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Trois portraits
mardi 13 mai 2014, par
D. de India
Diaphane, elle arrive sur la musique, elle glisse. Corps longiligne dans sa robe à bretelles croisées. Il l’enlace, ils dansent sans bouger. Les autres les regardent. Est-ce qu’ils se touchent vraiment et pourtant ils sont scandaleux de volupté, d’indécence.
Elle a toujours eu deux visages.
Celui qui se penche sur la mendiante du Gange.
Celui des cérémonies protocolaires.
Elle est là, protégée dans ce monde clos des expatriés et elle est dans les rues de Calcutta, assaillie par les enfants.
Elle ne sait plus où est son regard. Elle le laisse aller sur ce fleuve qui charrie la mort.
Elle est cette jeune fille à la robe élimée, au chapeau masculin qui arbore à son bras le chinois, son amant.
Elle est juste dans l’écriture de la Duras.
La dame d’Auxerre (Antiquité grecque)
Elle porte la main à son cœur. Ses seins sont haut placés, on en devine la pointe de pierre.
La moitié de son visage est érodée et l’autre parfaitement intacte. Le temps à elle aussi lui a donné deux visages.
Sommes-nous tous ainsi, un corps social, un corps intime ? Exhibons-nous tantôt l’un, tantôt l’autre, au gré des convenances, évènements, désirs ?
Un trop plein d’images.
Visage intime
Le visage de l’intime, de notre intime, de nos intimes.
Un faisceau de regards qui nous lient,nous entravent, nous portent, nous magnifient puis nous lâchent. Ils vont se poser ailleurs.
Le lien familial ou social qui nous relie, nous tire, nous étrangle. Celui qui nous veut à son image, nous modèle pour mieux nous lâcher dans la foule anonyme où notre visage social nous permet de déambuler.
Nous voilons notre face intime pour ne laisser paraître le plus souvent que notre figure du monde des autres.