps de pose infini, c’est ainsi que je dis, aujourd’hui, mais je sais qu’ils ont laissé trace, qu’ils ont fini par susciter le désir d’écrire.

 

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Accueillir le temps plutôt que le nier. Rien d’autre qu’attendre. Construire la règle. Preuves réunies et pièces éparses du puzzle qui s’emboîtent bien. Ce qui nous reste des regards. Une fabrique d'intervalles devrait suffire. L’histoire suit son cours. Tout recommence toujours.

 

Alors, sans comprendre, résigné comme jamais, ça ne fait que commencer, je continue mon chemin.

 

IMG_1433
 


 



Texte et images  par Pierre Ménard qui invite mon texte offrandes et libations chez lui dans le cadre du projet de vases communicants: ’’le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.’

(cliquer sur les liens)




  
 

  



 
voici la liste des participants que j'emprunte à
cjeanney 





 
Autres Vases communicants de ce 1er vendredi de juin :

Tiers livre http://www.tierslivre.net/ et 

Dominique Pifarely http://pifarely.net/wordpress

Joachim Séné http://www.joachimsene.fr/txt/ et Urbain, trop urbain http://www.urbain-trop-urbain.fr/

Morgan Riet http://cheminsbattus.spaces.live.com/ et 

Murièle Laborde Modély http://l-oeil-bande.blogspot.com/

Jean-Yves Fick http://jeanyvesfick.wordpress.com/ et Christine Jeanney http://tentatives.eklablog.fr/


France Burghelle Rey http://france.burghellerey.over-blog.com/ et 

Denis Heudré http://dheudre.over-blog.com/

Florence Noël http://pantarei.hautetfort.com/ et Anthony Poiraudeau http://futilesetgraves.blogspot.com/

Anne-Charlotte Chéron http://feenmarges.blogspot.com/ et 

Christophe Sanchez http://fut-il-ou-versa-t-il.blogspot.com/

Maryse Hache http://semenoir.typepad.fr/semenoir/ et 

Pierre Ménard http://www.liminaire.fr/

Louis Imbert http://www.samecigarettes.wordpress.com/ et 

Arnaud Maïsetti http://www.arnaudmaisetti.net/spip

Jeanne http://chezjeanne.free.fr/ et 

Jean Prod'hom http://www.lesmarges.net/

Michel Brosseau http://www.àchatperché.net/ et Brigitte Célérier http://brigetoun.blogspot.com/

et peut-être d'autres. Merci à Brigitte Célérier pour ce recensement patient et les nombreuses mises à jour !



  
 
 

mardi 01 juin 2010

il y en a qui lisent qui lisent qui lisent







il y en a qui lisent qui lisent qui lisent

au jardin



il y en a bien calés
dans les sauges bleues
et dans les sauges rouges

il y en a à côté de la valériane

il y en a au milieu des bourraches

il y en a autour des centaurées

il y en a contre le bord du bassin
dans les géraniums vivaces blanc et rose pâle

il y en a au centre de la lavande

il y en a au pied de la clématite blanche

ah pas encore dans les cistes

il y en a un peu cachés par les pivoines arbustives

il y en a entre les escholtzias et la véronique

il y en a auprès des anthémis

à l'ombre du noyer il y en a 

il y en a devant les hortensias 


il y en a qui se faufilent au pied du choysia

il y en a le long du mur au nord
à l'écart du lilas et du seringa
il y en a le long du mur au sud

à l'ombre des fougères

il y en même qui s'introduisent dans le hangar



c'est bien en lisant que l'on devient

liseron




 

dimanche 30 mai 2010

rose cuisse-de-nymphe-émue

 




  
 

 

Cuisse-de-nymphe émue IMG_2920 

 

 


les premières au jardin de mai le 18



  
 

 

samedi 29 mai 2010

duo aléatoire mhk 9

 




une proposition, à rendez-vous mensuel, de duo d'écriture, l'une avec lettre l'autre avec dessin / peinture

chacune de son côté, un jour fixé d'avance, une fois par mois, écritdessinepeint
puis les deux écritures sont réunies et publiées telles quelles sans rectifications ni ajouts dans l'inconnu du côte à côte

le semenoir accueille, en cette aventure, michelle kruithof

ça s'appelle duo aléatoire mhk

voici donc le neuvième duo





une vacance


faire confiance

l'espace de la pièce
roses fanées
livres livres livres
triangle de la balalaïka
papier peint aux roses bleues

l'espace du jardin
bercement du vent
branches du laurier palme
branches du grand pin
branches du noisetier
nuages

s'installer à la lucarne
dans l'espace de la langue
poser les mains sur le clavier

et fabriquer une musique
petite mais vivante



dans le bouleau
chante un pinson



  
 



Duo de Mai en mai
michelle kruithof
    



  
 

mercredi 26 mai 2010

en écho à françois bon et à son chant ...




en écho à françois bon
et à son chant sur une phrase de bernard noël




incantation
son polyphonique
tombe à l'intérieur



<hom hé ô aime ô haime a hé hom oh hé la ho aime hom>


voix murmure

voix son bulle vibrée dans les tuyaux où ça souffle
depuis le fond
bulle son envahit le corps

jusqu'au nez
et autres cavernes résonatoires
et se love enfermée en bouche
joue en joues
tremble derrière lèvres
fabrique du mmmmmmm
puis petit jeu de lèvres
se touchent et se lâchent
s'embrassent et se quittent
voilà qu'une voyelle apparaît
une manière de syllabe
un assemblage dû à ouverture fermeture
pas le même son si ordre différent
si fermeture commence et ouverture suit

petite suite d'assemblages sonores
tantôt poussée d'air

on l'entend passer dans la gorge
tantôt laisser couler

ça se mélange ça s'échote ça se superpose ça se mixage


 
 
surprise
un bourdonnement agonise au chambranle de la fenêtre

laisserai faire
trop de frissons d'épouvante à l'écoute
même si sans commune mesure
 avec l'insecte frelon


