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Gabrielle et Blanche au bain

dimanche 12 janvier 2014, par Marie Pelluet

Gabrielle — Blanche, s’il te plaît, ne recommence pas, nous ne sommes plus des petites filles..
Blanche — C’est juste pour que tu t’habitues au pincement délicat de ton futur petit roi sur ton non moins délicat petit téton...
Gabrielle — J’apprécie ton humour ma chérie mais, là, non, ce n’est pas possible, on nous regarde...
Blanche — ah oui, et qui ?
Gabrielle — Ouvre les yeux voyons... Remarque, ce sont surtout des femmes, mais il y a tout de même quelques hommes, je n’ai pas envie que l’on me voit comme ça
Blanche — tout de même, nous sommes sœurs
Gabrielle — Oui, mais les gens ont parfois de drôles d’idées, on voit bien qu’ils sont en train de se demander ce que l’on fabrique toutes les deux
Blanche — C’est de ta faute aussi, pourquoi a-t-il fallu que tu acceptes que ces apprentis peintres nous voient dans notre bain ?
Gabrielle — ça leur faisait tellement plaisir, ils sont si jeunes...
Blanche — Je reconnais bien ton grand cœur mais, vas savoir ce que l’on va devenir ensuite. Imagine un instant que l’on place ce tableau dans l’entrée d’un château royal. Pendant des siècles, on entendra les mêmes sornettes, les mêmes réflexions graveleuses, les mêmes interrogations sur nos mœurs. Non, franchement cela ne me réjouit pas du tout.
Gabrielle — Réjouis-toi alors, nous ne sommes pas dans un vrai château, je n’ai pas vu une tête couronnée depuis au moins deux siècles
Blanche — Pourtant il fut un temps ou ce lieu était fort bien fréquenté, mais que veux-tu, on y laisse entrer n’importe qui maintenant. On y voit même des visages dont on n’aurait pas eu idée à notre époque.
Gabrielle — Moi j’aime bien ces drôles de gens. On ne comprend rien à ce qu’ils disent... mais, souvent ils ouvrent de grands yeux, je pense qu’ils nous admirent
Blanche — C’est qu’ils ont du goût, pas comme ces demeurés qui vont admirer des statues sans bras, sans tête, le regard vide ou qui courent dans les couloirs sans rien regarder alors qu’ils ont parcouru des milliers de kilomètres pour venir ici.
Gabrielle — Il est vrai que nous sommes bien entourées ! Regarde ce mignon jeune homme vers la porte, et cet autre sur notre gauche...
Blanche — Tu divagues, Gabrielle, il est bouche-bée devant cette péronnelle, là, comment s’appelle-t-elle déjà ?
Gabrielle — Peu importe, il va bien être obligé de se retourner
Blanche — Mais qu’est-ce que tu fais ? Gabrielle, non... tu es folle ou quoi ? Gabrielle, reviens tout de suite, Gabrielle, ne sors pas comme ça... GAAABRIELLE !!! REVIENS !!!