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Le peseur d’or et sa femme

mardi 28 janvier 2014, par Ariane Bach

De riches objets abandonnés aux vieux papiers
Un grimoire fermé depuis longtemps
Une décoration sans nom pend à un clou
Un porte-feuille écorné qui craque
Une orange mûre, déjà brunissante, bientôt asséchée
Carafe de verre vide où se meurt discrètement le jour, anamorphosé.

Une balance répudiée se morfond
Une bougie éteinte à moitié consumée ne lui répond pas
Un calice de cristal coiffé d’orfèvrerie, aussi vide que la carafe.

Derrière la porte, c’est le murmure des ragots.

Un homme

Une femme

Un homme, manteau bleu usé tirant sur l’indéfinissable
Manchettes en vison pelé découturé, défroque fatiguée
Cadeau d’une femme que l’on ne regarde plus, que l’on ne voit plus.

On regarde l’or et les perles, on soupèse, on comptabilise
Coude assuré sur la table
Concentration machinale.

Une pièce d’or grisée ici.
Petits pesons là.
Le tas des écus attend son tour
Patience des objets.

Une femme, coiffe mal épinglée,
Eteignoir d’un visage alourdi de routine.
On ne cherche plus à se plaire.
Rêverie détournée de la parole sacrée, que l’on ne lisait pas de toute manière.

On regarde la richessse.
Pour ce qu’elle est.
Sans espérance d’en plus rien faire un jour.

Et un miroir, détourné des époux érodés.
Echappée de lumière sur l’église
Image convexe, ventrue, grosse du salut à venir pour ceux qui veulent bien voir.

Mais l’or a absorbé leur substance
Ils ne veulent plus voir
Is ne veulent plus regarder.
Ils se sont desséchés.