Le chant-ru
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Le chant-ru Les chants-ru
ces chants-ru, (poèmes publiés ici du 24 août au 03 octobre 2012), écrits sans visage, ont pris les yeux de celle qui les a empruntés si souvent de son pas de cœur. Sa marche les illumine. Ils lui sont irrésistiblement et naturellement dédiés.
À Claudine Sales
I
La nuit fut fraîche j’entends des pas
au jardin sans défaite
le bruit de l’eau que ne peut trahir
le fruit assis qui mûrit
près de mon ombre à peine éclose.Respire
II
Velours du vent
lent entre les doigts des arbres
glissement soyeux des murmures
sur un pétillement d’insectes
même la rosées’envole
III
C’est sous un pas dévoilée
la braise à peine éteinte
au pied douce déjà
le fumet des plaies cachées
qui couronne les orées
là où le ciel jeunebleuit
IV
J’entends à peine
là où de l’arbre bat
le cœur
en gangue veinée lentement
gravir des sèves profondes le secret
jusqu’à plus haute tension
ces abîmes dont l’oiseaurêve
V
Sur l’herbe ne se couche jamais
la pensée sombre de l’ennemi
chaque feuille s’accorde au vent
au la de vie son diapasontremble
VI
La mousse au bois embrassée
a parole d’homme
elle irise mon âge et m’enseigne
de son voyage enfin
la fleur qu’il faut
cueillirVII
La lente obstination des pierres
jusqu’à la source qu’elles
empalment
le flux du roc à rebours
des rages rudes des chemins
coupants
et sur de sang des ronces viergesvivre
VIII
Le craquement des feuilles
sous le pas
n’atteint pas le sommeil
du monde
le sol est plein de questions
nouées à nos pieds
et on ne voit dans l’air pur aucune réponseflotter
IX
Longue fut la pluie
à plier en sous-bois
les ailes inquiètes des fougères
procession d’eau secrète et sans berceau
qu’un chant d’herbes
en lents parfums désireaimer
X
Des mascarets de brumes
en fin d’été
enroulent autour des chaumes
des parfums d’îles au large
et des mystères blonds
qu’il nous faudra
sous le silo de nos paupièresécrire
XI
Les sanctuaires du ciel de plus en plus
blanchissent comme nos cheveux
et très loin dans tant de pluies oubliées
la ronde pierre jade
glissée près de la source
n’en finit pas de vouloir
depuis l’enfance enfinnaître
XII
Sortis du printemps des villes
nos mains devenaient tiges
bouches sources
paupières feuilles
les racines de nos regards
aux mousses grises des murs
s’ensablaient de lumière
nos yeux devaient au vert
juste couleur
avant même de voirpenser
XIII
Nous n’avions pas idée
des simples clairières
elles portaient juste leur goût de verger
à nos lèvres assoiffées
riaient à nos émois
calligraphiaient nos chemins
de leur musique nue
bruissements emportés
jusqu’aux seuils des roncières
où depuis sans couronnes
tant de saisonstrébuchent
XIV
Il me reste pourtant
à mâcher tant de champs
saveur vierge de terre et fleurs à rire sur les lèvres
des rus ceindre par milliers
au creux des reins souples de mousses
ciels à verse de régalades encore
des faux blanches à courber les pierres lissées d’ombre
tout un bataclan d’amours infuses
en bouche sur les paumes des chemins
et malgré l’urgence et les déboisements
à vivre beau à vivre dur
tapies derrière la grande peur
la peur mûrie à tranche-gorge
les noces
qu’on préparait sobres
qui s’éternisentet m’illuminent
XV
Trait bleu
au surplis de l’eau
la possibilité d’un vol
de libellule ouvre pour moi
la liturgie des sources
et au plus fragile du réel
à sa frange d’effrois’encoche
XVI
Toutes les herbes les fleurs les arbres
jusqu’en apesanteur
les semences emportées
sont les cheveux de ma poussière
intime
je ne crains que le vent coupable
de me confondre.XVII
L’heure riche
où le fruit se détache et s’abouche
à mon ombre profonde
exquises morts
toutes celles qui d’un trop de lourdeur
dérobent à nos yeux
ce qui n’est déjà plus
souverain
lente gravitation de cimes étrangères
autre univers
à contre-jour de nos sourires
le jour heurte le sol
toujours un peu plus tôt
un peu plus fort
et nous rêve infini
devenons des chênes immenses
que la saison
dépouilleXVIII
Montagne
jamais désaccordée
au seul délogement de son nom tout l’air que j’ai crié
se lave
sans surseoir aux longs échos dressés
de nos corps face à face
merveilleux et sans tain
que des anges défroqués
de brumes et de roches
pour leur distraction toujours
lapidentet dissolvent
XIX
Tu portais encore sur toi les os de la plaine
que déjà les versants mangeaient ton ombre moite
