le musée mis à nu par ses visiteurs

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Un Louvre un jour, 1.

lundi 14 octobre 2013, par Joachim Séné

Denon

Devant Le radeau de la Méduse, un peintre copie un autre Géricault situé juste en face : Officier de chasseurs à cheval de la garde.

La quarantaine, le visage asiatique, les cheveux raides en bataille, des lunettes rectangulaires à monture de métal, des baskets Nike, un jean froissé, un K-way bleu turquoise, il porte à l’avant-bras gauche une signalétique en plastique du musée, attachée par un fil rouge : "pas de photo" ; simplement l’appareil vu de face dans un cercle rouge barré. C’est attaché à son bras qui tient la palette. Un autre exemplaire de ce symbole est fiché de travers en haut de son chevalet.

Les visiteurs s’arrêtent, observent et comparent, mentalement (pas toujours), finissent par regarder plus la copie que l’original, puisque c’est dans la copie qu’il faut chercher quelque chose, c’est la copie qui vit, là, dans l’instant. Ce sera, à la fin de leur visite comme de la mienne, sans doute de toutes les toiles du musée, celle dont le souvenir nous restera le mieux.