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Archives du Semenoir de Maryse Hache

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cut-up #12 promenade chez @lmorali invitée vasesco nov 2012

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cut up dans les portes, le corps des forêts chez laure morali  qui me fait bonheur d'accepter, le temps d'un vasecommunicant, en novembre, l'échange de nos terres d'écriture

http://www.lauremorali.net/
.
.
.
sous la brume éclaircie d'un paquet de mousses marche petite joie des derniers fruits à cueillir ma bonne étoile entre les branches nous étions des forêts 
.
les peaux tendues des martres crevaient notre sommeil à chaque hurlement de loup les pattes de lièvre avaient le pouvoir d'une douce fourrure décolorée réchauffant nos doigts gelés
.
surprendre des vibrations de l'air des rires qui brillent entre les plis de la terre à l'heure où le caribou chante de grands colliers encerclaient nos jambes osselets de têtes de truites grises
.
les lichens floconneux nous donnaient le pas rebondissant sur la piste du caribou des bois parfois un panache tombé d'une mue émergeait des mousses tu riais caressant le panache
.
.
tu dansais en plein milieu du lac 
tu riais tant elle était belle cette fille 
ce souffle en toi les arbres  
.
Nous avons mis le canot à l'eau dans la nuit puissante. Nous passerions une autre belle journée ensemble au cœur de ton monde.
.
La blancheur nous reliait les uns aux autres. Le jour où tu as voulu tuer Kimo, le chien. Tu as ri quand je t'ai dit que Kimo était mon ami. Je ne voulais pas qu'il meure
.
Tes yeux, quand j'ai arrêté ton bras, euphorie et peur dans ces quelques secondes où je me suis interposée entre toi et le chien, contact charnel entre la vie et la mort, l'éclat bref de la hache qui dévie de son chemin chorégraphie de nos corps sur ce lac libérés de leurs principes par la possibilité du rire, et ton nom de neige abandonné au vent, Shimun.
.
elle a commencé à chanter, la forêt. La gorge de la terre a poussé un son nu vers les étoiles. Le chant montait de l'eau en nappe translucide et redescendait en glace sur la forêt. « Naur, m'as-tu dit, c'est la glace qui chante en se formant »
.
S'approcher en silence du lac, les pieds dans la mousse, et sentir l'émotion des choses. Une intime confidence te pénètre, la joie d'un présent. un animal. Un vent. La chute d'un fruit. Et vouloir crier tout l'amour que te fait porter la terre avec sa beauté périlleuse
.
on n'épuise jamais un visage. Il reste toujours un pli au coin des lèvres, une brillance à l'œil qu'on n'a pas vus. Cette femme frêle Maniten, t’avait mis au monde en chemin dans la forêt — elle et toutes ses grands-mères avec elle. J'ai toujours le gilet rose qu'elle m'a offert. 
.
auprès d'un poêle de tôle bien rouge. La neige, le thé.
.
Ma silhouette d'alors continue de se promener dans les sentiers moelleux de lichen aux empreintes de sabots de caribous solitaires. La légèreté est une vague qui nous poursuit pour nous ramener dans les lieux peu nombreux de cette terre où, au moins une fois, nous avons été heureux. 
ces regards fuselés de Fous de Bassan, ces doigts pelés de froid, ces sourires de légendes mauves qui peuplaient notre enfance derrière les meubles lourds bien cirés le dimanche, aux dentelles jaunies couleur pommes à cidre / on se laisse prendre au filet verdâtre des aurores boréales qui se baignent parmi les goélands dans la nuit,/ nous n'avions que nos poèmes dans les poches pour nous suffire
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mardi 16 oct 2012

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cut up dans les portes, le corps des forêts chez laure morali  qui me fait bonheur d'accepter, le temps d'un vasecommunicant, en novembre, l'échange de nos terres d'écriture

http://www.lauremorali.net/
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sous la brume éclaircie d'un paquet de mousses marche petite joie des derniers fruits à cueillir ma bonne étoile entre les branches nous étions des forêts 
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les peaux tendues des martres crevaient notre sommeil à chaque hurlement de loup les pattes de lièvre avaient le pouvoir d'une douce fourrure décolorée réchauffant nos doigts gelés
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surprendre des vibrations de l'air des rires qui brillent entre les plis de la terre à l'heure où le caribou chante de grands colliers encerclaient nos jambes osselets de têtes de truites grises
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les lichens floconneux nous donnaient le pas rebondissant sur la piste du caribou des bois parfois un panache tombé d'une mue émergeait des mousses tu riais caressant le panache
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tu dansais en plein milieu du lac 
tu riais tant elle était belle cette fille 
ce souffle en toi les arbres  
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Nous avons mis le canot à l'eau dans la nuit puissante. Nous passerions une autre belle journée ensemble au cœur de ton monde.
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La blancheur nous reliait les uns aux autres. Le jour où tu as voulu tuer Kimo, le chien. Tu as ri quand je t'ai dit que Kimo était mon ami. Je ne voulais pas qu'il meure
.
Tes yeux, quand j'ai arrêté ton bras, euphorie et peur dans ces quelques secondes où je me suis interposée entre toi et le chien, contact charnel entre la vie et la mort, l'éclat bref de la hache qui dévie de son chemin chorégraphie de nos corps sur ce lac libérés de leurs principes par la possibilité du rire, et ton nom de neige abandonné au vent, Shimun.
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elle a commencé à chanter, la forêt. La gorge de la terre a poussé un son nu vers les étoiles. Le chant montait de l'eau en nappe translucide et redescendait en glace sur la forêt. « Naur, m'as-tu dit, c'est la glace qui chante en se formant »
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S'approcher en silence du lac, les pieds dans la mousse, et sentir l'émotion des choses. Une intime confidence te pénètre, la joie d'un présent. un animal. Un vent. La chute d'un fruit. Et vouloir crier tout l'amour que te fait porter la terre avec sa beauté périlleuse
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on n'épuise jamais un visage. Il reste toujours un pli au coin des lèvres, une brillance à l'œil qu'on n'a pas vus. Cette femme frêle Maniten, t’avait mis au monde en chemin dans la forêt — elle et toutes ses grands-mères avec elle. J'ai toujours le gilet rose qu'elle m'a offert. 
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auprès d'un poêle de tôle bien rouge. La neige, le thé.
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Ma silhouette d'alors continue de se promener dans les sentiers moelleux de lichen aux empreintes de sabots de caribous solitaires. La légèreté est une vague qui nous poursuit pour nous ramener dans les lieux peu nombreux de cette terre où, au moins une fois, nous avons été heureux. 
ces regards fuselés de Fous de Bassan, ces doigts pelés de froid, ces sourires de légendes mauves qui peuplaient notre enfance derrière les meubles lourds bien cirés le dimanche, aux dentelles jaunies couleur pommes à cidre / on se laisse prendre au filet verdâtre des aurores boréales qui se baignent parmi les goélands dans la nuit,/ nous n'avions que nos poèmes dans les poches pour nous suffire
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mardi 16 oct 2012