 

reviens au bon bourdon
corps épaisseur d'espace
qui tombe

j'entends déjà tomber
dans le corps de plaine françois bon

_et soudain sonnent les insistées consonnes

les sss les rrr <erre> les pll
presque<plaie>
_

la phrase de boule bernard
noël


 
 
ai ouvert la fenêtre
c'était une cétoine





#boîterouge #0 se lancer




se lancer
dans le tremblement du présent avec une sorte de vertige
déplier léger mains et doigts
reconnaître l'écriture

reconnaître la manière des signes le lancé f la petite boucle d

entre réel et vagabondage entre les bribes
 de sa vie
se mettre au travail et

vous montrer
ce que la petite boîte rouge
contient


bientôt




mardi 25 mai 2010

plastique#2 hortensia à cachan




Hortensia à Cachan 54x65 Acr Toile 

   

  
hortensia à cachan 54x65 acr/toile mh


  
 

lundi 24 mai 2010

la mère de ma mère s'appelait blanche






la mère de ma mère s'appelait blanche
sur le chemin de la vie
elle montait  sur sa chaise pour allonger les fils du fromage
elle a été tuée par la mort dans l'hôpital à Créteil
et je lui tisse une écriture
linge de mémoire
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour la beauté de sa lumière

le père de ma mère s'appelait fernand
sur le chemin de la vie
il mangeait de la pomme avec le gruyère
il a été tué par la mort dans l'hôpital Boucicaut
et je lui tisse une écriture
linge de réglisse
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
qui attache les yeux de sa lumière


la mère de mon père s'appelait camille
sur le chemin de la vie
elle buvait son café le matin en se promenant dans son jardin
elle a été tuée par la mort dans sa maison de seine et oise
et je lui tisse une écriture
linge de papillon
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour voir trembler la lumière de ses cheveux gris

le père de mon père s'appelait albert
sur le chemin de la vie
il allait à des réunions d'anciens combattants et plantait des iris
il a été tué dans l'hôpital d'orsay
et je lui tisse une écriture

linge de maïs
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour faire lumière sur son manteau bleu-marine





la mère de la mère de ma mère s'appelait marie-célestine
sur le chemin de la vie
elle était sévère sévère disait ma mère
je ne sais déjà plus où la mort l'a tuée
je lui tisse une écriture
linge de voile
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
que filtre encore une toute petite lumière

le père de la mère de ma mère s'appelait edmond
sur le chemin de la vie
choses gens événements ont disparu
il a été tué par la mort je ne sais où
et je lui tisse une écriture
linge presque détruit
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
il reste si peu de lumière

la mère du père de ma mère s'appelait albertine
sur le chemin de la vie
elle avait été mariée à 16 ans à un edmond de 37
elle a été tuée par la mort personne pour dire où
et je lui tisse une écriture
linge de bracelet
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
dans la lumière de qui s'éteint

le père du père de ma mère s'appelait lui aussi edmond
sur le chemin de la vie
il était centralien
il a été tué par la mort dans un endroit insu de moi
et je lui tisse une écriture
linge de moindre
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour une lumière sur l'ombre




la mère de la mère de mon père s'appelait marie
sur le chemin de la vie
elle était marchande de couleurs
elle a été tuée par la mort dans sa maison alfort
et je lui tisse une écriture
linge de broderie
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour une lumière blanc de titane

le père de la mère de mon père s'appelle ... prénom pas su
sur le chemin de la vie
rien ne reste de ce qu'il était
ni dans quel lieu la mort l'a tué
et je lui tisse une écriture
linge du diaphane
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
dans une lumière de presque rien




la mère du père de mon père s'appelait léonie
sur le chemin de la vie
elle fabriquait neuf enfants
elle a été tuée par la mort dans sa maison de boulogne-sur-mer
et je lui tisse une écriture
linge de coquillages
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
qui donne lumière sur son pas de calais

le père du père de mon père s'appelait ...prénom disparu
sur le chemin de la vie
petits ou grands événements disparus aussi
la mort l'a tué en quel espace
et je lui tisse une écriture
linge de haillons
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
petite lumière du ténu





la mort me tuera où
sur le chemin de la vie


 

 

 

 

 

voir image du père et de la mère de la mère (c'est la petite fille, léonie) du père de mon père

 

 

 


mercredi 19 mai 2010

#telp images




  


  
 
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depuis le peace and love


  
 

à atelier d'écriture de pierre ménard #5




atelier d'écriture de pierre ménard du 15 mai 2010 dans le cadre de sa résidence à la librairie  litote en tête

autour du thème de la ville de paris

 

ce jour-là il s'agissait  de travailler_en se souvenant du texte de Georges Perec : Tentative d’épuisement d’un lieu parisien_à décrire ce que nous voyions, installés que nous étions dans un café, place de Stalingrad à Paris, pendant une heure. Pierre était preneur de sons et d'images et même twittteur-live. Nous avons ensuite lu nos textes que Pierre Ménard a enregistrés. L'ensemble des textes, images et son, qu'il a mixés et mis en forme, est en ligne sur son site liminaire. (le lien est en début de ce texte)

 

 

 


voici ce que j'écrivais

 





samedi 15 mai 2010

café peace and love au bout de la rue Lafayette place Stalingrad, Paris 10°

15h30



·   passe un taxi occupé AP 634 TQ

·   temps nuageux et soleilleux, en alternance

·   feu vert passe au rouge, plusieurs fois

·   un jeune homme, short vert, tong aux pieds, parle américain cheveux coupés courts, lunettes de soleil

·   un jeune homme fume, debout, sur le trottoir, jeans, blouson; je le vois de dos, juste derrière la vitre du café

·   passent deux gendarmes, clinquants sur leur moto blanche

·   traversent et passent devant le primeur deux jeunes filles, une brune à sweat rose et l'autre blonde à chignon

·   un enfant avec des chaussures rouges

·   un homme âgé, sac jaune plastique: supermarché tang, à la main gauche, il mâche. Un chewing-gum?

·   un homme à moustache et lunettes passe et jette un coup d'œil dans le café

·   une moto, deux passagers, 646 E4A95

·   une petite camionnette RATP avec ligne verte reconnaissable, en stationnement, de l'autre côté du carrefour, angle rue Lafayette, quai de Valmy

·   un petit garçon roux passe sur une trottinette verte

·   temps nuageux

·   six peupliers en contrebas

·   une station d'autobus de l'autre côté de la rue

·   un panneau de signalisation jaune d'or : Déviation

·   un panneau d'interdiction de stationner, rond bleu cerclé et rayé de rouge avec, en dessous, le petit dessin : enlèvement demandé

·   une voiture de police s'arrête au milieu de la rue, portière gauche reste ouverte, clignotement warning

·   en courant, entrent dans le café, deux jeunes filles asiatiques, elles s'adressent au bar.

·   une vespa LX4, vert foncé, jeune file à la conduite, capuchon rouge et casque

·   un petit groupe, cinq hommes, au pied du panneau jaune d'or Déviation : un à casquette, un à chapeau, deux déjà chauves; ils s'en vont.

