CARNETS DU LOTISSEMENT

(màj 20 janvier)

se souvenir, quand acheter le pavillon, du propos de l’ancienne propriétaire quand, à propos du futur déménagement, évoquer le poids des cartons de bouquins, son désir de recouvrir entièrement les murs de la maison de bouquins, qu’elle en avait toujours rêvé, pour ça achetait dans les vide-greniers ce qui lui tombait sous la main, que ça prenait du temps d’avoir de quoi tout recouvrir, qu’il aurait fallu commencer plus tôt, et que plus grande la nouvelle maison où elle allait habiter désormais... ce que ça signifiait de vouloir cacher ces murs, d’habiter comme des cloisons de livres, de s’entourer de livres qu’on n’a pas lus, ce qu’on espère de leur présence, suppose de leur pouvoir magique

(màj 15 janvier)

cartons de bouquins dans les sous-sols (et raisons pour lesquelles s’y sont trouvés relégués)

bouquins demeurés sur les étagères des chambres d’enfants (et raisons pour lesquelles ils n’ont pas été emmenés et comment on vit délesté de livres)

bouquins qui calent un meuble

bouquins dans les étagères des salles à manger salons, des bureaux, derrière les vitres de bibliothèques fermées ou non à clés, sur les tables de travail, au pied des lits, sur les tables de chevet, dans les cartables, dans les disques durs

étagères où ranger les/ses livres

livres qu’on collectionne, livres qu’on entasse, livres qu’on rachète, livres qu’on a écrit demeurés dans des cartons estampillés Pensée universelle, livres qu’on cache/exhibe (et pourquoi)

livres pour enfants conservés pour la génération suivante, livres déchirés gribouillés réparés

7 janvier 2013

D’une liste impossible à dresser seul, demander à chaque participant qui vient emménager à l’une des adresses du lotissement de le faire pour chez lui, ensuite mettre bout à bout, liste des ouvrages présents dans chacun des pavillons, et préciser rangés selon quels classements, imaginer comment on pourrait circuler d’un ouvrage l’autre, de l’intertextualité à la réécriture, du pastiche aux œuvres soutènements, fondations, imaginer les personnages de tous ces bouquins déambuler à l’heure des rêves...

Et rêver d’un quartier bibliothèque, que chaque nom de rue soit rayonnage, chaque adresse un livre en train de s’écrire, et que la nuit circulent de rue en rue, comme d’étagère en étagère parfois, les fantômes d’écrivains, œuvres d’au-delà la mort sous le bras, les discussions qu’ils pourraient avoir, manière comme une autre de jauger la place qu’ils tiennent en périphérie de la ville, de se demander ce que seraient capables d’entendre les quelques-uns qui arpentent ces rues la nuit...