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Polyphonies

mardi 6 mai 2014, par Blandine Guillemot

Nous ne savons pas. Désolés. On écoute les audio-guides. Oui, oui, on parle anglais. Mais désolés, nous écoutons justement les audio-guides pour apprendre.

C’est très beau, exact. Il y a une telle concentration, une telle attention du peintre aux détails, les fils, les épingles, les cheveux tressés. En même temps, le visage est flou, les traits sont comme estompés. Ce contraste entre la boite à couture, les étoffes, les fils si précisément représentés et ce visage absorbé, c’est troublant.

Je n’aime pas particulièrement ce tableau. C’est comme la Joconde c’est un produit marketing, il ne me touche pas vraiment. Le visage de la femme n’est pas suffisamment expressif. Ce que je préfère en général ce sont les détails. Voilà ce qui me touche : une larme qui coule sur la joue d’un chérubin à la peau diaphane et veinée. Pourtant je la prends en photo pour la regarder à nouveau chez moi, pour percer son mystère et essayer de la comprendre.

Cette femme est secrète. Il y a là selon moi quelque chose comme un concentré de la condition féminine : tout ce calme, ce corps absorbé dans l’activité cache quelque chose de bouillonnant, des pensées interdites peut-être.

Elle est tellement concentrée, c’est très beau. Beau comme la concentration des mains tandis que la tête voyage ailleurs.

Ce que j’aime c’est la composition. La lumière vient dont ne sait où, nimbe le tableau d’une chaleur tangible, lui donne son ambiance feutrée. On sent la touche très précise du peintre. Il ne se perd pas dans les détails, il en fait juste assez. Sa touche est passionnée. Vermeer ne se disperse pas. Il ne nous a laissé que 26 tableaux que l’on peut voir à travers le monde.

J’aime le jaune pâle de la robe, la collerette blanche et les velours bleus sur lesquels se détachent les fils rouges délassés. J’aime le visage penché, le regard attentif qui accompagne le geste précis, le livre qui repose bienveillant, au côté des fils en désordre. J’aime les anglaises qui encadrent le visage de la dentellière dont les traits sont détendus et la main sans faille.