mardi 16 oct 2012

mesmoires 19 / mandoline

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Libellule mesmoires IMG_0880
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il la prenait de temps en temps, bel objet de bois, bombée, quatre double cordes, une bouche ouverte sur la table d'harmonie, on dit : grande ouïe centrale ovale ; il y avait sur le manche des petits points gris, nom officiel : des frettes ; il y avait aussi au bout du manche, là où se réunissaient les cordes, où elles étaient accrochées, une petite plaque métallique : nom officiel : chevillier  ;  et des petits boutons en ivoire qu'il tournait de temps en temps pour  resserrer ou desserrer les cordes ; ne connaissait en fait de mots techniques que mediator, petit morceau en triangle un peu arrondi comme larme, tenu entre pouce et index, avec lequel il grattait les cordes
.
il arrivait, lorsqu'il l'accordait, en tournant les petits boutons blancs, qu'une corde cédât dans un bruit métallique ; et soudain elle perdait sa rigidité, s'amollissant presque ridicule ; il en avait en réserve, en une petite pochette papier, achetée boulevard beaumarchais, chez paul beuscher
.
il la prenait de temps en temps et grattait avec son médiator main droite et pinçait cordes main gauche;  faisait naître musique acide aigrelette ; sans aucune connaissance musicale sauf celle de l'écoute, oreille sensible ; où avait-il entendu ce qu'il tentait de reproduire ; peut-être à Żagań, pendant ses cinq ans de captivité en silésie orientale, avait-il rencontré quelque musicien, quelque zigeuner, quelque russe, polonais, mélomanes ou simples amoureux de la musique, mais souvent il m'a semblé que son attachement à cette musique, plutôt populaire que savante, venait de là-bas
.
main droite grattait grattait et c'était comme trémolos, tandis que main gauche, montait et descendait le long du manche, pinçant les cordes ; on voyait mouvements de poignets, ses doigts s'élever et descendre, chevalière à l'annulaire brillait  - offerte pour ses vingt ans, dates naissance et anniversaire gravées à l'intérieur - (à mon doigt aujourd'hui) ; la musique était là, souvent malhabile, hésitante, simple, sans brio ; musique de rien qu'il exécutait avec attention et bonheur, qui semblait entrer jusqu'à son âme
.
ce qu'il aimait beaucoup : tenter de reproduire - et le disque tournait beaucoup à la maison - la mazurka de chopin op.33 n°2, que sa cadette avait dansé avec mademoiselle b. notre professeur de rythmique, ô honneur ô privilège - la maisonnée en était très fière
.
.
.
musigrains salle pleyel paris
assises sur fauteuils apparat
paravent écoutez qu'est-ce du
hautbois de la traversière de
flûte j'en sais rien clavecin
j'en sais rien violon bassons
viens donne-moi la main saxos
clarinette oui peut-être t'es
bête ou quoi t'écoute pas non
quoi trompette ou violoncelle
trompette eh oui contrebasses
cor anglais j'en sais rien tu
crois qu'il nous aime oui oui
clavecin mais pouquoi ils les
cachent tampon out musigrains
bonjour tourne-disque bonjour
transistor radio arcachon mer
concert chez mélomane pension
de famille fins d'après-midis
quelques uns recueillis et la
dite grande bientôt allez pas
d'énumération tu fatigues les
lecteurs je reconnais bien la
mandoline balalaïka harmonica  
 
.
.
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______________________________________________________________________________
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
elle se poursuit en images ici
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lundi 15 oct 2012

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Libellule mesmoires IMG_0880
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il la prenait de temps en temps, bel objet de bois, bombée, quatre double cordes, une bouche ouverte sur la table d'harmonie, on dit : grande ouïe centrale ovale ; il y avait sur le manche des petits points gris, nom officiel : des frettes ; il y avait aussi au bout du manche, là où se réunissaient les cordes, où elles étaient accrochées, une petite plaque métallique : nom officiel : chevillier  ;  et des petits boutons en ivoire qu'il tournait de temps en temps pour  resserrer ou desserrer les cordes ; ne connaissait en fait de mots techniques que mediator, petit morceau en triangle un peu arrondi comme larme, tenu entre pouce et index, avec lequel il grattait les cordes
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il arrivait, lorsqu'il l'accordait, en tournant les petits boutons blancs, qu'une corde cédât dans un bruit métallique ; et soudain elle perdait sa rigidité, s'amollissant presque ridicule ; il en avait en réserve, en une petite pochette papier, achetée boulevard beaumarchais, chez paul beuscher
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il la prenait de temps en temps et grattait avec son médiator main droite et pinçait cordes main gauche;  faisait naître musique acide aigrelette ; sans aucune connaissance musicale sauf celle de l'écoute, oreille sensible ; où avait-il entendu ce qu'il tentait de reproduire ; peut-être à Żagań, pendant ses cinq ans de captivité en silésie orientale, avait-il rencontré quelque musicien, quelque zigeuner, quelque russe, polonais, mélomanes ou simples amoureux de la musique, mais souvent il m'a semblé que son attachement à cette musique, plutôt populaire que savante, venait de là-bas
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main droite grattait grattait et c'était comme trémolos, tandis que main gauche, montait et descendait le long du manche, pinçant les cordes ; on voyait mouvements de poignets, ses doigts s'élever et descendre, chevalière à l'annulaire brillait  - offerte pour ses vingt ans, dates naissance et anniversaire gravées à l'intérieur - (à mon doigt aujourd'hui) ; la musique était là, souvent malhabile, hésitante, simple, sans brio ; musique de rien qu'il exécutait avec attention et bonheur, qui semblait entrer jusqu'à son âme
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ce qu'il aimait beaucoup : tenter de reproduire - et le disque tournait beaucoup à la maison - la mazurka de chopin op.33 n°2, que sa cadette avait dansé avec mademoiselle b. notre professeur de rythmique, ô honneur ô privilège - la maisonnée en était très fière
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musigrains salle pleyel paris
assises sur fauteuils apparat
paravent écoutez qu'est-ce du
hautbois de la traversière de
flûte j'en sais rien clavecin
j'en sais rien violon bassons
viens donne-moi la main saxos
clarinette oui peut-être t'es
bête ou quoi t'écoute pas non
quoi trompette ou violoncelle
trompette eh oui contrebasses
cor anglais j'en sais rien tu
crois qu'il nous aime oui oui
clavecin mais pouquoi ils les
cachent tampon out musigrains
bonjour tourne-disque bonjour
transistor radio arcachon mer
concert chez mélomane pension
de famille fins d'après-midis
quelques uns recueillis et la
dite grande bientôt allez pas
d'énumération tu fatigues les
lecteurs je reconnais bien la
mandoline balalaïka harmonica  
 
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
elle se poursuit en images ici
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lundi 15 oct 2012

