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n°7, rue H. de Balzac

ombres

éviter ce moment de latence où regarder par la fenêtre - maison morte et ces silhouettes comme d’un mauvais rêve - ta crainte qu’ils ne viennent un jour jusqu’à ta porte - te demandent à entrer - corps dans l’obscur - tu les connais depuis l’enfance - glissent - s’approchent - et qu’agenouillés autour de ton lit - au pied de ton corps engourdi qu’ils déposaient leurs mots - la lutte que c’était - comme de remonter jusqu’à la surface - quelle formule les faire fuir - yeux déclos ne suffiraient pas - de quel souffle chasser les ombres - allongé on résistait comment - qu’ils ne t’entraînent pas - t’emportent - leurs phrases à double fond - c’est piège et c’est bascule - te taire - ne surtout jamais leur répondre - ronde dont personne ne sort - qu’ils t’attachent à leurs mots et c’est perdu - comme ça qu’ils te prennent - yeux déclos le temps qu’ils s’en aillent - rien d’immédiat - attendre - qu’ils disparaissent comme étaient venus - d’un glissé s’effacent - rejoignent matière nocturne - ce que tu leur dirais aujourd’hui - s’ils parvenaient jusqu’ici - de quels mots les faire s’enfuir - de quelle force déjouer leurs phrases - ne rien répondre à leurs invites - tout éteindre - que plus jamais ta fenêtre comme un phare pour les ombres

 

mais demeurait — certitude ou désir — ce sentiment qu’une nuit, ces ombres, d’une maison l’autre...