// Vous lisez...

n°7, rue H. de Balzac

ne toucher à rien

Tout était resté à sa place. Dans les tiroirs comme sur les disques durs. Elle n’était même pas tout allée voir. Ce qui la retenait. Jamais rien eu à se cacher. Sa peur à elle. De ne pas savoir. De s’y perdre dans tous ces dossiers, poupées gigognes ou labyrinthe. S’y perdre parce que son ordre à lui, sa logique. Rien touché non plus dans son labo du sous-sol. Bidons de produits tirages papier. Son univers. Jacques avait un peu appris avec lui. Rien de moins sûr qu’il s’y remette un jour. Quand il suffisait de mettre en route l’imprimante et clic ! Ne toucher à rien. Si ça lui convenait à elle... Photos par milliers. Celles de l’ordi et celles dans la commode derrière elle. Des albums plein les tiroirs, en vrac dans des boîtes. Tout un bazar de diapos, pellicules, planches contact... D’autres s’en chargeraient. De ranger, jeter, classer. Sa façon de l’avoir encore un peu là avec elle... À croire qu’elle avait ça dans le sang de croire qu’on peut vivre avec les morts. Hérité du grand-père !... Ses histoires qui lui foutaient la trouille chaque fois qu’y aller aux vacances... Anaon par ci, l’Ankou par là... Et même encore la réaction de son père, quand vider la maison à Douarnenez... Comment il avait tenu à ramener la table et les deux armoires. Pourtant pas beaucoup de place à cinq dans le T3. Mais coûte que coûte. Que ça portait malheur d’abandonner le meuble d’un mort...

P.-S.

une idée comme ça, mais ça pourrait être drôlement bien, que le personnage d’André, mari d’Élisabeth, se construise au gré des photos qu’il pourrait avoir prises, peu à peu comprendre au gré des clichés découverts son regard sur le monde, ce qui l’a construit et ses terreurs, les lieux qu’il a visités, etc. : alors vous qui passez par là, si l’envie vous prenait d’envoyer une photo ou plus si affinités avec le projet — adresse mèl via le bouton contact en haut de la page — ça serait pas de refus !...