lundi 15 oct 2012

mesmoires 18 / chaussures


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Libellule pour vignette mesmoires  IMG_0880
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en lien avec martine drai, entrée déjà au semenoir ici
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les petites chaussures enfance plastique transparent - c'est des méduses ou quoi - pour marcher sur beaux rochers bruns bretons et fouiller les creux avec filets et pêcher crevettes et  les lâcher plus loin dans un autre creux à petite flaque de mer
.
les chaussures plates à lacets (derby ou richelieu) cuir marron, on disait gold - merci grandes bêtes - comme elles faisait mal au contrefort - un jour trop pour supporter - qu'à cela ne tienne pas - (quelle pointure, peut-être 36) ; allez hop, je les enlève, chaussettes aussi, et là voilà pieds nus sur le macadam parisien, bientôt rentrée de l'école ; (là voilà bien loin de la révolte des va-nu-pieds soulèvement populaire normandie 1639 à la suite décision Louis XIII d’instaurer la gabelle dans le Cotentin à la place du privilège quart-bouillon) ; elle passe par le magasin arts et techniques de son père ; étonnement tendre du dit père ;  pourquoi ; ça fait mal ; oh dit-il note navrée en sa voix ; pas de grondade ;  alors ne plus les mettre jamais dit-il ; (elles étaient toutes neuves, achetées un bon prix sûrement, mais aucun mot là-dessus) ; elles sont restées dormantes en leur boîte
.
les sandales nu-pieds à petites lanières cuir marron vacances ; quelle pointure, 33-34 ; eau de mer en plages, sel, pluie ; macadam quiberon, macadam préfailles, macadam belle-île, macadam le portel ; elles courent, elles sautent, elles gambadent, elles jouent à la marelle, un deux trois jusqu'à ciel, elles jouent à la corde, à la balançoire, à cache-cache, elles jouent au yoyo, au badminton, au jokari ; elles font la course avec soeurette ; ellles se lancent courir confiance mille à l'heure jusque dans des bras qui la soulèvent et qui la font fournoyer dans les airs comme astre en sa révolution
.
les bottines tige mi-haute en corolle cuir jaune à petits talons sans lacets quinze centimètres ; pointure 39 ; véritable coup de foudre jonquille ; je les vis je les achetis ; présentése vente grand déballage, soldeur italien, colonnes boîtes empilées, celles du dessus ouverte ; des calzature quoi ; et hop je marche soleil ; elles marchent macadam parisien ; elles marchent amoureuse ; elles marchent place monge et grimpent les six étages chambre de bonne estudiantine ; elles marchent nuit rue de la sorbonne quai de seine place de la concorde lampadérée avenue de lowendal quai de seine place monge ;  elles marchent rue des beaux arts galerie art contemporain éblouissement découverte vladimir velikovic zoran mušič lydie arickx ; elles marchent artcurial avenue marigny découverte motherwell élégie à la république espagnole ; elles marchent amoureuse ; elles marchent chaussures fétiche portées jusqu'à leur extrême fin, puis gardées longtemps fétiche endormi au carton ; 
.
les chaussures grenat, découpées à lanières, brides arrière, pointure 39, talons 5 cm, avec découpes, achetées sous influence séduction mode, mais peu portées, pas le genre de la fille, trop hautes pour vivre en paix sur pieds marcheurs ; dormantes encore aujourd'hui en leur boîte  
.
les escarpins en cuir toilé rouge clinquant petits talons 3 cm ; elles ont marché elles aussi, un peu boulevard exelmans prof
.
les chaussons de danse, cuir rose, chaussés enfance, quelle pointure 20, puis le long des années dansantes 21, 22, 23, jusqu'à l'adolescence 37, ceux-là étaient cuir noir ;  ils étaient dits demi-pointe ; le professeur de rythmique, mademoiselle b. faisait découper un peu le coup de pied des siens, chez celui qui les vendait, pour plus de confort dansé ; nous faisons de même ; ils ont en fait des entrechats
.
les sandales nu-pieds bride arrière, pointure 39, plates, cuir doux, blanc, souple, recouvrant le dessus du pied, laissant paraître doigts de pied ; elles marchent amoureuse, ; magnifiques marcheuses d'été ; marcheuses voyages ; peut-être jusqu'aux caraïbes, île st vincent ; coucher de soleil sur atlantique, cocotiers, vous traverserez le bois de cocotier les mains sur la tête en cas de chute de noix ; perroquets somptueux vert pomme et rouge ; frangipaniers et leur parfum amande et vanille ; cocktails rhum noix de muscade râpée canne à sucre rondelle citron vert
.
les bottines grenat, lacées, petits talons 3 cm, cuir souple, douces à la marcheuse d'automne, elles marchent amoureuse, elles aussi
.
.
.
chaussures cuir de nos grandes bêtes abattoirs
pièces ouvriers savetiers cordonniers enclumes
alènes tranchets clous tiens te voilà scrupule
financier "dormait peu, chantait moins encore"
chaussures manufacturées fabriquées grand loin
souvent esclaves enfants honte à nous économie
meurtrière et pourtant elle marche elle marche
fait "trotter ses petites bottines" marche use
belles semelles chaussures gardiennes souvenir
rencontres balades danses liberté couleurs des
rêves des souffrances des disparues chaussures
désertées délaissées en solitude aux bords des
chemins chaussures inutiles remisées rayon des
ne pouvant plus servir chaussures en autrefois
aujourd'hui disparues c'est le règne chaussons
ô chaussure de nos belles vies en joie bonheur
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
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samedi 13 oct 2012


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Libellule pour vignette mesmoires  IMG_0880
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en lien avec martine drai, entrée déjà au semenoir ici
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les petites chaussures enfance plastique transparent - c'est des méduses ou quoi - pour marcher sur beaux rochers bruns bretons et fouiller les creux avec filets et pêcher crevettes et  les lâcher plus loin dans un autre creux à petite flaque de mer
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les chaussures plates à lacets (derby ou richelieu) cuir marron, on disait gold - merci grandes bêtes - comme elles faisait mal au contrefort - un jour trop pour supporter - qu'à cela ne tienne pas - (quelle pointure, peut-être 36) ; allez hop, je les enlève, chaussettes aussi, et là voilà pieds nus sur le macadam parisien, bientôt rentrée de l'école ; (là voilà bien loin de la révolte des va-nu-pieds soulèvement populaire normandie 1639 à la suite décision Louis XIII d’instaurer la gabelle dans le Cotentin à la place du privilège quart-bouillon) ; elle passe par le magasin arts et techniques de son père ; étonnement tendre du dit père ;  pourquoi ; ça fait mal ; oh dit-il note navrée en sa voix ; pas de grondade ;  alors ne plus les mettre jamais dit-il ; (elles étaient toutes neuves, achetées un bon prix sûrement, mais aucun mot là-dessus) ; elles sont restées dormantes en leur boîte
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les sandales nu-pieds à petites lanières cuir marron vacances ; quelle pointure, 33-34 ; eau de mer en plages, sel, pluie ; macadam quiberon, macadam préfailles, macadam belle-île, macadam le portel ; elles courent, elles sautent, elles gambadent, elles jouent à la marelle, un deux trois jusqu'à ciel, elles jouent à la corde, à la balançoire, à cache-cache, elles jouent au yoyo, au badminton, au jokari ; elles font la course avec soeurette ; ellles se lancent courir confiance mille à l'heure jusque dans des bras qui la soulèvent et qui la font fournoyer dans les airs comme astre en sa révolution
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les bottines tige mi-haute en corolle cuir jaune à petits talons sans lacets quinze centimètres ; pointure 39 ; véritable coup de foudre jonquille ; je les vis je les achetis ; présentése vente grand déballage, soldeur italien, colonnes boîtes empilées, celles du dessus ouverte ; des calzature quoi ; et hop je marche soleil ; elles marchent macadam parisien ; elles marchent amoureuse ; elles marchent place monge et grimpent les six étages chambre de bonne estudiantine ; elles marchent nuit rue de la sorbonne quai de seine place de la concorde lampadérée avenue de lowendal quai de seine place monge ;  elles marchent rue des beaux arts galerie art contemporain éblouissement découverte vladimir velikovic zoran mušič lydie arickx ; elles marchent artcurial avenue marigny découverte motherwell élégie à la république espagnole ; elles marchent amoureuse ; elles marchent chaussures fétiche portées jusqu'à leur extrême fin, puis gardées longtemps fétiche endormi au carton ; 
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les chaussures grenat, découpées à lanières, brides arrière, pointure 39, talons 5 cm, avec découpes, achetées sous influence séduction mode, mais peu portées, pas le genre de la fille, trop hautes pour vivre en paix sur pieds marcheurs ; dormantes encore aujourd'hui en leur boîte  
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les escarpins en cuir toilé rouge clinquant petits talons 3 cm ; elles ont marché elles aussi, un peu boulevard exelmans prof
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les chaussons de danse, cuir rose, chaussés enfance, quelle pointure 20, puis le long des années dansantes 21, 22, 23, jusqu'à l'adolescence 37, ceux-là étaient cuir noir ;  ils étaient dits demi-pointe ; le professeur de rythmique, mademoiselle b. faisait découper un peu le coup de pied des siens, chez celui qui les vendait, pour plus de confort dansé ; nous faisons de même ; ils ont en fait des entrechats
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les sandales nu-pieds bride arrière, pointure 39, plates, cuir doux, blanc, souple, recouvrant le dessus du pied, laissant paraître doigts de pied ; elles marchent amoureuse, ; magnifiques marcheuses d'été ; marcheuses voyages ; peut-être jusqu'aux caraïbes, île st vincent ; coucher de soleil sur atlantique, cocotiers, vous traverserez le bois de cocotier les mains sur la tête en cas de chute de noix ; perroquets somptueux vert pomme et rouge ; frangipaniers et leur parfum amande et vanille ; cocktails rhum noix de muscade râpée canne à sucre rondelle citron vert
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les bottines grenat, lacées, petits talons 3 cm, cuir souple, douces à la marcheuse d'automne, elles marchent amoureuse, elles aussi
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chaussures cuir de nos grandes bêtes abattoirs
pièces ouvriers savetiers cordonniers enclumes
alènes tranchets clous tiens te voilà scrupule
financier "dormait peu, chantait moins encore"
chaussures manufacturées fabriquées grand loin
souvent esclaves enfants honte à nous économie
meurtrière et pourtant elle marche elle marche
fait "trotter ses petites bottines" marche use
belles semelles chaussures gardiennes souvenir
rencontres balades danses liberté couleurs des
rêves des souffrances des disparues chaussures
désertées délaissées en solitude aux bords des
chemins chaussures inutiles remisées rayon des
ne pouvant plus servir chaussures en autrefois
aujourd'hui disparues c'est le règne chaussons
ô chaussure de nos belles vies en joie bonheur
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
elle se poursuit en images ici
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samedi 13 oct 2012

samedi 13 oct 2012

mesmoires 17 / gisol

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Libellule mesmoires IMG_0880

