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L’épaule de Silène

samedi 1er février 2014, par Geneviève Maurel

Quelle que soit la main qui s’y pose, l’épaule de Silène, chair douce et moelleuse, ne danse plus.

L’épaule de Silène, arrondi sucré de l’enfance, guirlande de muscles estampillés, cortège de veines frondeuses ; l’épaule de Silène froide et charnelle à la fois, ne danse plus.

Pour qui s’y attarderait, pour qui s’y attacherait, l’épaule silencieuse de Silène recèlerait des plis enluminés, des profondeurs potelées, des traces d’épopée, la sagesse de l’aimé.

Mais elle ne danse plus, paralysée sur les marches de l’escalier.
L’épaule de Silène, immortalisée par nos regards habillés, par la froideur du marbre blanc, l’épaule de Silène, repère des naufragés, s’est noyée.

Et elle ne danse plus, emplâtrée par l’ivresse figée des mortels.
L’épaule de Silène, immobile, ne danse plus.
Pourtant, l’épaule de silène, je m’y suis attachée.