·   passe un camion Canter

·   une mini manif passe : NON À L'EUROPE SÉCURITAIRE ABOLISSONS LES FRONTIÈRES

·   passe une femme à vélo en début de manif, un enfant derrière, dans un petit siège, tient un ballon

·   retentissement de sirène

·   NO BORDERS

·   passe un enfant à patinette, petit blouson à capuche mauve

·   la manif passe

·   un petit chien noir court sous la bannière NON À L'EUROPE

·   un jeune homme avec Nikon photographie

·   un homme sac en bandoulière passe

·   la manif stationne toujours

·   sur la gauche, le fer gris du métro aérien

·   le 26 Gare Saint Lazare passe, publicité Pinacothèque Munch à l'arrière

·   un homme, longue barbe grise, sac à dos beige sur l'épaule droite, traverse et rejoint le groupe des manifestants, arrêté

·   les grandes bandes blanches obliques sur la chaussée

·   passe un jeune homme tee-shirt marqué Memphis, bleu électrique,  et un sac à dos avec sa marque Nike

·   une publicité Yves Saint Laurent et son sigle défilent sur un panneau

·   un homme sort du café, seau serpillère, échelle aluminium, laveur de carreau du moment

·   maxi manif de voitures de police, gyrophares allumés, j'en compte 14 pour l'instant, qui suivent les manifestants quai de Valmy; j'en compte 25 maintenant

·   une bouteille de Schweppes, étiquette verte et jaune, sur une petite table du bistrot, en terrasse

·   encore une voiture de police, retardataire

·   une voiture camionnette blanche remorque une voiture rouge

·   bus 26

·   car Suzanne, bleu

·   voiture de la poste jaune Arrêts fréquent; elle roule

·   une cabine téléphonique sur ma gauche

·   passe une Volkswagen rouge 4509 KV 93

·   passe un 26, toujours Munch

·   passe, au loin, une voiture municipale, transporteuse d'eau dans un grand réservoir et qui abreuve les arbres? qui nettoie les trottoirs?

·   la vitrine de Mac Donald, de l'autre côté, en transversale

·   passe un jeune homme boitillant, écouteurs aux oreilles, sac de sport orange et vert sur l'épaule droite

·   un peu au-delà, de l'autre côté du quai de Valmy, la façade vitrée d'un immeuble avec reflets des arbres

·   un homme passe, à cheveux blancs, lunettes, veste de peau, sac sur l'épaule, se mouche

·   un jeune homme traverse, dans la main gauche, petit paquet enveloppé dans un sac plastique noir fin genre sac poubelle, et une petit papier blanc peut-être la facture de ce qu'il y a dans le paquet

·   un cycliste attend au carrefour de pouvoir passer

·   un 26, gare Saint Lazare Gare de Lyon, publicité Copie conforme avec rouge à lèvres

·   couple traverse, elle cheveux courts teints en blond, lunettes cerclées noir, lui main dans le dos, elle lui tient le bras; dans la main droite, sac à mains noir et sac noir; tous les deux habillés de noir

·   quelqu'un téléphone dans la cabine

·   derrière la cabine un panneau publicitaire; je vois du jaune

·   un métro passe, aérien

·   un magasin là-bas, à gauche, La Générale d'optique

·   le café d'en face : La Pointe Lafayette

·   une sirène : les pompiers passent

·   une femme pousse une poussette vert pomme dans laquelle se transporte un bébé

·   la Supérette Lafayette, fruits et légumes à l'étal

·   des jeunes gens accoudés aux grilles

·   une sirène de police

·   le laveur de carreau temporaire lave le carreau, à ma gauche

·   le plafond du café est rouge avec des ligne noires

·   un escalier de fer gris, qui mène au métro aérien

·   passe une femme en boubou jaune à grands motifs de cercles bruns

·   un jeune homme passe, baguette de pain emballée dans la main gauche, sac de toile vert clair en bandoulière

·   un 26, Munch

·   un graffiti tag rose sur le mur d'un bâtiment, quai de Valmy

·   pause; je bois un jus de tomate

·   passe une femme, cheveux gris, manteau marron, canne à main droite

·   une femme s'installe à une table du café, brune, cheveux longs, chaussures à talons hauts, manteau crème, elle boit un coca-cola à la paille, au majeur de la main droite, elle porte deux bagues, une à grosse pierre verte, l'autre à grosse pierre de lune, elle a posé au sol un petit sac à main de paille tressée rose

·   camionnette en arrêt carrefour, elle attend son tout pour tourner

·   la bouteille de Schweppes est maintenant par terre; je ne l'ai pas vu bouger

·   sirène

·   enseigne, rouge blanc et noir : Facom, en majuscules

·   le 26 dans l'autre sens

·   une sorte de petit autel à mégots sur le trottoir du peace and love

·   le soleil se cache

·   passent les nuages

·   vole une petite graine d'arbre, en étoile

·   sur des plots en béton, graffitis roses

·   panneau de signalisation Voie pompiers Accès secours

·   une Renault grise, une Peugeot bleue, une Mercédès noire,, les unes derrière les autres, en attente de tourner vers le quai de Valmy

·   une femme à vélo, petit foulard vert pomme autour du cou, et deux enfants, chacun à vélo, à la queue leu leu; ils s'arrêtent devant le café La Pointe Lafayette

·   passent trois femmes âgées, cheveux teints en blond, l'une porte une veste en fausse peau de léopard

·   le laveur de carreaux lave toujours

·   un 26

·   un couple à lunettes de soleil, la femme, mains dans les poches, sac à dos en cuir, l'homme pousse la poussette, sac à dos bleu

·   sade écrit en bleu sur fond blanc d'étiquette posée sur une camionnette blanche; qu'est-ce

·   passe un garçonnet, dribblant

·   un peintre, en bleu de travail à taches de peinture blanche, poche plastique dans la main gauche

·   une femme, sac Lidl à la main droite, traîne un caddy de la main gauche, l'air soucieux et grave, la tête enveloppée dans un grand châle à paillettes

·   roule un métro, aérien

·   26, direction gare Saint Lazare

·   un autre, juste derrière, vide

·   un cycliste

·   un petit chien au bout d'une laisse tenue, main gauche, par un homme à cheveux gris, blouson noir, il traîne un caddy main droite

·   une jeune fille, chaussures rouges, robe noire à bordure rouge, talons hauts rouges, rouge à lèvres rouge, entre dans le café

·   un homme traverse le carrefour, teeshirt rose et patins à roulettes

·   sirène

·   13 petits cars de police passent

·   sirène

·   6 camionnettes de police passent

·   un quad vert pomme va tourner

·  

 

