le musée mis à nu par ses visiteurs

> Atelier 3 (Portraits, 1) > Le visage d’un autre

Le visage d’un autre

samedi 18 janvier 2014, par Pierre Ménard

Regard dans les yeux me fixe se fige veut dire quelque chose
Jamais ce que je crois j’aimais ce que je vois plus rien pareil
La bouche cette moue rose froissée au petit matin doré
Sur la pommette poudrée un pli qu’on ne voit pas tout de suite

Au réveil cette marque laisse d’habitude une trace
Qui s’efface avec le temps mais elle est toujours là et ne
peut ne veut pas partir le regard noir bouche fermée taiseux
Quels reproches tus yeux embués larmes qu’on ne voit plus séchées ?

Ce que je veux voir ce que j’imagine invention de ma part
Tu plisses les lèvres c’est un baiser qu’on voudrait y poser
Mais le reproche s’impose dans la tension du regard là
Où tu es sans vouloir y être devant moi rien qu’à moi merci

Celle que tu tiens dans tes mains semble si légère que ta
Main gauche repose dessus négligemment rubis sur l’ongle
Petit doigt saute aux yeux couleurs de la plume pourquoi pour moi
À ce doigt là bague d’une autre femme en gage engagée là ?

Ta main gauche soutient la statuette de bronze sous fesses
L’autre vient couvrir ce sein que tu ne saurais voir sous la pose
Inconfortable dans ce plastron noir qui te corsète tout le corps
Maintient rigide immobile offert sans que tu capitules

Tu ne tiens pas cette statue, tes mains s’y posent s’y entrecroisent
Dans cette position inédite et serpentine
regard offert et montrant et cachant mais surtout prisonnier
À son corps défendant, défendu d’y voir, tu me regardes et je me vois