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Sébastien Smirou
Proposition d’écriture : Choisir une œuvre artistique, peinture ou sculpture, que l’on décrit en utilisant un poste d’observation des regards, un point de vue mobile, télescopique, infiniment souple. Dans ce travail, en effet, c’est de votre œil – position, acuité, densité – que dépend sa capacité à changer son intimité en profondeur. Penser l’écriture dans une boucle complète, se voyant voir, s’écoutant écouter, mais par laquelle la technique finit par se jouer d’elle-même dans son vertige. Au bout d’un long temps d’exposition, l’intensité du regard qu’on porte sur l’œuvre choisie change en intimité sa profondeur. Le texte s’articule essentiellement autour d’un travail sur la phrase (rythme, syntaxe).
Mon Laurent , Sébastien Smirou, Éditions P.O.L., 2003.
Présentation du texte :
Dans Mon Laurent, les textes sont composés comme des tableaux (le livre ne s’ouvre pas par hasard sur les Batailles de Paolo Uccello) : Sébastien Smirou fabrique des images à partir de phrases, un peu comme s’il s’agissait des légendes d’objets précieux présentés dans un musée. À ceci près qu’il ne s’agit pas d’images aveugles, mais de vignettes elles-mêmes dotées du pouvoir de regarder, et de regarder en premier lieu ce qui leur est donné à voir quand le livre s’ouvre, c’est-à-dire l’œil qui les regarde. C’est la raison pour laquelle, un peu comme le vase de Rubin dans la théorie de la Gestalt, les poèmes sont composés selon plusieurs profils. L’auteur ne représente globalement qu’une scène dans chaque poème mais, pour faire le point sur cette image, grâce à tout un arsenal technique, plusieurs mirages surgissent, plusieurs ambiguïtés se rencontrent au fil de la lecture, qui font qu’un temps de décantation devient nécessaire à l’élaboration du résultat. Il ne s’agit pas d’une invitation pour le lecteur à se voir soi-même en s’élucidant, mais, comme l’explique l’auteur, « à reconstruire une sorte de tableau isomorphique au poème, pour jouir sans fin, avec lui, de l’échange des regards. » La quatrième de couverture du livre est à cet égard assez parlante.
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Rêverie sur l’œuvre et alentour de Pieter…
11 décembre 2013, par Dany Libert
Sa mine défaite et son teint gris me désolent et me font douter.
Comme il est derrière moi, il ne voit pas que j’hésite. Mais j’y suis !
Mon teint rose en contraste, la pâleur de l’artiste, des pas résonnent.
Les gardiens d’un pas sûr font des allers retours de 30 à 20
Et sous leurs pas sonne le parquet. Un voyageur quitte l’hôtellerie.
Le regard aux aguets je vois votre ignorance, votre désaccord.
Un pull rouge, un homme en bandoulière, un audio guide le rassure.
Le bœuf des pâtres me regarde : « Tu (...)
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Les regards
18 janvier 2014, par Marie Pelluet
Le nez, île grotesque, centre et pivot du tableau, centre
et pivot de ce visage ancien, presque antique, pitoyable
Homme riche, velours de soie, homme assis, ses yeux baissés, lampes éteintes
Boire l’enfance, douceur de tes yeux, mon petit, douceur de ta main
Douceur de ta main comme armée de noir, le rouge de ton sang neuf, tranquille
Ta main écoute mon corps respirer et interroge mes veines
Ta main console, timide, le temps qui nous sépare déjà plus loin, déjà
Un seuil que tu ignores où ta main (...)
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Fond bleu piscine
18 janvier 2014, par Ariane Bach
Fond bleu piscine, carré blanc en écho au cadre doré
Identité limite : c’est une simple orpheline.
Suspendue à ses cimaises, surcadrée par la barrière,
Mal entourée de souffrants, naufragés, mourants.
Mais son regard de fugitive, même pas détourné.
C’est autre chose. Elle est plus que là. Elle voudrait être ailleurs.
Des croix dans le sol, mal faites, mal peintes,
Cyprès floutés à l’eau qui se diluent dans le ciel.