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on s'installait sur la table de la salle à manger ; y avait-il une toile cirée ; grand rituel des jours précédant la rentrée des classes ; excitation ; les deux soeurs étaient fières de leur brassée nouvelle de livres ; on faisait deux piles ; et c'était la mission du grand-père, fernand à moustache ; elle tenait dans l'expression couvrir les livres ; tout le nécessaire à disposition voisinait les deux piles : deux rouleaux, odeur caractérisrisque, papier plastifié brillant de couleur différente, une orange, une bleu ciel, du scotch et une paire de ciseaux bien affutée
.
l'opération commençait, bellement minutieuse ; grandeur de l'humble travail manuel ; le grand-père fernand à moustache prenait un livre d'une pile, déroulait le papier à couvrir, y déposait le livre pour mesurer, et on entendait crisser net les lames du ciseau ; rabattre un morceau de chaque côté du livre ; le livre fermé, couper en biais deux petites languettes de l'épaisseur de la tranche ; les plier et les glisser sous le livre ;  le livre ouvert, c'était le moment des rabats à plier et à scotcher, belles pliures exactement le long du bord du livre ; et il recommençait, dans l'amour des ses petites fille, autant de fois qu'il y avait de livres dans les deux piles ; année après année on avait appris à le faire et on s'y mettait avec lui  ;  trio paisible d'un moment partagé ; (bientôt ce fut lui qui plia ses angles)
.
c'était l'heure papier gisol
.
.
.
ô livres de notre enfance
à protéger entrée délices
trésor découvertes énigme 
histoire grammaire récits
école puis librairie d'or
et rouge marlaguette club
des cinq la chèvre de mon
sieur seguin mon blondine 
bonne biche et beau minon
quasi fétiche trilby puis
bientôt de la littérature
moments bénis où le monde
vous ouvre bras en infini
loin des miasmes morbides
.
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
elle se poursuit en images ici

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vendredi 12 oct 2012

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Libellule mesmoires IMG_0880

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on s'installait sur la table de la salle à manger ; y avait-il une toile cirée ; grand rituel des jours précédant la rentrée des classes ; excitation ; les deux soeurs étaient fières de leur brassée nouvelle de livres ; on faisait deux piles ; et c'était la mission du grand-père, fernand à moustache ; elle tenait dans l'expression couvrir les livres ; tout le nécessaire à disposition voisinait les deux piles : deux rouleaux, odeur caractérisrisque, papier plastifié brillant de couleur différente, une orange, une bleu ciel, du scotch et une paire de ciseaux bien affutée
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l'opération commençait, bellement minutieuse ; grandeur de l'humble travail manuel ; le grand-père fernand à moustache prenait un livre d'une pile, déroulait le papier à couvrir, y déposait le livre pour mesurer, et on entendait crisser net les lames du ciseau ; rabattre un morceau de chaque côté du livre ; le livre fermé, couper en biais deux petites languettes de l'épaisseur de la tranche ; les plier et les glisser sous le livre ;  le livre ouvert, c'était le moment des rabats à plier et à scotcher, belles pliures exactement le long du bord du livre ; et il recommençait, dans l'amour des ses petites fille, autant de fois qu'il y avait de livres dans les deux piles ; année après année on avait appris à le faire et on s'y mettait avec lui  ;  trio paisible d'un moment partagé ; (bientôt ce fut lui qui plia ses angles)
.
c'était l'heure papier gisol
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ô livres de notre enfance
à protéger entrée délices
trésor découvertes énigme 
histoire grammaire récits
école puis librairie d'or
et rouge marlaguette club
des cinq la chèvre de mon
sieur seguin mon blondine 
bonne biche et beau minon
quasi fétiche trilby puis
bientôt de la littérature
moments bénis où le monde
vous ouvre bras en infini
loin des miasmes morbides
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
elle se poursuit en images ici

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vendredi 12 oct 2012

vendredi 12 oct 2012

mesmoires 16 / étincelle

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Libellule mesmoires IMG_0880

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en promenade jardin, en promenade senteurs jardins ; au pied d'un noisetier avais planté une petite plante basse, feuilles bouclées, minuscules fleurs bleues pâles ; acheté chez pépiniériste ; nom latin oublié ; mais pas bonheur odeurs ; donc entre pouce et index, froisse quelques petites boucles feuilles et respire ; et soudain quelque chose surgit ; un corps subtil libéré d'une enveloppe vaporisant d'abord une brume  ;  je respire encore, ferme les yeux, respire ; dans la brume mémorielle subtil se love dans le mot noël ;  respire encore, réclamant encore ; love love , et s'élevant de la brume le voilà : le bâtonnet lumière

.
même odeur ; se rejoue gaieté lumière pétillance flammèches exubérance aérienne scintillement en petits lancés faisant la roue autour d'un court mât de cocagne ; pas loin, les mandarines et leurs étincelles personnelles, petites projections perles huileuses ; 
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étincelle de l'allume-gaz et son cristal piézo-électrique ; c'est avec lui que s'allumait le petit réchaud gaz quatre feux de la cuisine d'autrefois, tôle émaillée bleue à tâches blanches, posé sur un petit placard deux portes de même acabit ; et en route pour les moules marinières ; aujourd'hui cuisinière tôle émaillèe blanche mais toujours étincelle, l'allume-gaz est électrique ; et en route pour un crabe ou... des moules marinières ; où va se nicher souvenir de nos disparus : dans le crépitement étincelle d'un humble objet domestique
.
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.
étincelle de nos songes lumière
homme nouveau frappe et percute
et jaillit joie du feu fascinée
héphaïstos en sa puissance dans
la forge façonneur de nos armes
étincelle dans tes yeux d'amour
étincelles des grands feux amis
réunis chansons buvons sous les
voûtes vertige bleu nuit infini
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
elle se poursuit en images ici
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jeudi 11 oct 2012

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Libellule mesmoires IMG_0880

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en promenade jardin, en promenade senteurs jardins ; au pied d'un noisetier avais planté une petite plante basse, feuilles bouclées, minuscules fleurs bleues pâles ; acheté chez pépiniériste ; nom latin oublié ; mais pas bonheur odeurs ; donc entre pouce et index, froisse quelques petites boucles feuilles et respire ; et soudain quelque chose surgit ; un corps subtil libéré d'une enveloppe vaporisant d'abord une brume  ;  je respire encore, ferme les yeux, respire ; dans la brume mémorielle subtil se love dans le mot noël ;  respire encore, réclamant encore ; love love , et s'élevant de la brume le voilà : le bâtonnet lumière

