phonographe

Le père d’Edmond Combaux, Henri Combaux, était musicien — je n’en sais pas plus. Sa mère, Pauline Cassagniaut, professeur de musique.

Je crée entièrement cette absence de phonographe. Je lui attribue le rejet du monde artistique que mon arrière-grand-mère eut, après 40. Elle et son mari avaient été, à Amiens, des artistes de cabaret et à l’arrivée de la guerre, elle déchira sa collection de photographies, pour oublier ce passé de vie légère, en des jours d’exode où tout pesait. Une culpabilité soudaine, inexplicable.

Edmond Combaux n’a pas de phonographe. Non qu’il n’aime pas la musique, mais il n’aime pas ses parents et leurs goûts artistiques, leur vie hors du monde et des réalités, voilà pourquoi Edmond Combaux fredonne, sans plus, un simple bourdon de gorge, à peine une joie pour lui-même, dans le bureau jouxtant le salon, chez lui, en attendant Sueur. On frappe.