·   on me fait signe; l'heure est passée





lundi 17 mai 2010

plastique#1 l'échappée belle



  
ouverture d'une nouvelle catégorie pour mise en ligne progressive de travaux que l'on dit plastique : dessin, peinture, collage

si ça s'appelait plastique

ah! si j'avais un site mien ce serait mieux
il vient mais lentement






L'échappée belle Broderie, photo et coquillages sur toile 


l'échappée belle (broderie, photo et coquilles de moules / toile, 1999) mh  

      

vendredi 14 mai 2010

à l'atelier d'écriture de pierre ménard#4



atelier d'écriture de pierre ménard dans le cadre de sa résidence à la librairie  
litote en tête

autour du thème de la ville de paris


étais absente-présente à celui de samedi 10 avril. Ai rédigé "en chambre" mais quasi synchrone avec le groupe et dans les propositions de durée limitée. gratitude à pierre ménard de l'avoir rendu possible.


pierre ménard a mis il ya quelques jours en ligne sur son site 
liminaire , ce dont je le remercie encore près du cœur, les textes des participants.

il empruntait les propositions d'écriture à jacques-françois piquet et michel valprémy :



Puiser dans le nom des rues, des quartiers du lieu où l’on a passé sa jeunesse, matière à écrire de courts textes autobiographiques, fragments de vie, biographie familiale, les lieux fonctionnant comme théâtre de la mémoire. Jacques-François Piquet, Noms de Nantes, Joca Seria, 2002.

Autour d’un mot choisi dans le vocabulaire urbain (kiosque, quartier, bus, rue, pavés, vocabulaire urbain), retrouver la ville de son enfance, à travers de courts textes aux sonorités en échos, au-delà des assonances, exercices de précision rythmique, de composition, de phrasé, où les mots s’aimantent à toute vitesse, passant du coq à l’âne, de la gare au marché. L’énumération est une manière de fragmenter autant d’éléments très précis et variés, détails miniatures. Le déclencheur de cette frénésie verbale est avant tout le son. Michel Valprémy, Albumville, Atelier de l’Agneau, 2002.



voici ce que j'écrivais en lien avec la deuxième proposition:




texte 2


#caniveau

et son eau jaillissante après un tour d'écrou allant droite ou gauche, côté pente ou côté de l'autre, par dépose à l'oblique de serpillère mouillée, l'inclinant à prendre telle ou telle course


#regard

et sa plaque de fonte rouillée déplacée et déposée sur le bitume / cela ouvrait soudain le trottoir que l'on ne soupçonnait pas de cacher tant de profondeur / aurait-on la chance de pouvoir jeter le sien et sonder ce trou d'ombre


#bouche d'égout

quelquefois fumante / trou rectangulaire ouvrant sur quel noir mystère, donnant sur quel néant urbain


#train pour la vallée de chevreuse, station denfert-rochereau

elle apprenait à lire aussi, regardant par la fenêtre du train, en épelant les noms des stations_bien détacher les syllabes : den-fert-ro-che-reau_ou en épelant le nom des publicités dans les tunnels sombres_certaines facilitaient la chose en détachant déjà les syllabes : dubo-dubon-dubonnet / une lecture en transport dans l'odeur du grésil


#grille
et ses jours de dentelle de fonte rouillée autour du pied des arbres / elles bougent et grincent souvent lorsqu'on passe dessus


#arbres

les grands de l'avenue felix faure qui montent jusqu'au troisième étage_étaient-ce des platanes /ceux de la rue de la convention / les grands marronniers à grappes blanches de la cour de récréation, avant le bonheur plus tardif de rencontrer ceux du boulevard arago / aucun rue sarrasate / aucun rue de lourmel /en revoilà rue saint-charles / aucun rue boulard /aucun rue daguerre


#à la toile d'avion, avenue du général leclerc

on pouvait y acheter des chapeaux ou des imperméables que l'on appelait parlo; elle comprit plus tard le sens des deux syllabes : parer à l'eau


#les marchands avec charrettes à bras


#madame coco

vieille dame, autrefois rousse / elle vend des œufs tout en se promenant dans les rues du paris quatorzième / ils sont bien rangés dans des alvéoles au fond de petites boîtes en carton carrées et bleu marine


#les mégots que ramassent les clochards sur les trottoirs

#ségalot, avenue du général leclerc

ça c'est du meuble

 

#le chanteur des rue et le bruit que font sur les trottoirs les pièces qu'on leur lance, où elles tutoient les mégots


#le ré   mouleur


#le vi   trier


#le balayeur des rues et son balai de branches


#au soldat laboureur, avenue du général leclerc


#aux galeries d'orléans


#la toute petite librairie, avenue du général leclerc, où après cinq ans de captivité, le kriegsgefang peut rencontrer, grâce à un oncle compréhensif propriétaire de la dite, celle qui l'attend depuis cinq ans / retrouvailles, à l'insu de leurs parents respectifs, libres au milieu de livres





l'enfance des villes de l'enfance m'a retrouvée




samedi 10 avril 2010

  


  
 

jeudi 13 mai 2010

à martine drai




je reviens du gers et d'un travail autour d'un solo de clown intitulé quand est-ce que ça commence, solo conçu par le comédien et moi-même il y a un peu plus de cinq ans et qui attendait une continuation


et je souris d'entendre le sens que prend ce titre au fur et à mesure des années


j'ai souri aussi le jour où le comédien m'a annoncé qu'il avait obtenu une résidence de sept jours dans un village du gers appelé Samatan pour travailler sur ce solo patient



je me souviens de beckett et de son "ça commence quand ça finit"



j'ai aussi beaucoup photographié pendant ces six jours

dehors dedans, sur le plateau, en coulisses, dans les loges,

j'ai photographié le comédien, le costume, le maquillage, les objets, la maison où nous logions, le petit lac, le restaurant où nous prenions nos repas

j'ai photographié le septième jour, celui de l'inauguration du festival au sein duquel notre travail était présenté, les anonymes venus là, les grandes tables dressées sur la place, les barnums sous lesquels se tenaient ceux qui servaient les repas et la buvette, les comédiens qui jouaient dehors, ceux qui nous ont accueillis


donc j'ai photographié des chaussures, en gros plan, en solitaires et elles m'ont parlé de van gogh de heidegger et de martine drai




quand est-ce que ça commence

ça commence quand je lis sur publie.net : je suis une mauvais malade, lecture qui installe en moi un écho qui ne s'éteint pas

ça commence quand j'avais tellement aimé aussi relire cet extrait de ponge dans Le Parti pris des choses qu'elle citait :



Les statues se réveilleront un jour avec un bâillon de tissu-éponge entre les cuisses. Alors les femmes arracheront le leur et le jetteront aux orties. Leurs corps, fiers jadis et d’être sans issue vingt-cinq jours sur trente, laisseront voir le sang couler jusqu’aux chevilles. Ils se montreront en beauté.