Un paysage qui se décompose à grands traits mous
Dans un blanc sale, désespérant.
Les yeux (...)
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Temps d’exposition en face à face
18 janvier 2014, par Pierre Ménard
Voici les premiers textes des participants à la première des quatre séance d’écriture sur laquelle je leur ai proposé de travailler autour du portrait :
Choisir une peinture que l’on décrit en utilisant un poste d’observation des regards, un point de vue mobile, télescopique, infiniment souple. Dans ce travail, en effet, c’est de votre œil – position, acuité, densité – que dépend sa capacité à changer son intimité en profondeur. Penser l’écriture dans une boucle complète, se voyant voir, s’écoutant écouter, (...)
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Le visage d’un autre
18 janvier 2014, par Pierre Ménard
Regard dans les yeux me fixe se fige veut dire quelque chose Jamais ce que je crois j’aimais ce que je vois plus rien pareil La bouche cette moue rose froissée au petit matin doré Sur la pommette poudrée un pli qu’on ne voit pas tout de suite
Au réveil cette marque laisse d’habitude une trace Qui s’efface avec le temps mais elle est toujours là et ne peut ne veut pas partir le regard noir bouche fermée taiseux Quels reproches tus yeux embués larmes qu’on ne voit plus séchées ?
Ce que je veux voir (...)
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Le verrou
31 janvier 2014, par Sophie Godino
Ai-je assez de doigts pour compter le temps que durent seize vers ?
Combien de souffle court, de Japonais ébahis et de ruines
A traverser pour trouver ce tableau qui me met en colère ?
Il est toujours trop loin et entouré d’œuvres qui me dépriment.
Il est aisé de se perdre dans le Louvre, je prends ta main
Et je t’entraîne malgré ton refus. Le groupe s’éloigne.
Par une porte dérobée, nous voici dans l’alcôve. Viens.
Tu me repousses et te débats mais tu gémis… Je t’empoigne.
Est-ce un oui, est-ce un non ? (...)
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Sainte Madeleine
28 janvier 2014, par Nathalie Pierrée
Un murmure sort de tes lèvres entrouvertes, un souffle s’enfuit.
Ton regard bleu mélancolique de petite fille sage
Se perd dans le lointain. Qu’attends-tu, que regardes-tu ainsi ?
Un cavalier sur son cheval blanc part au loin sur le chemin
Sa chemise est rouge et rouge ta bouche et rouge le tissu
Richement brodé des manches de ta robe pourtant si sage
Fermée par un lacet qui épouse les formes de ton corps.
Ton ventre est rond comme le fruit rouge- fraise ou orange sanguine-
Dont les feuilles et la (...)
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Affects
28 janvier 2014, par Blandine Guillemot
Ghirlandaio, Portrait d’un vieillard et d’un jeune garçon
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Autoportrait aux chardons, fantaisie solennelle
31 janvier 2014, par Evelyne Berson
Tu attends et tes yeux dans le vague fixent l’offrande, houppette
Fantaisie solennelle de la pause, œil de poisson vers toi
En deçà des promesses, fixité de l’attente, tu la toises
Reçois et donnes, front pommette et cou de marbre, continents
Bouche suave, bouche parfaite, oiselets d’amour mais
Le carcan de la chemise n’y fait rien, drapé montgolfière
Plaquée, l’étole au liséré rouge, virgule ailée d’épaule
Ton plastron, barboteuse à poumons, corsètera les caresses
Boursouflé, délicat soliloque entravé (...)
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Paroles avec un jeune homme
12 février 2014, par danièle Le Bour
Qui sommes-nous, pouvons-nous nous reconnaître, ils s’arrêtent là devant
Toi, tu es beau homme. Femme joufflue, trop en chair dans tes mains
Tu cherches le jeune homme de tes songes, rêveur, frôleur.
Qui interroges-tu ? La femme vieillissante posée
Qui te regarde dans ta superbe jeunesse triomphante
Ou le jeune homme face à toi de l’autre côté là
De la galerie longue. Salut doux de jeune japonaise.
Je pourrais être ta mère et je serai aussi ton amante
Un dernier corps si jeune, lisse, sans cette (...)