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Un oloé encaissé

jeudi 15 mai 2014, par Brigitte Célérier

C’était un mois d’août.

C’était le retour dans la famille après un échec... c’était l’abandon des études, et les dernières vacances familiales.

C’était une vallée encaissée où la seule issue pour les yeux et l’esprit était, dans l’axe, la masse du Pelvoux, comme un dieu, une bienveillance déclarée, une oppression permanente.

C’était, comme principale ressource, guetter les modifications de la montagne sous la lumière.

C’était le vieil homme qui, chaque matin, sortait sur le balcon d’un chalet voisin, se plantait face au soleil naissant, le saluait d’un chant étrange et incompréhensible.

C’était le tome un des mémoires de Saint Simon pour des plongées-absence du lieu et du temps.

Mais c’était aussi le regard redevenu tendre sur la mère, c’était cette surprise, l’enfant à venir – oh le jour où avec gêne le père était venu m’en parler – c’était cette surprise, cette naissance balayant toute la lassitude que j’avais devant la marmaille, la masse des sœurs, frères, cousins qui me suivaient.

C’était une attente joyeuse, ça a été des petits vers ébauchés en secret et détruits, ça a été le goût du réel, du féminin, ça a été se rappeler l’apprentissage négligé, ça a été, en alternance avec les querelles de préséance entre les ducs, les campagnes au delà du Rhin, deux aiguilles, une pelote de laine, ce fut triomphalement venir en un mois au bout d’une brassière, si délicieusement petite qu’elle servit le jour de la naissance.