Ainsi sera communiquée à tous, par la vision d’une réalité un peu plus importante que la rondeur ou que la fermeté des seins, la terreur qui saisit les petites filles la première fois.

Toute idée de forme pure en sera définitivement souillée.



ça commence quand je regarde des chaussures peintes et lis le texte dans lequel les images sont insérées, et quand je regarde d'autres chaussures accompagnées d'un texte, encore


ce jour-là aussi j'ai pensé à van gogh et à heidegger



ça commence par l'écoute d'une lecture : un extrait de l'histoire des chaussures, au centre cerise rue montorgueil, en lien avec remue.net, où je vois le visage de certaines personnes que je lis régulièrement sur le site mais dont je ne connais pas encore l'apparence de chair



ça commence comme ça la rencontre avec l'écriture et les chaussures de martine drai





quand la pensée d'elle m'est revenue, en photographiant les chaussures, là-bas, dans le gers pendant le travail théâtral, je me suis dit, je vais les publier sur le semenoir en rebond avec les siennes

elle ne le saura pas tout de suite car je ne l'ai pas vue sur twitter

et pourquoi chercher tout de suite à la prévenir

laissons cela au hasard des échos de notre pays de langue




ça commence quand ça finit, dit beckett


sait-on jamais ce qui nous attend




il y a quelques jours, en rentrant du gers, _où je n'avais aucun accès internet nulle part_ai regardé mon compte twitter et ai lu via martine sonnet et via remue.net l'annonce de sa disparition




elle a en fin commencé

elle ne saura donc jamais

dans cet aujourd'hui où elle a quitté ses chaussures qui l'ont quittée


que ce texte et ces images s'offrent à son souvenir et en son hommage

 

 

  

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lire : hommage à Martine Drai sur publie.net pour faire sa connaissance, la lire un peu,  et regarder ses chaussures




mercredi 12 mai 2010





mercredi 12 mai 2010

à l'atelier d'écriture de pierre ménard#3



atelier d'écriture de pierre ménard dans le cadre de sa résidence à la librairie  
litote en tête

autour du thème de la ville de paris


étais absente-présente à celui de samedi 10 avril. Ai rédigé "en chambre" mais quasi synchrone avec le groupe et dans les propositions de durée limitée. gratitude à pierre ménard de l'avoir rendu possible.


pierre ménard a mis il ya quelques jours en ligne sur son site
liminaire , ce dont je le remercie encore près du cœur, les textes des participants.

il empruntait les propositions d'écriture à jacques-françois piquet et michel valprémy :



Puiser dans le nom des rues, des quartiers du lieu où l’on a passé sa jeunesse, matière à écrire de courts textes autobiographiques, fragments de vie, biographie familiale, les lieux fonctionnant comme théâtre de la mémoire. Jacques-François Piquet, Noms de Nantes, Joca Seria, 2002.

Autour d’un mot choisi dans le vocabulaire urbain (kiosque, quartier, bus, rue, pavés, vocabulaire urbain), retrouver la ville de son enfance, à travers de courts textes aux sonorités en échos, au-delà des assonances, exercices de précision rythmique, de composition, de phrasé, où les mots s’aimantent à toute vitesse, passant du coq à l’âne, de la gare au marché. L’énumération est une manière de fragmenter autant d’éléments très précis et variés, détails miniatures. Le déclencheur de cette frénésie verbale est avant tout le son. Michel Valprémy, Albumville, Atelier de l’Agneau, 2002.



voici ce que j'écrivais en lien avec la première proposition :



1.avenue felix faure


1.1 avenue felix-faure chez madame debossu

jardin d'enfants, trottoir en face du 48, un peu plus loin, en allant vers le boulevard Victor / petit groupe de bambins jouant au sable avec panoplie ad hoc : seau, pelle, rateau, passoire / confection rituelle de châteaux et de haute importance_comme s'il en allait de leur vie et qu'il savaient déjà que nous sommes poussière etc. / petit va et vient entre tas de sable et châteaux alentour / on entendait des voix crier avec une modulation qui veut du sa   ble fin / ainsi déjà certains comptaient sur le désir des autres d'avoir le produit convoité sans l'avoir fabriqué eux-mêmes_avec leur passoire_et ceux-là avaient raison ; il en était toujours pour répondre moi; ils en voulaient / c'est ainsi qu'un seau fut retourné au-dessus d'un château presque achevé et qu'un sable_comble de l'horreur, et ce fut un drame_et qu'un sable grossier se déversa sur le château, détruisant pour toujours la pureté et la belle harmonie de la finesse de la matière qui le constituait jusqu'à ce geste destructeur / c'est ainsi que l'enfant de quatre à cinq ans découvrit le mensonge et que la parole pouvait dire ce qui n'est pas



1.2 avenue felix faure chez piault

pharmacien, face au 48, le 45 / c'est là qu'un jour sa mère, peu courageuse ordinaire, après avoir descendu l'étage de l'immeuble et traversé la rue_pas dans les clous comme on avait dit qu'il fallait_et appuie bien sur la coupure_ déboula / la blouse blanche et l'homme qui était dedans demanda de tremper le doigt dans un petit bol rempli de liquide_de l'eau_ce qui fut fait / or ce liquide inerte et sans surprise en avait une en réserve / au moment ou elle y trempa son doigt, et la coupure qui saignait, l'eau soudain devint mousseuse / plus tard elle sut que l'eau était oxygénée, qu'elle avait assisté à sa première leçon de chimie et à une réaction de la dite



1.3 avenue felix faure chez poitreneau

c'était preuve qu'on avait grandi : avoir la permission de descendre l'étage, suivre le trottoir à droite et cinq boutiques plus loin entrer chez le marchand de légumes, lui demander haut et fort_n'oublie pas bonjour monsieur, s'il vous plaît monsieur, merci monsieur, au revoir monsieur_lui demander tout haut une livre de poireaux, poireaux qu'il enveloppait dans du journal, les déposer dans le dit sac à commissions, payer en comptant bien pour savoir combien il allait rendre comme monnaie, et refaire le trajet en sens inverse, fière d'avoir réussi toutes les étapes / on avait repoussé, en longeant cinq immeubles d'une rue parisienne du quinzième arrondissement, la limite du monde



1.4 avenue felix faure chez taral

si le grand père l'avait demandé je te fais confiance ma p'tite fille, on entrait dans le bureau de tabac-café, à quelques pas de la maison, à l'angle de la rue de la convention et de l'avenue felix-faure, acheter 1 des gauloises bleues sans filtre 2 des petites ampoules en verre transparent laissant voir un liquide bleu pâle_il disait des ampoules d'essence_et 3 une boîte de cachou lajaunie