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même odeur ; se rejoue gaieté lumière pétillance flammèches exubérance aérienne scintillement en petits lancés faisant la roue autour d'un court mât de cocagne ; pas loin, les mandarines et leurs étincelles personnelles, petites projections perles huileuses ; 
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étincelle de l'allume-gaz et son cristal piézo-électrique ; c'est avec lui que s'allumait le petit réchaud gaz quatre feux de la cuisine d'autrefois, tôle émaillée bleue à tâches blanches, posé sur un petit placard deux portes de même acabit ; et en route pour les moules marinières ; aujourd'hui cuisinière tôle émaillèe blanche mais toujours étincelle, l'allume-gaz est électrique ; et en route pour un crabe ou... des moules marinières ; où va se nicher souvenir de nos disparus : dans le crépitement étincelle d'un humble objet domestique
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étincelle de nos songes lumière
homme nouveau frappe et percute
et jaillit joie du feu fascinée
héphaïstos en sa puissance dans
la forge façonneur de nos armes
étincelle dans tes yeux d'amour
étincelles des grands feux amis
réunis chansons buvons sous les
voûtes vertige bleu nuit infini
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jeudi 11 oct 2012

jeudi 11 oct 2012

mesmoires 15 / cartable

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Libellule mesmoires IMG_0880

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sous l'impulsion de jean-marc undriener
@jm_undriener
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cartable école ; cuir ; on l'achetait rue du commerce paris quinzième maroquinerie, pour plusieurs années  ; un jour école, en haut d'un grand escalier extérieur de pierres rouge, pour une raison colère d'autrefois, lancée furieuse du dit cartable, dégringolade de la trentaine de marches ligne droite jusqu'au  ... paternel en bas de l'escalier ; présence exceptionnelle,  jamais il ne venait me chercher ; ai peut-être bien pris une paire de beignes, comme il disait
.
cartable fernand, grand-père ;  cuir marron, rabat à deux fermoirs ; remisé dans quelque placard du présent ; y dorment quelques lettres de sa main, quelques papiers administratifs, vestiges de son autrefois de feuilles
.
cartable camille, grand-mère ; cuir bleu marine assorti vêtements de ville et souliers, soufflets, compartiments (est-ce le mot approprié) rabat à deux fermoirs dorés ; fabriqué sur commande chez maroquinier parisien belle-famille ; il l'a accompagné, fidèle outil de travail parcours du train orsay denfert-rochereau pendant presque plus de vingt ans ; me souviens de l'odeur cirage, entretenir nourrir le cuir elle disait ; iĺ dort au présent, fatigué, mou, avachi, couleur délavée, empli de ses rêves - petites perceptions leibniziennes, ou simulacres épicuriens, atomes fins détachés de la matière - émanation d'un livre de voyage qu'elle aimait tant lire comme récits d'alexandra david-neel l'aventurière ou d'hélène boucher l'aviatrice
.
cartables paul, le paternel ; cuir nervuré marron, rabat deux fermoirs, soufflets, compartiments, cartable travail pour l'ordinaire ;  cuir lisse couleur acajou, rabat, un fermoir doré à serrure ; lorsque le rabat était ouvert s'étageaient lignes des compartiments ; cartable travail pour l'extra-ordinaire ; peut-être visite à l'usine de saint-brieuc où il faisait fabriquer ses pinceaux martre pour peintres en lettres, les ets bullier je crois - c'était encore le temps des calicots
.
cartable je, enfin moi, enfin narrateur, enfin elle ;  l'ai utilisé le petit cuir acajou élégant du père, travail cours philo et français, copies disssertation à même les petis compartiments ; ai acheté un, un seul rabat, cuir croûte marron, peut-être le tanneur, même usage travail mais moins taille de guêpe, on pouvait y glisser quelques livres ; il s'est baladé aussi études censier, sorbonne, bibliothèque sainte-geneviève ; il a aussi goûté grandes tables, chaises, sol, à bibliothèque forney hôtel de sens, paris, rue du figuier ; dorment aussi en quelque placard, au chaud des objets qui nous ont un peu façonnés à leur manière, reposoir de nos récits familiaux, de nos récits d'un intime, sinon commun, du moins possible de partager, lieux à leur tour 
.
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.
cartables peaux de nos tabernacles
domestiques cuir nos grandes bêtes
veau box vachette protectrice doux
étui de nos humbles affaires repos
outil fidèle nos boulots le parfum
envoûtant cuir de russie encensoir
ivresse en voltige ô nos souvenirs
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lundi 08 oct 2012

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Libellule mesmoires IMG_0880

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sous l'impulsion de jean-marc undriener
@jm_undriener
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cartable école ; cuir ; on l'achetait rue du commerce paris quinzième maroquinerie, pour plusieurs années  ; un jour école, en haut d'un grand escalier extérieur de pierres rouge, pour une raison colère d'autrefois, lancée furieuse du dit cartable, dégringolade de la trentaine de marches ligne droite jusqu'au  ... paternel en bas de l'escalier ; présence exceptionnelle,  jamais il ne venait me chercher ; ai peut-être bien pris une paire de beignes, comme il disait
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cartable fernand, grand-père ;  cuir marron, rabat à deux fermoirs ; remisé dans quelque placard du présent ; y dorment quelques lettres de sa main, quelques papiers administratifs, vestiges de son autrefois de feuilles
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cartable camille, grand-mère ; cuir bleu marine assorti vêtements de ville et souliers, soufflets, compartiments (est-ce le mot approprié) rabat à deux fermoirs dorés ; fabriqué sur commande chez maroquinier parisien belle-famille ; il l'a accompagné, fidèle outil de travail parcours du train orsay denfert-rochereau pendant presque plus de vingt ans ; me souviens de l'odeur cirage, entretenir nourrir le cuir elle disait ; iĺ dort au présent, fatigué, mou, avachi, couleur délavée, empli de ses rêves - petites perceptions leibniziennes, ou simulacres épicuriens, atomes fins détachés de la matière - émanation d'un livre de voyage qu'elle aimait tant lire comme récits d'alexandra david-neel l'aventurière ou d'hélène boucher l'aviatrice
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cartables paul, le paternel ; cuir nervuré marron, rabat deux fermoirs, soufflets, compartiments, cartable travail pour l'ordinaire ;  cuir lisse couleur acajou, rabat, un fermoir doré à serrure ; lorsque le rabat était ouvert s'étageaient lignes des compartiments ; cartable travail pour l'extra-ordinaire ; peut-être visite à l'usine de saint-brieuc où il faisait fabriquer ses pinceaux martre pour peintres en lettres, les ets bullier je crois - c'était encore le temps des calicots
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cartable je, enfin moi, enfin narrateur, enfin elle ;  l'ai utilisé le petit cuir acajou élégant du père, travail cours philo et français, copies disssertation à même les petis compartiments ; ai acheté un, un seul rabat, cuir croûte marron, peut-être le tanneur, même usage travail mais moins taille de guêpe, on pouvait y glisser quelques livres ; il s'est baladé aussi études censier, sorbonne, bibliothèque sainte-geneviève ; il a aussi goûté grandes tables, chaises, sol, à bibliothèque forney hôtel de sens, paris, rue du figuier ; dorment aussi en quelque placard, au chaud des objets qui nous ont un peu façonnés à leur manière, reposoir de nos récits familiaux, de nos récits d'un intime, sinon commun, du moins possible de partager, lieux à leur tour 
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cartables peaux de nos tabernacles
domestiques cuir nos grandes bêtes
veau box vachette protectrice doux
étui de nos humbles affaires repos
outil fidèle nos boulots le parfum
envoûtant cuir de russie encensoir
ivresse en voltige ô nos souvenirs
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
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lundi 08 oct 2012

lundi 08 oct 2012

mesmoires 14 / épeire fasciée

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Libellule pour vignette mesmoires  IMG_0880
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un grand récipient cylindrique en verre - reliquat du magasin lorsqu'il était encore dit marchand de couleur, autrefois aligné sur étagères exhibant couleurs en poudre : quelque sompteux bleu de cobalt ou jaune de naples ou jaune de chrome ; aujourd'hui empli de quelques herbes au fond et déposé au fond d'un jardin ; première station de cruauté domestique : attraper une proie pour attraper la convoitée ; c'est l'été ; repérer la dite proie c'est à dire une mouche, simple mouche, bientôt meurtrie ; jamais il ne ratait la capture ; tactique : attendre qu'elle se pose, lancer la main vivement du coté de la tête, une mouche n'a pas de marche arrière ; deuxième station : délicatement (et pourtant quel verbe!) arracher une aile ; troisième station : muni d'une pince à épiler pour la saisir, se déplacer jusqu'à un petit muret de pierre et la tenir à l'entrée d'une anfractuosité espérant que le petit bourdonnement émis par l'aile orpheline fera sortir la convoitée ; et patienter patienter patienter ; et la voilà qui se montre ; quatrième station : la capturer et la déposer dans le grand bocal cylindrique

