le musée mis à nu par ses visiteurs

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Déambuler

mardi 18 mars 2014, par Marie Pelluet

Des mille et une manières de visiter le musée du Louvre, et après observation, j’en ai retenu cinq.

1/ De manière planifiée

Armé d’un plan, il s’agit, au préalable d’avoir repéré les œuvres importantes, incontournables, celles que, à moins de mourir définitivement inculte, il faut avoir vues.
Une fois les œuvres dûment recensées, il est nécessaire d’établir un circuit que l’on peut tracer ou écrire de la manière suivante : 1 = A2 ; 2 = D4 ; 3 = E8 ; 4 = G9 etc.
L’étape suivante consiste à suivre simplement le trajet défini. L’attitude caractéristique est donc de marcher en regardant le plan, de relever rapidement la tête pour vérifier sa route, de se replonger dans le plan, un peu à la manière des nageurs.
NB : les pauses se font devant chaque œuvre.

Avantage : on parvient généralement à sortir du musée avant d’en être chassé par les gardiens. On a fait de réels progrès en orientation et repérage dans l’espace.
Inconvénient : on a vu quelques œuvres, majeures certes, mais pas le musée.

2/ En poussette

Cela nécessite d’être un jeune enfant et d’avoir à sa disposition un adulte bienveillant qui accepte de pousser votre véhicule, de chercher les ascenseurs, de vous donner votre goûter ou de changer vos couches afin d’éviter que par vos cris ou votre odeur, vous incommodiez les autres visiteurs.
Cette condition étant respectée, la position est enviable : confortable et reposante, elle permet de tout voir sans efforts.

Avantage : pas de préparation préalable, aucune fatigue ni douleur d’aucune sorte.
Inconvénient : l’âge peut être un frein pour apprécier le côté culturel de cette promenade.

3/ Derrière un appareil-photo ou une caméra

L’œil n’ayant pas la capacité de stocker les images, il vous sera impossible de les partager avec vos amis. Or, un voyage, une visite qui restent totalement privés, ne sont d’aucune utilité sociale.
Au contraire, si, au lieu de regarder avec les yeux, vous regardez avec votre appareil-photo, vous accumulerez des trésors qui enrichiront tous vos amis.

Avantage : préparation technique légère.
Inconvénient : le fait de regarder pour accumuler des images modifie le regard dans des proportions qu’il est difficile d’apprécier. Des esprits chagrins ont même affirmé que cela contribuait au désenchantement du monde.

4/ En suivant un guide

Il s’agit là de se regrouper autour d’une personne dûment accréditée, nommée « le guide ». Cette personne a le plan du musée dans la tête, elle connaît les œuvres, l’histoire, les coins secrets. Elle vous apprendra beaucoup de choses et vous aurez l’impression d’être bien plus cultivé en repartant, ce qui n’est pas une mince satisfaction.

Avantage : pas d’effort pour s’orienter, lire les cartels, repérer les œuvres « à voir ».
Inconvénient : beaucoup d’efforts à déployer pour ne pas perdre le groupe et, si on ne le perd pas , pour le supporter.

5/ Le nez en l’air

Cela consiste à entrer dans le musée sans préméditation avec, pour tout itinéraire, sa seule intuition. Il faut se laisser guider par la poésie du lieu, l’atmosphère des salles, l’orientation du soleil, le bruit ambiant, le doigt d’une statue, le regard d’un portrait.
Il faut, d’emblée, accepter de ne pas voir que les œuvres majeures et donc anticiper les remarques cinglantes que l’on ne manquera pas de vous asséner : « Comment, tu es allé au Louvre et tu n’as pas vu la Joconde, la Victoire de Samothrace, le radeau de la Méduse, la Vénus de Milo, le scribe accroupi, la Liberté guidant le peuple ?!!! »

Avantage : L’impression d’être libre, en promenade et de découvrir nonchalamment les œuvres exposées.
Inconvénient : une préparation psychologique est nécessaire pour savoir faire face à l’angoisse de la surprise « Que vais-je découvrir dans cette salle ? au détour de cet escalier ? derrière ce pilier ? » et au choc esthétique parfois violent qui résulte de la rencontre inopinée avec une oeuvre.