1.5 avenue felix-faure le cheval

il trottait sur les pavés de cette avenue, tôt le matin, très tôt, ses sabots claquaient pendant un petit moment puis s'arrêtait / il apportait du lait frais à la crémière, au coin de la rue Houdart de la Motte / quand on venait lui en acheter elle plongeait une grande mesure grise en aluminium dans le beau liquide blanc et le faisait couler dans un pot à lait qu'on apportait vide / le cheval faisait aussi entendre son pas_et là on pouvait voir son grand corps de bête en pleine ville, par la fenêtre, il était plus tard_lorsqu'il livrait des grands pains de glace; on appelait le lieu d'où il venait les glacières / le temps des réfrigérateurs viendrait un peu plus tard



2.rue de lourmel

l'école religieuse des filles


3.rue lacordaire

l'école laïque des filles

 

2.3 rue de lourmel rue lacordaire

lorsqu'on était dans l'une on pouvait voir la cour de récréation de l'autre par-dessus le mur / deux mondes séparés par le mur /


4.boulevard victor

le dimanche on allait, en tenant la main des parents, jusqu'à ce boulevard, près duquel poussaient des herbes qu'ils disaient folles sur des terrains qu'ils disaient vagues /on sentait que cela avait à voir avec quelque chose d'indéfinissable, excepté son côté dangereux et défendu sauf accompagnées des grands / le dimanche on allait tout près du bout du monde



5.la rue brézin

le quatorzième arrondissement c'était pour le jeudi / les autres jours de la semaine, dans le quinzième, les petites_montées sur le petit balcon à cette occasion, remuant leur main en signe d'aurevoir, quand avant de tourner avec son scooter au coin de la rue houdart de la motte et de la rue de plélo, il tournait la tête dans leur direction_savaient qu'il y partait travailler / le jeudi donc accompagnées de leur mère, elles prenaient le 62 et allaient voir le travailleur dans sa boutique / on allait au magasin, on avait le droit de passer derrière les comptoirs et même de s'asseoir à la caisse sur les genoux de celle qui rendait la monnaie / c'était une ancienne boutique de marchand de couleurs, devenue après la guerre Les arts et les techniques




en ce temps-là, avenue felix-faure, avenue de la convention, rue brézin, avenue du général leclerc _autrefois avenue d'orléans avant l'entrée du dit général dans paris libéré_rue houdart de la motte, avenue du maine, les grands appelaient les petites bout d'zan




samedi 10 avril 2010




duo aléatoire mhk 8 (avril en mai)

 




une proposition, à rendez-vous mensuel, de duo d'écriture, l'une avec lettre l'autre avec dessin / peinture

chacune de son côté, un jour fixé d'avance, une fois par mois, écritdessinepeint
puis les deux écritures sont réunies et publiées telles quelles sans rectifications ni ajouts dans l'inconnu du côte à côte

le semenoir accueille, en cette aventure, michelle kruithof

ça s'appelle duo aléatoire mhk

voici donc le huitième duo : (avril en mai), pour des raisons géographiques, l'une en bretagne, l'autre dans le gers, sans internet






après une lecture, chez publie.net, de claude favre




on écrit des fois comme pousse le vent les feuilles _la bouche ça fait des histoires de pensée d'écriture _ça dit une parl dit fred griot _ça râcle le fond de soi le bord la surface _ça pince la nuit bleue de lune électrique

des fois on écrit comme bouge le vert la lisière des sous-bois _ça remue la limite des horizons _ça longe les haies d'églantines –ça pique les lèvres aux épines des ronces




des fois on se tait d'écriture _ça s'émiette comme partir



9 mai 2010




Duo d'avril en mai

michelle kruithof
  
 
 
 





jeudi 29 avr 2010

le violet frisé



le violet frisé
de perse
se change soudain
 

     avec l'air du soleil descendant vers l'ouest
     avec le léger changement de température
     avec une imperceptible fraîcheur venue de la terre
 

en luxuriance parfumée

 
cette lame effilée de senteur
s'en enivrer encore

plus que quelques jours
et il faudra attendre
le printemps prochain

  

c'est l'heure du lilas

  

mercredi 28 avr 2010

coup d'oeil sur le jardin




  
 
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la première pivoine

 


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magnolia et les dernières fleurs


  
 

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coupes de buis protégeant les marguerites nouvelles
 


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 ancolies à l'abri d'un rosier noisette



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tilleul (élagage drastique mais sinon les branches entrent dans la maison. planté trop près. quand. peut-être aux entours de 1886 ) 
 
 





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l'ombre du tilleul



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le camélia près du mur au nord  
 
 
 
  
 

  
 
 
  
    

jardin chantier #2




continuation d'un travail d'écriture au plus près du jardin et du jardinage, jour après jour, saison après saison
on verra bien jusqu'à quand, jusqu'à quel âge de jardin
y reviendrai peut-être dans la terre de l'écriture
mais tenter de travailler dans le flux de ce qui vient, sans remettre à demain





#9 avr 2010


griffe sécateur sac pour les coupes te voilà à nouveau au jardin


encore supprimer
pour pouvoir replanter et que ça renaisse


tu veux travailler au jardin, y éprouver ta carcasse, bien malmenée, en ce printemps de mars et avril. et planter géraniums odorants, géraniums vivaces, cistes et verveines d'ornements, qui le réclament, depuis le fond, près de la grille, dans leur petit pot en terre cuite couleur brique. tu déposes les outils sur le petit muret de béton gris autour du bassin, puisque c'est là que tu vas travailler, et tu pars vers ce que tu as toujours entendu désigner comme le fond du jardin


ce mot " fond"
et le jardin ouvre un espace où entrer
comme on le dirait d'un bois ou d'une forêt
un espace dilaté propice à se perdre
auquel le mot offre un indice d'énigme


donc tu te diriges vers le fond. tu salues le cerisier montmorency, au milieu de l'allée, en fleurs. tu n'as pas pu, d'un coup de serpette bien visé, couper les rejets de merisier venus au-dessous du point de greffe. pas eu le courage, depuis quatre ou cinq années, de les supprimer pour que le cerisier vive mieux. très vieux ce montmorency, malade. il y a deux ans tu as tenté de couper quelques branches pour le sauver, mais c'est décidé tu lui laisses les branches de merisier. pour l'heure ils vivent ensemble


penser qu'il date de 1936
il a dû en offrir des cerises à macérer dans une eau-de-vie


tu prends les six pots de géraniums, posés au pied des troènes_tu ne les as pas taillés en haie_ et tu les déposes sur la brouette en bois


