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Musée mode d’emploi

mardi 6 mai 2014, par Blandine Guillemot

Si vous voulez pénétrer dans le Louvre à plusieurs, se donner rendez-vous sous la pyramide. Ne venir qu’avec des moins de 18 ans ou des gens munis de leur carte pass pour éviter les files d’attente. S’habiller légèrement ou laisser ses manteaux, écharpes et sacs encombrants dans la voiture garées dans le parking du Louvre.

Venir tôt pour éviter tout mouvement de lassitude ou de découragement face au caractère labyrinthique du monument ; Se sentir frais et disponible pour terminer par la Joconde le joyau du Louvre autour duquel s’amoncellent les touristes amoureux de la synthèse.

Tenter la section mésopotamienne. Se laisser fasciner par les tablettes recouvertes d’écritures cunéiformes, la statuaire monumentale, les hommes aux nez aquilin et à la barbe boucle dont le torse imposant surplombe les flancs d’un taureau. Se perdre dans les palais où l’œil circule aussi bien à la verticale qu’à l’horizontale

Si vous êtes dans une disposition d’esprit plus mélancolique, se laisser le droit d’entrer au Louvre pour ne voir qu’un tableau. La Suzanne au bain de Tintoret par exemple. D’abord les rondeurs mordorées de Suzanne redonnent du baume à l’âme et puis voir les vieillards voyeurs sans être vu présente toujours un caractère jouissif. On se dit que l’on n’est pas seul à vouloir partager des éclats de beauté en catimini pour se consoler du temps qui passe.

Si vous êtes d’humeur volage, ne pas entrer tout de suite dans le Louvre, se laisser le droit de flâner dans les boutiques du Carrousel : caresser des yeux les tuniques soyeuses de Fragonard, les peaux musqués des sacs Lancel, fantasmer un thé-petits-gâteaux fondants devant Mariage Frères, avant d’aller déposer ses yeux sur les corps parfaits du Louvre.

Évitez tout phénomène de vertige : voir peu, plutôt que chercher à tout voir.
Sélectionnez avec soin l’œuvre sur laquelle le regard se déposera avec délectation. Jouir du bonheur d’être ici. Sans oscillation du trop pressé au trop plein. Profiter.

Si le temps est resplendissant, faites l’école buissonnière, emprunter l’escalier en colimaçon qui mène sur le parvis. Toujours tout droit la terrasse du Marly vous tend les bras. Le garçon de café est plus amène que celui que véhiculent les clichés ; le café et le soleil sont presque italiens. Là aussi vous côtoyer l’art, mais sur son versant empirique. Les belles du fond ont sorti leur chapeau de gala. Elles sont belles, ont de l’allure, chefs d’œuvre vivants.