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Hurler, si c’est encore possible
mardi 6 mai 2014, par
Quand je t’écraserai de ma parole, tu ne pourras plus jamais t’extirper de mes pensées.
Quand tu te tairas, pour juste m’écouter, tu prendras ma parole, tu perdras la tienne.
Quand tu ne seras plus qu’écoute, tu deviendras la caisse de résonance de mon soliloque.
Quand tu diras ma drôlerie, ma colère, tu seras mon abolition.
Tu diras ma révolution.
Il faut que nous aboyons sur nos puissants qui ne sont plus rien, puisque la pensée les déserte.
Il faut que nous regardions ce monde sans femme, ce film animé qui perd le mouvement de l’homme.
Il faut que nous dénoncions cette perte de dignité, cette indignité de la souffrance des jeunes gens qui errent là où nous ne leur donnons plus une place.
Ils nous disent qu’ils vivront entre eux, qu’ils ne verront plus leurs aînés qui les ont trop oubliés, qu’ils veulent, eux, être à nouveau naïfs, neufs, ignorants de ce monde trop dur que nous leur livrons, enfin.
Trop tard.
Ils nous regardent, gros plan derrière l’écran, et nous disent qu’ils veulent aimer mais que la rencontre est si difficile, qu’ils vont courir au parc jusqu’à l’épuisement.