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fin de la cruauté, début de la curiosité observatrice et fascinée ; la voilà, la convoitée, enlignée jaune et noire, un tigre fait araignée  : l'épeire fasciée ;  il m'emmenait souvent au jardin à la fraîche pour me faire admirer les toiles tissées entre feuilles ou branches, les gouttes de rosée accrochées à l'ouvrage tissé élégance ; la promenade quelquefois en déchirait une ; il arrivait aussi que nous voyions petites proies entortillées de soie qui attendait prochaine dévoration ; lors d'un récent octobre j'ai apercu dans les boucles des buis une petite boule marron pâle, après recherche c'est un cocon fabriqué par la femelle pour abriter camouflée sa ponte
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épeire fasciée et cocon mesmoires DSC_0852
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araignées amies en nos jardins
venez en buis feuilles buisson
déposer vos livrées légères et
toiles pièges pixels rosée que
ça scintille vie de nature les
fils soie offrande ô fragilité
et pourtant résistance en elle
cachée soyez remerciées d'être
venues dans nos petites terres
partager un moment beauté paix 
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dimanche 07 oct 2012

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Libellule pour vignette mesmoires  IMG_0880
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un grand récipient cylindrique en verre - reliquat du magasin lorsqu'il était encore dit marchand de couleur, autrefois aligné sur étagères exhibant couleurs en poudre : quelque sompteux bleu de cobalt ou jaune de naples ou jaune de chrome ; aujourd'hui empli de quelques herbes au fond et déposé au fond d'un jardin ; première station de cruauté domestique : attraper une proie pour attraper la convoitée ; c'est l'été ; repérer la dite proie c'est à dire une mouche, simple mouche, bientôt meurtrie ; jamais il ne ratait la capture ; tactique : attendre qu'elle se pose, lancer la main vivement du coté de la tête, une mouche n'a pas de marche arrière ; deuxième station : délicatement (et pourtant quel verbe!) arracher une aile ; troisième station : muni d'une pince à épiler pour la saisir, se déplacer jusqu'à un petit muret de pierre et la tenir à l'entrée d'une anfractuosité espérant que le petit bourdonnement émis par l'aile orpheline fera sortir la convoitée ; et patienter patienter patienter ; et la voilà qui se montre ; quatrième station : la capturer et la déposer dans le grand bocal cylindrique

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fin de la cruauté, début de la curiosité observatrice et fascinée ; la voilà, la convoitée, enlignée jaune et noire, un tigre fait araignée  : l'épeire fasciée ;  il m'emmenait souvent au jardin à la fraîche pour me faire admirer les toiles tissées entre feuilles ou branches, les gouttes de rosée accrochées à l'ouvrage tissé élégance ; la promenade quelquefois en déchirait une ; il arrivait aussi que nous voyions petites proies entortillées de soie qui attendait prochaine dévoration ; lors d'un récent octobre j'ai apercu dans les boucles des buis une petite boule marron pâle, après recherche c'est un cocon fabriqué par la femelle pour abriter camouflée sa ponte
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épeire fasciée et cocon mesmoires DSC_0852
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araignées amies en nos jardins
venez en buis feuilles buisson
déposer vos livrées légères et
toiles pièges pixels rosée que
ça scintille vie de nature les
fils soie offrande ô fragilité
et pourtant résistance en elle
cachée soyez remerciées d'être
venues dans nos petites terres
partager un moment beauté paix 
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
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dimanche 07 oct 2012

dimanche 07 oct 2012

mesmoires 13 / chaise de bureau


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Libellule mesmoires IMG_0880

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sous l'impulsion de françois bon : ceci est mon corps
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t'avais quel âge quand le paternel a installé dans la chambre les deux bureaux en fer et les chaises pivotantes en métal et... ... est-ce qu'on disait skaï ;  t'avais dans les 13, 14 ;  cette chaise elle était d'avant 1962, car elle avait sûrement déjà servi ; elle en a vu des jours de travail assis, devoirs d'école, prises de notes, courrier ; puis interruption quand j'ai quitté la maison familiale ; puis retour de la chaise au gré d'un déménagement
.
au petit bureau de bois, plus de dissertations, de devoirs d'école, plus beaucoup de papier sinon administratif, mais un ordinateur ; et la chaise sans roulettes pivotantes et réglable en hauteur est bien occupée ; je m'asseyais encore dessus il n'y a pas si longtemps mais  ... ;  mais elle est en fin de parcours, très usée au bord de l'assise, (le skaï est déchiré) vu que toujours assise sur les ischions et sans s'appuyer le dos et au bord des chaises car ai les pattes un peu courtes, chez moi c'est le buste qui est plutôt grand ; nécessité donc d'en acheter une neuve, ce que je fis
.
et voilà un nouvel objet-à jeter-que-je-n'aime-pas-jeter ; objets inanimés etc. ; mais oui vous l'avez l'âme ; c'est en elle que reposent vibrations émotions ; objet au-delà de lui-même, aura qui le poudroie ; objet qui porte avec lui ce que nous sommes ; elle est là la vieille chaise de bureau, qui me regarde ; jusqu'à quand
 .
.

Bureau en fer
image cueillie ici
.
.
.
chaises de nos vies petit
fauteuil en bois enfances
petite table comme grands
assise à lire marlaguette
dessiner une maison fumée
cheminée chaise table bon
appétit tout le monde les
miettes ça gratte cuisses
l'été à l'école chaise la
cantine sinon banc bureau
double à pupitre abattant
chaise salles en sorbonne
chaise en la bibliothèque
chaise manger écrire lire
chaises roulettes bientôt
chaises désertées chanter
l'absence des corps autre
fois avec nous souffle et
voix aujourd'hui disparus

.
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
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samedi 06 oct 2012


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Libellule mesmoires IMG_0880

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sous l'impulsion de françois bon : ceci est mon corps
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t'avais quel âge quand le paternel a installé dans la chambre les deux bureaux en fer et les chaises pivotantes en métal et... ... est-ce qu'on disait skaï ;  t'avais dans les 13, 14 ;  cette chaise elle était d'avant 1962, car elle avait sûrement déjà servi ; elle en a vu des jours de travail assis, devoirs d'école, prises de notes, courrier ; puis interruption quand j'ai quitté la maison familiale ; puis retour de la chaise au gré d'un déménagement
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au petit bureau de bois, plus de dissertations, de devoirs d'école, plus beaucoup de papier sinon administratif, mais un ordinateur ; et la chaise sans roulettes pivotantes et réglable en hauteur est bien occupée ; je m'asseyais encore dessus il n'y a pas si longtemps mais  ... ;  mais elle est en fin de parcours, très usée au bord de l'assise, (le skaï est déchiré) vu que toujours assise sur les ischions et sans s'appuyer le dos et au bord des chaises car ai les pattes un peu courtes, chez moi c'est le buste qui est plutôt grand ; nécessité donc d'en acheter une neuve, ce que je fis
.
et voilà un nouvel objet-à jeter-que-je-n'aime-pas-jeter ; objets inanimés etc. ; mais oui vous l'avez l'âme ; c'est en elle que reposent vibrations émotions ; objet au-delà de lui-même, aura qui le poudroie ; objet qui porte avec lui ce que nous sommes ; elle est là la vieille chaise de bureau, qui me regarde ; jusqu'à quand
 .
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Bureau en fer
image cueillie ici
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chaises de nos vies petit
fauteuil en bois enfances
petite table comme grands
assise à lire marlaguette
dessiner une maison fumée
cheminée chaise table bon
appétit tout le monde les
miettes ça gratte cuisses
l'été à l'école chaise la
cantine sinon banc bureau
double à pupitre abattant
chaise salles en sorbonne
chaise en la bibliothèque
chaise manger écrire lire
chaises roulettes bientôt
chaises désertées chanter
l'absence des corps autre
fois avec nous souffle et
voix aujourd'hui disparus

