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Te voilà...
lundi 12 mai 2014, par
Te voilà présidant à la Naissance de l’Amour et tu jettes des fleurs sur Cupidon
Douce et altière, tu t’acquittes de ta mission
Escorte-moi jusqu’à l’apothéose d’Hercule et monte sur l’un de ses quatre destriers pour entonner le chant de sa gloire. De là, tu entendras la guide à étole t’interdire de prendre des photos
Ne te laisse pas impressionner par le chinois au bonnet chaussette gris et à sandales de Pégase
Oublie ces deux femmes qui cherchent l’ascenseur
Laisse se perdre dans les dédales de cette archéologie de papier le père au sac à dos blanc accompagné de ses deux fils à tablettes
Garde quelques-unes de tes fleurs pour peupler d’autres cieux des plafonds parisiens, en particulier l’appartement du Cardinal Mazarin. Tu pourras essaimer dans les deux plafonds à compartiments de menuiserie de Simon Vouet et Michel Dorigny ; tu montreras patte blanche dans la galerie basse et laisseras ton sillage odoriférant dans la galerie haute peinte à fresque par Romanelli
Il te faudra faire abstraction des écrivains en herbe de l’atelier d’écriture numérique du Louvre et te concentrer sur le reliquaire en forme de bourse fin 8ème siècle du trésor de l’Abbaye de Saint Agaune
Aurais-tu aimé, comme Saint Candide, que l’on te coupe la tête et qu’un ange emporte ton âme au ciel ?
Mais tu es déjà au ciel, Heure bienheureuse ! Que faut-il te souhaiter ? Quand tu auras salué, en revenant sur tes pas, l’homme à la pyramide et à la couronne de lauriers, chantre de la gloire des princes, seulement quand vous vous serez croisés, tu pourras mettre à ton épaule cette bourse à relique brodée tressée en passementerie jaune et bleu ciel assortie à ta toge printanière
Chausse alors les pantoufles de Hoogstraten, pose-toi un instant sur le sol frais dallé de noir et blanc de la belle demeure bourgeoise et redescends parmi nous à l’atelier quatre sans oublier de lever les yeux sur la pyramide de verre où fourmille une foule assoiffée d’images
Alors seulement tu pourras d’un coup d’aile honorer de nouveau Cupidon de ton offrande et trôner, majestueuse, au-dessus de l’assemblée des Trois Grâces et de Vénus.