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de plafond en plafond, ballade au Louvre en...
lundi 2 juin 2014, par
Tu es ni nymphe ni sirène, peut-être l’un et l’autre. Tes pieds disparaissent dans un nuage d’étoffes orangées. Tu as la fraîcheur et la grâce de la jeunesse ; tes poignets sont délicats, ta peau a la finesse d’un pétale veiné de rose ; tes ailes se déploient ; tu prends de l’altitude ; ton sein gauche est dénudé ; ta tête est ceinte d’une couronne de vivaces printanières ; tes mains s’apprêtent à se désunir et à lâcher sur Cupidon ton chargement de fleurs ; tu abandonnes la place pour faire œuvre d’héraut et chanter la venue de celui sans lequel rien ne s’harmonise.
Tu vas chercher la Guerre pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Elle se tapit derrière le corps d’un sphinx et se repose de toutes ses campagnes. « Trop, c’est trop », me dit-elle. Tu ne lui laisses pas le temps de se plaindre, mais l’entraine dans un tourbillon de volutes. D’une noix de St Jacques, vous saisissez un ruban pour vous laisser glisser le long d’une guirlande végétale. Les macarons considèrent gravement vos cabrioles sans s’en indigner. Eux connaissent déjà l’irremplaçable nouvelle : la naissance d’Amour !
Vous poursuivez votre route dans le fouillis des feuilles d’acanthe, vous jouez à cache-cache derrière les cornes d’abondance. Votre esprit bat la campagne tandis que vos corps galopent dans les extravagances végétales du verger céleste. Vous croisez deux atlantes pensifs qui saluent votre ardeur avant de se replonger dans leur mélancolique regard.
Il y a belle lurette que la guerre a jeté ses attributs dans les buissons, écus, lances, casque et épée qui encombraient sa course. Elle se réjouit avec toi de contempler la nudité d’amour. Bizarrement quand nous arrivons, ça sent la poussière. Work in progress. Amour grandit dans le poudroiement de paillettes dorées qui nous aveugleraient si nos yeux ne s’étaient pas habitués à tant d’éclat.
Deux figures égarées s’égosillent sur leur téléphone portable allo ? allo ? Peut-être elles aussi cherchent-elles à communiquer l’avènement universel. Vous les suivez ? Devant vous s’offre un long tunnel voûté. Assurément il vous conduira tout près de la pyramide.
Là réside le grand trésor conquis par la Guerre pour Amour : des amoncellements d’argent, d’or, de cuivre ; de pierres précieuses : rubis, saphir, émeraude ; des coffres ajourés, ciselés, niellés, champlevé, émaillé et doré ; des émaux ; des perles de verre ; des marquèteries de bleus – turquoise, calcédoine- , de verts et de grenats dessinant des griffons, des arbres de vie, des lions gisants.
Là tout parle à l’âme en secret sa douce langue natale.