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samedi 06 oct 2012

samedi 06 oct 2012

mesmoires 12 / rythmique

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Libellule mesmoires IMG_0880
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posé chassé six ans, elles suivent le cours de danse de mademoiselle b. à l'école, paris quinzième, rue de lourmel, mademoiselle g. est au piano ; enroulé fermé sept ans huit ans neuf ans dix ans onze ans, elles suivent le cours de danse de mademoiselle b. à l'école, paris quinzième, mademoiselle g. est au piano ; piqué pointé sept ans huit ans neuf ans dix ans onze ans, elles suivent le cours de danse de mademoiselle b. hors de l'école, dans un studio, seixième arrrondissement, avenue georges-mandel ; saut de biche elles ont douze ans, mademoiselle b. part au cameroun
mademoiselle b. notre bonheur de corps enfance ; elle préparait tous les ans un spectacle de fin d'année ; chacune de ses classes dansait sa part ; elle construisait l'ensemble autour d'un thème : les saisons, ou autour de contes ou de textes : les lettres de mon moulin ; elle inventait toute une fresque colorée de costumes ; et elles découvrirent danse hongroise de dvorak, mazurka de chopin, menuet de boccherini, danse russe troïka, danse ukrainienne tropotianska
.
entrechat quatre elle revient du cameroun mais point  à l'école, quelqu'un l'a remplacée ;  la magie de mademoiselle b. est irremplaçable ; sa parole claire, imagée, suscitant les gestes de la danse, attitude ; ses mains qui volètent pour désigner nos places, sissonne ; le rituel de son changement de tenue, enfiler le collant noir, la petite jupette plissée rose, le cache coeur, les chaussons roses ou noir demi-pointes échanncrés sur mesure dans. la boutique de l'avenue emile-zola - nous ferons de même - la colllophane ;  nous n'allons plus au cours de danse à l'école
.
mademoiselle b. disait cours de rythmique
.
.
Tutu
.
Robe orange

 . 

Jupettte melle b
.
.
.
.
ô danse ta vie danse la
musique de ta vie cours
le corps joue articules
jeté battu danse épaule
cuisses chevilles danse
bassin poignets respire
danses over the rainbow
danses par-dessus haies
buissons bosquets danse
avec oiseaux libellules
danse fleurs et flaques
danse avenues en arbres
danses ruelles impasses
danse marée et crevette
danse gouffres collines
danse ton écrirlire ton
monde amis amours danse
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vendredi 05 oct 2012

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posé chassé six ans, elles suivent le cours de danse de mademoiselle b. à l'école, paris quinzième, rue de lourmel, mademoiselle g. est au piano ; enroulé fermé sept ans huit ans neuf ans dix ans onze ans, elles suivent le cours de danse de mademoiselle b. à l'école, paris quinzième, mademoiselle g. est au piano ; piqué pointé sept ans huit ans neuf ans dix ans onze ans, elles suivent le cours de danse de mademoiselle b. hors de l'école, dans un studio, seixième arrrondissement, avenue georges-mandel ; saut de biche elles ont douze ans, mademoiselle b. part au cameroun
mademoiselle b. notre bonheur de corps enfance ; elle préparait tous les ans un spectacle de fin d'année ; chacune de ses classes dansait sa part ; elle construisait l'ensemble autour d'un thème : les saisons, ou autour de contes ou de textes : les lettres de mon moulin ; elle inventait toute une fresque colorée de costumes ; et elles découvrirent danse hongroise de dvorak, mazurka de chopin, menuet de boccherini, danse russe troïka, danse ukrainienne tropotianska
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entrechat quatre elle revient du cameroun mais point  à l'école, quelqu'un l'a remplacée ;  la magie de mademoiselle b. est irremplaçable ; sa parole claire, imagée, suscitant les gestes de la danse, attitude ; ses mains qui volètent pour désigner nos places, sissonne ; le rituel de son changement de tenue, enfiler le collant noir, la petite jupette plissée rose, le cache coeur, les chaussons roses ou noir demi-pointes échanncrés sur mesure dans. la boutique de l'avenue emile-zola - nous ferons de même - la colllophane ;  nous n'allons plus au cours de danse à l'école
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mademoiselle b. disait cours de rythmique
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Tutu
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Robe orange

 . 

Jupettte melle b
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ô danse ta vie danse la
musique de ta vie cours
le corps joue articules
jeté battu danse épaule
cuisses chevilles danse
bassin poignets respire
danses over the rainbow
danses par-dessus haies
buissons bosquets danse
avec oiseaux libellules
danse fleurs et flaques
danse avenues en arbres
danses ruelles impasses
danse marée et crevette
danse gouffres collines
danse ton écrirlire ton
monde amis amours danse
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
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vendredi 05 oct 2012

vendredi 05 oct 2012

new york jeu de miroir | martine sonnet #vasesco

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Ne vous y trompez pas, ceux d’en face sous leurs airs cossus sont des gens un peu tordus. Mais toute discussion avec eux à ce sujet est vouée à l’échec car ils sont les seuls à ne pas s’en apercevoir. Le plus à plaindre de leurs louvoiements reste le syndic de la copropriété : imaginez l’assemblée générale annuelle de gens aussi retords, sûrs, mordicus, de leurs bons droits – et qui ne le serait pas recevant sa convocation, nantie de l’acknowledgement of receipt qui s’impose, à une adresse aussi prestigieuse ? Un point sur lequel, année après année, la copropriété ne parvient pas à s(e) ’(r)accorder est celui de la réfection des descentes de gouttières, serpent de mer des ordres du jour envoyés par le cabinet Young & Barnes & Morgan & Daughters & Sons (des trois indistinctement et de tous leurs lits, les filiations ne sont pas clairement établies et mieux vaut ne pas chercher à savoir). Le Conseil syndical a beau multiplier les demandes de devis à soumettre à ses mandants, pas un plombier de la ville, même d’origine polonaise - et dans cette ville il s’en rencontre, comme d’origine italienne ou chinoise -, n’envisagerait de lancer un chantier pareil. La seule estimation du nombre de coudes, demi-équerres et colliers nécessaires pour tenter de coller au bâti les en dissuade tous d’où qu’ils viennent. Les extravagances du cours du cuivre allongeraient une facture exorbitante même au propriétaire le moins pourvu en millièmes. Quand ceux d’en face cesseront de se gondoler on pourra reparler de leurs travaux. Car les conduits de cheminée ne valent guère mieux que les gouttières et les ramoneurs, même d’origine savoyarde, commencent à rechigner, lassés, comme leurs marmottes, d’autant de contorsions. Ceux d’en face de ceux d’en face, du moins parmi eux quelques grands vieillards qui en ont vu d’autres, prétendent que l’abus au cours des années 60 et 70 du siècle précédent, dans certains appartements, de substances à durables effets déformant les perceptions serait à l’origine des distorsions angulaires constatées. Quoi qu’il en soit, il serait grand temps de sauver la façade : tout bien situés qu’ils soient, sur Broadway, ces mètres carrés finiront par se dévaloriser.

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Façade

texte et image : martine sonnet

 

le txt mien : (emprise), dans l'échange, est accueili chez elle, ici.