brouette fait main
le jardinier qui t'a fabriquée a depuis longtemps rejoint la terre
qu'il y a si souvent transporté
à mon tour de t'utiliser
avant qu'à mon tour aussi j'y retourne


un coup d'œil au grand noyer_en branches encore nues,_aux branches frêles d'un petit lilas blanc bientôt en fleurs,_éclat prelevé du grand, planté ici au printemps dernier_avant de rouler la brouette entre les allées de buis jusqu'au bassin. te voilà arrivée. ça ne t'a pas semblé long mais moins aisé que d'autres jours, la force des bras moins vive, le souffle un peu différent. qu'importe, ça brouette quand même. pour travailler la terre avant de planter, tu ne peux pas t'accroupir comme à l'accoutumé et à l'asiatique. pas encore assez de force.  t'assieds sur le petit muret de béton, jambes allongées sur la terre, et, griffe à la main, tu la débarrasses des herbes et petites pousses qui se sont installée sur les copeaux de cacao de l'année passée. tu ne sais pas les noms. tu préserves les violettes, les pieds de marguerite dont on aperçoit bien les tiges, et les ancolies dont tu reconnais les feuilles légères. 


à la vue des feuilles d'acanthe qui commencent à dépasser la surface de la terre
penser aux chapiteaux des colonnes corinthiennes
aux dessins d'ellsworth kelly et de matisse


tu travailles presque en –dessous de l'aubépin_Bel aubépin verdissant / Fleurissant / Le long de ce beau rivage_ pas étonnant que tu trouves plusieurs pousses de cet arbre_toute petite tige mais déjà de dures épines et une racine enfoncée loin en terre, tellement qu'à la main tu ne parviendras pas à les extraire.


s'étonner de la puissance de cette plante quasi naissante
 capable de forer la terre
aussi rapidement que profondément
a-t-elle besoin de nutriments ne se trouvant qu'à cette distance


tu griffes pour remuer la surface, l'aérer, nettoyer des racines que tu jettes derrière toi dans un sac prévu à cet effet


remarquer une petite tache rouge insolite au milieu des herbes dans le sac
un rouge qui bouge
une coccinelle
la sauver des déchets
deux petits volets si minces s'entrouvrent. elle s'envole

tu griffes encore un peu. la narine toute heureuse, tu disperses un peu de noir crottin de cheval que tu mélanges à la terre pour l'engraisser. et tu prépares la plantation en disposant les pots sur la terre pour repérer l'endroit où tu vas creuser. les six géraniums vivaces bleus en première ligne et derrière, les géraniums odorants, un entre les rosiers rugosa, deux au bout à l'angle, entre le rosier blanc_quel nom_et les tanaisies rapportées de normandie. maintenant dépoter chaque plant, lui ménager un trou_pas trop profond_ verser un arrosoir, planter, remettre la terre soigneusement autour, disposer les copeaux de cacao, arroser à nouveau_pour faire tomber la terre bien autour des racines de manière à ne pas laisser de poche d'air_arroser avec la pomme sur l'arrosoir cette fois-ci pour ne pas disséminer par un jet d'eau trop puissant les dits copeaux.


regarder le travail vert sur brun
se dire que oui ça été possible
une petite joie
se remettre debout


cistes et verveines une autre fois. tu as quelque chose à finir. rouler la brouette jusqu'au fond du jardin, sous le hangar. ranger les outils dans la petite remise sous l'escalier. porter le sac de coupes jusqu'à la rue où l'on vient les collecter. te défaire des gants de jardinage, des chaussures et de l'habit réservés à cette activité





  
 
piaffer d'impatience : à quand les fleurs

les poissons nagent rouge au soleil
un petit vent apporte l'odeur des narcisses

le printemps s'installe

le monde suit son cours





mardi 06 avr 2010

entre broderie et dévoration ...




Anne-Marie Albiach
Anawratha, Al Dante
« le lied perce un corps nu
que dévore une broderie »




entre broderie et dévoration
sarcophage richelieu

vie de mandibules

ciseaux des tissandières

acharnement tranquille
dans les maisons féminines

la guerre de chair
cousue
en blanc du linge



mercredi 5 avril 2006




lundi 05 avr 2010

en écho à françois bon I de l'allemagne




À quand remonterait pour moi le premier souvenir de livre lu associé à la langue allemande, à une traduction de l’allemand et d’un auteur associé à l’espace de cette langue ?
françois bon / de l'Allemagne, en vase communicant chez laurent margantin




mon premier_sait-on jamais quand ça commence_souvenir de la langue allemande remonte à la petite enfance, sans que j'eusse reconnu ce petit mot d'une syllabe, répétée deux ou trois fois par mon père "auf " comme lui appartenant. c'était pour moi un des mots tendres qu'il offrait au réveil de ses pioutes pour tenter de les faire sortir du lit_c'était l'heure de quitter le sommeil et se préparer pour l'école. il disait aussi Schaf Kopf quand_me semblait-il_il voulait nous dire à peu près la même chose que lorsqu'il disait "tu n'as pas fait marcher ta matière grise" en tapotant son front de l'index. on devinait que nous n'avions pas assez réfléchi et que cette "matière" était localisée dans la tête


la langue allemande_reconnue comme telle_ et le souvenir de son irruption, tient à l'école. d'abord me souviens encore de mon étonnement le jour où_et cela doit être au début de son apprentissage, j'avais à peu près 12,13 ans_j'ai rencontré les pré et et les postpositions, les pré et les suffixes, les adverbes, et ai vu écrit ce "auf" qui, prononcé, rendait la même sonorité que le petit mot de mon père. ça voulait donc signifier quelque chose comme se lever, se mettre debout, et ce que j'avais pris pour une syllabe de son cru, appartenant à son langage affectueux et à sa langue française, était une injonction allemande


ai appris cette langue facilement_vocabulaire et grammaire_sans être capable pour autant aujourd’hui de suivre en tranquillité une conversation. ai saisi ses jeux de construction dans la phrase qui me fait attendre le verbe jeté à la fin et qui enfin vient tout révéler_comme la photo d'autrefois dans son bain argentique_ses prépositions et postpositions qui ajustent ou réinstallent le sens. ai aimé très vite sa facilité à construire les mots composés

