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n°7, rue H. de Balzac

tu aimais ces bleus

au gré des photos d’André Truchard

photo @brigetoun non datée (série ruines) tu aimais ces bleus - ces ciels où le bleu s’étend - puissance sereine - tu avais écrit ces mots-là un jour - du temps où vous vous écriviez - où c’était sur du papier que vous combattiez la distance - cinquante kilomètres suffisaient - ta présence alors en lettres serrées - tu sortais des Beaux Arts - vos vingt ans - ce qu’on parvient à en faire d’une vie - qu’elle coule entre les doigts mais de lui donner une forme - tes silences - tes heures passées au sous-sol - ton labo - ton cagibi - puissance sereine - d’un tableau de Van Gogh - vous l’aviez vu au Louvre - d’un où la nuit étoilée - pas le même bleu - même rien à voir - mais pour l’intensité - la force - tu parlais souvent de force pour les couleurs - force ici du ciel - son étendue presque mouvement - saisir tout ce qui là s’offre - s’est offert à ton œil - se lie et superpose - d’ombres projetées et de lumière - mouvement de l’arbre sur la pierre - élan graminées vers le ciel - herbes conquérantes aux interstices - c’est dessin sur la pierre — c’est ascension - ne pas se résoudre aux murs pénétrer là - rail métal c’est porte dessinée contre l’effondrement - reste si peu et pourtant nul abandon - entrer ici c’est marcher vers la cheminée - se demander si l’antre d’un four - à moins que sexe - à moins qu’un œil renversé - c’est profondeur rail métal linteau de pierre puis son ombre - pots d’argile en offrande - c’est rose et blanc des fleurs - mais si peu - c’est carillon offert au vent - notes au hasard du souffle