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Au bout des doigts
vendredi 16 mai 2014, par
« Certaines personnes ne réfléchissent qu’en écrivant. C’était le cas d’Adam. Ce qui représentait pour lui à la fois un privilège et une infirmité.
Tant que ses mains étaient au repos, son esprit voguait, incapable de dompter les idées ou de construire un raisonnement. Il fallait qu’il se mette à écrire pour que ses pensées s’ordonnent. Réfléchir était pour lui une activité manuelle.
Il avait, en quelque sorte, les neurones au bout des doigts. Fort heureusement pour lui , ces derniers étaient versatiles. Ils passaient sans état d’âme de la plume au clavier, de la feuille à l’écran. De ce fait, il avait toujours dans sa poche un épais carnet à couverture souple, et dans son cartable d’enseignant un ordinateur portable. Selon l’environnement où il se trouvait et la nature de ce qu’il envisageait d’écrire, il ouvrait l’un ou l’autre. »
Les désorientés, Amin Maalouf, Le Livre de poche, 2012, p. 18.