 

ce début reposait dans un livre vert de littérature allemande pour l'école, allemand deuxième langue_de quel nom le désignait-on?_était-ce dans ses pages où je découvre la mythologie allemande avec Märchen, elfes et sombres forêts incontournables. bientôt la poésie-Dichtung le mot Lorelei_dont j'aime la sonorité_avec Heine, et le ich weib es nicht, was soll es bedeuten, dab ich so traurig bin qui va si bien à l'adolescente triste et à son ennui. bientôt, appris et chanté au cours de chant, Heidenröslein et Goethe_je me souviens encore de Sah ein Knab' ein Röslein steh'n /  Röslein auf der Heiden / War so jung und war so schön/ Lief er schnell nah zu seh'n / Sah's mit vielen Freuden / Röslein, Röslein, Röslein rot / Röslein auf der Heiden puis l'enfant dit ich breche dich, et la rose ich steche dich sans vouloir leiden, puis il est question de Weh und Ach. bientôt Erlkönig dont je me souviens des quatre pemières strophes_ah ce saüseln comme j'en aimais la prononciation et la sonorité_je n'avais guère l'occasion de dire ou de lire son équivalent français, me semble-t-il, susuurrer, et ce verbe m'est resté comme beaucoup d'autres mots, portant son existence à part entière, sans avoir besoin d'être traduit pour être ressenti-compris. ai découvert beaucoup plus tard cet Erlkönig chanté par Jessye Norman_qui m'a fait pleurer d'émotion et de bonheur


ai été d'emblée_et le suis encore_en relation d'intimité avec cette langue, ses sonorités, certaines de ces tournures, certains de ces substantifs, avec ce "sentiment de la langue" comme l'écrit françois bon, cette "rêverie" qui me visite à son écoute_et ne sais guère à quoi cela tient. il faut croire qu'elle est liée à moi_le auf de mon père suffit-il à cette liaison_à une puissance qui me parvient et à la littérature française


ai travaillé, au lycée, Kafka et la Verwandlung, relu depuis, en bilingue


ai travaillé Brecht, quels textes?


étudiante, ai lu de la philosophie allemande, beaucoup en français, et des extraits en bilingue, un peu de Kant, de Hegel, de Nietsche. quand j'ai lu Freud, ai goûté aussi un peu de texte bilingue


plus tard ai écouté Kurt Weil, texte de Brecht en main, die Dreigroschenoper


ait très vite adopté le "ver" et le "zer" pour ce qui détruit ou se détruit, ce qui blesse, se déchire, explose. des substantifs, des adjectifs allemands s'imposent à moi dans des situations sensibles avant leurs équivalents français


présence aussi de la ittérature dans la musique. beaucoup de Lieder_textes des poètes en main aussi, avant après ou pendant_Brahms, Schuman, Mahler et les Kindertotenlieder, subjuguée par les voix les chantant, Jessye Norman, Elisabeth Schwarzkopk, Kathleen Ferrier, Hermann Prey, Dietrich Fischer_Dieskau


les mélodies françaises et les compositeurs français sont venues après


combien de fois n'ai-je pas écouté_messes, cantates, opéras_ de Beethoven, Bach, Mozart . un peu de Wagner


suis allée à Vienne pour la langue allemande université d'été


lu en français Thomas Mann La Montagne magique, Hofmann L'homme au sable, relu en allemand ensuite, Freud L'étude sur la gradiva de Jensen, relu en allemand ensuite, grapiller dans Hölderlin, français et bilingue


découvert Rainer Maria Rilke, en français, puis essayé quelques textes en bilingue


puis Celan, français et bilingue avec certaines études qui éclairent la traduction

puis Rose Ausländer en bilingue


puis Les grains de pollen de Novalis traduit par Laurent Margantin, toujours chez lui ce dossier sur Werner Köfler, et ses traductions avec texte original de poésies de Trakl, et les textes d'Ingeborg Bachmann avec textes allemands


chez poezibao le dossier Ingeborg Bachmann par Françoise Rétif, textes traduits seulement




lacunaire et éparpillée telle est ma connaissance de la langue allemande et elle me tient au cœur



peut-être un écho du auf paternel d'ouverture dans le stehen de celan accompagnant les jours d'aujourd'hui

 

 

 

on ne pourrait pas être plus fatiguée ...




on ne pourrait pas être plus fatiguée

si on le sera mais ne sait quand
ne sent pas le futur
alors on garde la tournure

on attend
Douleur ne cède pas
on est à plat dos entre les draps
on attend
on parle peu
Douleur ne cède pas

pour tenter de ne pas lui céder
on regarde le tilleul
un peu plus loin le houx
puis le saule pleureur qui se met en feuilles vert tendre
c'est mars

on ne parle pas
Douleur pourrait entrer en dialogue
pas question
la tenir à distance d'une verbalisation
elle lui donnerait de l'importance

écouter les oiseaux
mésanges pinsons merles
abîmer son regard au fond du bleu du ciel
au fond du blanc des nuages
comme si le regard allait y déposer
Douleur qui ne cède pas
et qu'elle s'emporte avec le vent



essayer de devenir le vent le ciel l'oiseau l'arbre




samedi 03 avr 2010

sur le gris du bitume ...




sur le gris du bitume l'eau posée en flaques rabat le ciel en éclats
haillons de bleu et d'or
comme si un morceau de sol s'ouvrant en blessure
donnait accès au ciel par fragments de l'autre côté de la terre


regarder, éblouie,  presque incrédule, les morceaux chus au caniveau


(une enfant traverse une clairière)




au bord du trottoir  un peu de chaussée a le visage du ciel




vendredi 02 avr 2010

en rebond avec joachim séné




en rebond avec fiction numérique de Joachim Séné
dans son blog Fragments, chutes et conséquences




cette rêverie qui commence comme par erreur comme si
m'embarque dès le pas de connexion disponible du grand ordinateur
avec pourtant présence connectée du sujet qui tape ces mots que je lis et vois briller

j'aime cette disparition discrète progressive
comme inéluctable
de l'informatique
l'énergie qui passe de la batterie aux doigts
l'apparition des cris d'oiseaux

sont-ils ceux qui appellent à quitter la ville pour un champ où le blé pousse frileusement
loin des flux de la connectique
en un lieu sans électricité où la nuit profonde existe
lieu à bruissement d'ailes

le bureau c'est la terre sur
laquelle l'ordinateur est posé

la disparition se produit inexorablement
la machine s'irréalise
après  la batterie la lumière de l'écran les touches

seul demeure le désir d'écriture

les doigts demeurent aussi
il suffit de les poser sur la terre
et de continuer à tapoter

la terre est notre bureau d'écriture
notre maison de langue
parlons-lui nos mots
parlons-les au vent
parlons-les aux bruissements d'ailes d'oiseaux



tu leur ressembles fabricateur de langue
toi aussi 
tes ailes bruissent quelquefois d'une exaltation ténue dans le vent sombre
tu navigues fluide entre les mondes
et nous offre la splendide étrangeté de leur métamorphose



18 mars 2010




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