ton corps bossé de pas
c’était celui d’un enfant illisible
sauf par le ciel
au sommet
mille soufflesl’emportèrent
XX
Dans l’encoche du soir
frayant sa chute violente
jusqu’à l’exacte voix de notre abouchement
la pluie
de sa nudité brusque me rémunère
puis d’étale pénétrante
en plein silence
en plein aveuéclaire
la terre qui écope***
18 janvier 2014
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Le chant-ru 20
Dans l’encoche du soir
frayant sa chute violente
jusqu’à l’exacte voix de notre abouchement
la pluie
de sa nudité brusque me rémunère
puis d’étale pénétrante
en plein silence
en plein aveuéclaire
la terre qui écope3 octobre 2012 abouchement , aveu , chute , encoche , étale , nudité , pluie , silence , soir , terre , voix
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Le chant-ru 19
Tu portais encore sur toi les os de la plaine
que déjà les versants mangeaient ton ombre moite
ton corps bossé de pas
c’était celui d’un enfant illisible
sauf par le ciel
au sommet
mille soufflesl’emportèrent
19 septembre 2012 ciel , corps , enfant , ombre , os , pas , plaine , sommet
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Le chant-ru 18
Montagne
jamais désaccordée
au seul délogement de son nom tout l’air que j’ai crié
se lave
sans surseoir aux longs échos dressés
de nos corps face à face
merveilleux et sans tain
que des anges défroqués
de brumes et de roches
pour leur distraction toujours
lapidentet dissolvent
18 septembre 2012 air , anges , brumes , corps , échos , montagne , nom , roches
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Le chant-ru 17
L’heure riche
où le fruit se détache et s’abouche
à mon ombre profonde
exquises morts
toutes celles qui d’un trop de lourdeur
dérobent à nos yeux
ce qui n’est déjà plus
souverain
lente gravitation de cimes étrangères
autre univers
à contre-jour de nos sourires
le jour heurte le sol
toujours un peu plus tôt
un peu plus fort
et nous rêve infini
devenons des chênes immenses
que la saisondépouille
16 septembre 2012 fruit , heure , jour , morts , ombre , rêve , saison
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Le chant-ru 16
Toutes les herbes les fleurs les arbres
jusqu’en apesanteur
les semences emportées
sont les cheveux de ma poussière
intime
je ne crains que le vent coupable
de me confondre.13 septembre 2012 arbres , cheveux , coupable , fleurs , herbes , poussière , semences
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Le chant-ru 15
Trait bleu
au surplis de l’eau
la possibilité d’un vol
de libellule ouvre pour moi
la liturgie des sources
et au plus fragile du réel
à sa frange d’effrois’encoche
12 septembre 2012 eau , effroi , fragile , liturgie , réel , sources , vol
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Le chant-ru 14
Il me reste pourtant
à mâcher tant de champs
saveur vierge de terre et fleurs à rire sur les lèvres
des rus ceindre par milliers
au creux des reins souples de mousses
ciels à verse de régalades encore
des faux blanches à courber les pierres lissées d’ombre
tout un bataclan d’amours infuses
en bouche sur les paumes des chemins
et malgré l’urgence et les déboisements
à vivre beau à vivre dur
tapies derrière la grande peur
la peur mûrie à tranche-gorge
les noces
qu’on préparait sobres
qui s’éternisentet m’illuminent
10 septembre 2012 amours , bouche , champs , chemins , ciels , noces , ombre , paumes , rire , saveur , terre
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Le chant-ru 13
Nous n’avions pas idée
des simples clairières
elles portaient juste leur goût de verger
à nos lèvres assoiffées
riaient à nos émois
calligraphiaient nos chemins
de leur musique nue
bruissements emportés
jusqu’aux seuils des roncières
où depuis sans couronnes
tant de saisonstrébuchent
6 septembre 2012 chemin , clairières , couronnes , émois , lèvres , musique , saisons , seuils , verger
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Le chant-ru 12
Sortis du printemps des villes
nos mains devenaient tiges
bouches sources
paupières feuilles
les racines de nos regards
aux mousses grises des murs
s’ensablaient de lumière
nos yeux devaient au vert
juste couleur
avant même de voirpenser
5 septembre 2012 bouches , couleur , lumière , mains , murs , paupières , printemps , racines , regards , sources , ville , yeux