Bribes
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Bribes 3.6
Il y a l’écart de nous
les dos rigoureux qui s’éloignent
et les regards éteints
l’espoir encore d’une langue à venir
qu’on attendrait de boire
la dérive qui mène au cœur bleu du chemin
la terre qui geint malgré les sourires mûrs
puis le soc du temps mort
qui cogne arase et lisse nos saisons
Et nous
dans la turbulence de nos vols usurpés
tremblés
fous de larmes non versées16 novembre 2011
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Bribes 3.5
On marche en vent debout longtemps
on s’invente proue de vie au fond des dunes désertées
On marche sur les longues plages
jusqu’à l’extinction du regard
Parole est vive en nos réveils
la nuit à deviner la mer
sur nos visages durs et nus
nos souffles adjacents qui tanguentToutes les noces sont d’écume
à nos cœurs
nos doigts souples croisés
pour ne pas nous perdre
On marche
Et voluptueusement parfois
les marées nous consumentLe soleil disparu sombré derrière le monde
pour qu’il renaisse
il faudra le rêver.12 novembre 2011
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Bribes 3.4
Le vœu qui tremble au fond de soi
Pas l’espérance
le vœu
celui qui dans la forêt trace
des chemins incertains aux cœurs des sources
plaide au ciel d’autres moissons
Implore de vous un peu de sève en plus
Y réussi
parce que fou vous êtes
Le vœu qui doit vous perdre est votre maison blanche2 novembre 2011
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Bribes 3.3
Je ne dis pas
je suis ma chair
je scintille
Je suis fier de ma flammeJe n’exhorte rien
sinon mon vœu1er novembre 2011
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Bribes 3.2
Il y eut une descente froide des mots
Un voile de silence brume de vie
Aucun vent pour disperser
Le noyau nu non dit
qui malgré tout me porte
Là où je suis
désesperé dans l’aire ouverte
de mes désirsJe nais au pays de l’outre-parole
Je vais en rencontre
J’arrive31 octobre 2011
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Bribes 3.1
Un rire seul
Même tendu comme l’arc
Ne changera pas la couleur du ciel
Aux lèvres de nos derniers baisersUn rire seul
Fleur brûlure au-dedans
Est une danse désespérée
De soi28 septembre 2011
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Bribes 2.9
A certaines heures
Très rares et très précieuses
Sans heurt et sans surprise
Âme et corps en apesanteur
Il arrive que par grâce et pendant un très très court instant
Tout devienne lumineusement
Inaccessible
Le bleu du ciel le parfum des fleurs
Les sourires des femmes et leurs perfusions lentes
La musique des mots le violon des jours
Dans la suspension folle de notre mer étaleEt au creux de ce silence nu
Nourri de seule soif et lourd de seul secret
N’existe plus que cette petite balle noire et dure
Et têtue
Qui file dans la chair du temps
Pour enfin déchirer
Son vide incandescentLa niche de la vie est un néant superbe
26 septembre 2011
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Bribes 2.8
Mettre des gestes sur
[,,*40,,un corps un regard une odeur,
[,,*40,,comme aux temps sauvages où l’on se plaisait,
[,,*40,,sans rite,
[,,*40,,sans peur cou ouvert,
couperet tête
[,,*80,,baissée offerte,
sans défi
même pas sur le sang des pierres ancestralesRetenir mille paniques
de nos corps naufragés
Oublier mille vies mille blessures
et très vite encore
se faire douceur violemment23 septembre 2011
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Bribes 2.7
Nuit nue qui tremble
Je me sens respecté jusqu’en tes battements
Je dois dormir d’un sommeil aussi blanc que le jour
Dans mes creux mes failles et mes défaillements
j’aime croire encore en ton joug qui libère20 septembre 2011
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Bribes 2.6
Au bout de l’été nos derniers doutes
Nos pas déroutés de pierres et de soleil voûté
Tout le visible couché pour nous
Et l’ondoyance de nos regardsNous n’étions pas encore las de nos coeurs en désordre
La page se froissait
Mais nos ports encore riches et nos mains renouées
Levaient des feux dans l’ombreSouviens-toi des cils des arbres
Des aveux des nuages et des chansons de l’eau
Souviens-toi des exquises brûlures
Au coin des motsC’était
l’année des papillons blessés26 août 2011