le musée mis à nu par ses visiteurs

Se repérer dans le Musée - - Rubens - Jeanney - Portraits - Smirou - Sassetta - - trésor(s) - Portraits - Esteban / Royet-Journoud - Gabrielle d'Estrées - Sonnet - Toucher l'oeuvre par les autres - Scribe - Genet - Caryatides - Detambel - Arcimboldo - Sarraute - Portraits - Louis Imbert / Laure Limongi & Thomas Lélu - Excursion Bill Viola au Grand Palais

> Mots-clés > Auteurs lus > Sébastien Smirou

Sébastien Smirou

 Mon Laurent, Sébastien SmirouProposition d’écriture : Choisir une œuvre artistique, peinture ou sculpture, que l’on décrit en utilisant un poste d’observation des regards, un point de vue mobile, télescopique, infiniment souple. Dans ce travail, en effet, c’est de votre œil – position, acuité, densité – que dépend sa capacité à changer son intimité en profondeur. Penser l’écriture dans une boucle complète, se voyant voir, s’écoutant écouter, mais par laquelle la technique finit par se jouer d’elle-même dans son vertige. Au bout d’un long temps d’exposition, l’intensité du regard qu’on porte sur l’œuvre choisie change en intimité sa profondeur. Le texte s’articule essentiellement autour d’un travail sur la phrase (rythme, syntaxe).

Mon Laurent , Sébastien Smirou, Éditions P.O.L., 2003.



Présentation du texte :

Dans Mon Laurent, les textes sont composés comme des tableaux (le livre ne s’ouvre pas par hasard sur les Batailles de Paolo Uccello) : Sébastien Smirou fabrique des images à partir de phrases, un peu comme s’il s’agissait des légendes d’objets précieux présentés dans un musée. À ceci près qu’il ne s’agit pas d’images aveugles, mais de vignettes elles-mêmes dotées du pouvoir de regarder, et de regarder en premier lieu ce qui leur est donné à voir quand le livre s’ouvre, c’est-à-dire l’œil qui les regarde. C’est la raison pour laquelle, un peu comme le vase de Rubin dans la théorie de la Gestalt, les poèmes sont composés selon plusieurs profils. L’auteur ne représente globalement qu’une scène dans chaque poème mais, pour faire le point sur cette image, grâce à tout un arsenal technique, plusieurs mirages surgissent, plusieurs ambiguïtés se rencontrent au fil de la lecture, qui font qu’un temps de décantation devient nécessaire à l’élaboration du résultat. Il ne s’agit pas d’une invitation pour le lecteur à se voir soi-même en s’élucidant, mais, comme l’explique l’auteur, « à reconstruire une sorte de tableau isomorphique au poème, pour jouir sans fin, avec lui, de l’échange des regards. » La quatrième de couverture du livre est à cet égard assez parlante.