armoires

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L’armoire d’amplificateurs et de têtes de câbles était monstrueuse. J’ai essayé d’en rendre compte dans le texte, mais n’ayant pas tous les éléments sur le transport par exemple, il m’a fallu simplifier, aller au plus direct, tout en suggérant la difficulté de l’opération.

Voici les extraits où apparaît l’armoire pour la première fois.

Deux jours plus tard, Jung apporte par péniche, puis remorque à vélo de quoi compléter les meubles des Laurenti : deux autres chaises, une petite table à tiroir, un lit de camp, une commode fermant à clé, une grosse armoire métallique, un bureau étrange. Tout cela, surtout les deux derniers objets emballés dans du kraft, sont très lourds, et il faut être deux, avec Combaux, pour pousser le vélo tirant la remorque depuis l’écluse de Neuilly-sur-Marne, jusqu’au pavillon. Cinq kilomètres d’efforts après vingt-six kilomètres dans une péniche amie, et cinq depuis les puces de Montreuil.

Et plus loin :

La grosse armoire métallique est faite de trois blocs verticaux d’une soixantaine de centimètres chacun, deux pour les têtes de câbles, plus la baie d’amplification à droite. Chaque bloc est composé d’éléments horizontaux comme des tiroirs, d’où saillent non pas une poignée mais des cubes identifiés par des étiquettes métalliques. Sur le premier bloc, à gauche, en haut, deux cadrans ronds avec aiguille, et deux potentiomètres rotatifs. Puis il y a la table d’écoute, en bois vernis, comme un piano droit disposant d’un panneau du haut disproportionné et percé de plusieurs rangées de paires de prises jack avec ampoule, une par circuit, et, à la place des touches noires et blanches du clavier, une tablette de bois éclairée par une lampe de chevet intégrée, sur laquelle repose un casque à un écouteur. Le matériel est impressionnant comme un décor du film Metropolis, et surtout il tient par miracle car aucune mesure n’a pu être prise au préalable.

Dans un document de l’AGEAT, et dans ce que dit le Cahier FNARH 139, l’ensemble du matériel pesait une tonne, ou pas loin d’une tonne. Il semble peu probable de pouvoir le tirer à seulement deux hommes, même dans une charrette. Peut-être y a-t-il eu deux voyages ? Je ne sais pas exactement où est arrivé le matériel. Je sais qu’il est arrivé par la Marne, et qu’il a été tiré par charrette et bicyclette jusqu’au pavillon. Les meubles aux puces de Montreuil semble également avéré (AGEAT, J-M Decoulange).

Tête de câble (modèle 1937). Collec. AMHITEL, extrait du Cahier FNARH 139.

J-M Decoulange (UnaTrans) écrit "Le 6 avril 1942, tout est prêt pour recevoir le matériel d’écoute. Trois jours après, M. Lebedinski fait livrer les amplificateurs que M. Sueur transporte aussitôt au pavillon ; les têtes de câble et les amorces suivent. Il ne reste plus sur place qu’à procéder au montage de tout cet équipement en attente de branchement". Pierre Arcangeli (Cahier FNARH) précise que des pièces détachées ont été livrées. Je reprends cette idée dans mon texte, en supposant une livraison en plusieurs fois.

On peut se reporter au pavillon pour avoir plus de détails.

Reconstitution par l’AGEAT pour le documentaire Hitler sur table d’écoute de Laurent Bergers et Marie Gatard :