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ai proposé un vaseco à martine sonnet qu'elle acceptée, dans l'aventure de son séjour new-yorkais, ce dont je la remercie fort

l'ai d'abord rencontrée via son site : 
accueil ici http://www.martinesonnet.fr/Site/Accueil.html
blog à l'enseigne de L'employée aux écritures
http://www.martinesonnet.fr/blogwp/
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et, je crois, ai très vite lu ce livre somptueux d'humanité envers les travailleurs de chez renaud-billancourt,  tissé de tendresse envers son père forgeron à l'atelier 62, d'où le titre de son texte,  Atelier 62, paru aux éditions Le Temps qu'il fait
ce qui concerne cette écriture se trouve là :
 http://www.martinesonnet.fr/Site/Atelier_62.html
.
historienne, ce qui la concerne c'est là 
http://www.martinesonnet.fr/Site/bibliographie.html
.
n'ai pas manqué non plus ses chroniques Montparnasse Monde et le bouquin éponyme
http://www.martinesonnet.fr/Site/Montparnasse_monde.html
.
l'ai rencontrée à deux reprises, de vif-corps, belle occasion à prendre de la voir et d'entendre sa voix
.
ai été impressionnée, lors d'une réunion lecture organisée dans une petite librairie de clamart, de la facilité simple et savante, à la fois, dont elle nous a parlé du texte de sa thèse qui venait enfin d'être rééditée : L'éducation des filles au temps des lumières, ed.Cerf
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*

cet échange du jour trouve lieu dans le cadre des vases communicants, ensemble polyphonique de création et d'échanges littéraires, lancé par françois bon et jérôme denis. Depuis juillet 2009, le premier vendredi du mois, chacun écrit chez l'autre, blog ou site.

comme chaque mois merci à brigite célerier qui tient blog paumée et qui y fait, en cette occasion mensuelle vasesco,  une fluide cueillette de chacun des partcipants

elle répertorie aussi, chaque mois, tous les participants ici 

vous pouvez lire aussi lire (extraits ou entier selon nombre de lignes)  tous les textes, réunis par pierre ménard / liminaire dans un sccoop.it dédié aux vases

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vendredi 05 oct 2012

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Ne vous y trompez pas, ceux d’en face sous leurs airs cossus sont des gens un peu tordus. Mais toute discussion avec eux à ce sujet est vouée à l’échec car ils sont les seuls à ne pas s’en apercevoir. Le plus à plaindre de leurs louvoiements reste le syndic de la copropriété : imaginez l’assemblée générale annuelle de gens aussi retords, sûrs, mordicus, de leurs bons droits – et qui ne le serait pas recevant sa convocation, nantie de l’acknowledgement of receipt qui s’impose, à une adresse aussi prestigieuse ? Un point sur lequel, année après année, la copropriété ne parvient pas à s(e) ’(r)accorder est celui de la réfection des descentes de gouttières, serpent de mer des ordres du jour envoyés par le cabinet Young & Barnes & Morgan & Daughters & Sons (des trois indistinctement et de tous leurs lits, les filiations ne sont pas clairement établies et mieux vaut ne pas chercher à savoir). Le Conseil syndical a beau multiplier les demandes de devis à soumettre à ses mandants, pas un plombier de la ville, même d’origine polonaise - et dans cette ville il s’en rencontre, comme d’origine italienne ou chinoise -, n’envisagerait de lancer un chantier pareil. La seule estimation du nombre de coudes, demi-équerres et colliers nécessaires pour tenter de coller au bâti les en dissuade tous d’où qu’ils viennent. Les extravagances du cours du cuivre allongeraient une facture exorbitante même au propriétaire le moins pourvu en millièmes. Quand ceux d’en face cesseront de se gondoler on pourra reparler de leurs travaux. Car les conduits de cheminée ne valent guère mieux que les gouttières et les ramoneurs, même d’origine savoyarde, commencent à rechigner, lassés, comme leurs marmottes, d’autant de contorsions. Ceux d’en face de ceux d’en face, du moins parmi eux quelques grands vieillards qui en ont vu d’autres, prétendent que l’abus au cours des années 60 et 70 du siècle précédent, dans certains appartements, de substances à durables effets déformant les perceptions serait à l’origine des distorsions angulaires constatées. Quoi qu’il en soit, il serait grand temps de sauver la façade : tout bien situés qu’ils soient, sur Broadway, ces mètres carrés finiront par se dévaloriser.

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Façade

texte et image : martine sonnet

 

le txt mien : (emprise), dans l'échange, est accueili chez elle, ici.

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ai proposé un vaseco à martine sonnet qu'elle acceptée, dans l'aventure de son séjour new-yorkais, ce dont je la remercie fort

l'ai d'abord rencontrée via son site : 
accueil ici http://www.martinesonnet.fr/Site/Accueil.html
blog à l'enseigne de L'employée aux écritures
http://www.martinesonnet.fr/blogwp/
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et, je crois, ai très vite lu ce livre somptueux d'humanité envers les travailleurs de chez renaud-billancourt,  tissé de tendresse envers son père forgeron à l'atelier 62, d'où le titre de son texte,  Atelier 62, paru aux éditions Le Temps qu'il fait
ce qui concerne cette écriture se trouve là :
 http://www.martinesonnet.fr/Site/Atelier_62.html
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historienne, ce qui la concerne c'est là 
http://www.martinesonnet.fr/Site/bibliographie.html
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n'ai pas manqué non plus ses chroniques Montparnasse Monde et le bouquin éponyme
http://www.martinesonnet.fr/Site/Montparnasse_monde.html
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l'ai rencontrée à deux reprises, de vif-corps, belle occasion à prendre de la voir et d'entendre sa voix
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ai été impressionnée, lors d'une réunion lecture organisée dans une petite librairie de clamart, de la facilité simple et savante, à la fois, dont elle nous a parlé du texte de sa thèse qui venait enfin d'être rééditée : L'éducation des filles au temps des lumières, ed.Cerf
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cet échange du jour trouve lieu dans le cadre des vases communicants, ensemble polyphonique de création et d'échanges littéraires, lancé par françois bon et jérôme denis. Depuis juillet 2009, le premier vendredi du mois, chacun écrit chez l'autre, blog ou site.

comme chaque mois merci à brigite célerier qui tient blog paumée et qui y fait, en cette occasion mensuelle vasesco,  une fluide cueillette de chacun des partcipants

elle répertorie aussi, chaque mois, tous les participants ici 

vous pouvez lire aussi lire (extraits ou entier selon nombre de lignes)  tous les textes, réunis par pierre ménard / liminaire dans un sccoop.it dédié aux vases

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vendredi 05 oct 2012

vendredi 05 oct 2012

mesmoires 11 / maison et fauteuil

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Libellule mesmoires IMG_0880
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d'abord paru chez françois bon, puis au semenoir
le fauteuil / rebond entrelacé à autobiographie des objets | 58  @fbon
semenoir_2012_01_14
ici remanié
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maison des grands-parents côté père ; ils avaient su habiter dans ces maisons deux fois pour toutes, une première fois chacun au fond de leur enfance - un au pas-de-calais à boulogne-sur-mer, une à maisons-alfort - une deuxième fois réunis au fond du mariage, en vallée de chevreuse seine-et-oise dans la rue qui passe sous un grand viaduc ; pour ça que l'aubépine des fiançailles, plantée à maisons-alfort, devait la suivre, déplantée et replantée au jardin de la vallée de chevreuse et y entrer en permanence 

maisons des oncles et tantes : celle dans la belle avenue de lamballe du paris seizième, maison très grande à piano et salle de bains; celle au fond d'une cour du paris quinzième, appartement à immense couloir courbe au bout duquel était - ils disaient l'office - ; ils disaient aussi gens de maison ; dans une immense pièce il y avait deux immenses fauteuils en cuir blond tabac ; on est petit, tout est immense

maison des grands-parents, côté mère ; ils avaient quitté chacun leur enfance, une de l'avenue emile-zola, l'autre de  je ne sais pas où ; s'étaient installés au fond du mariage quelques rues du paris quinzième plus loin, avenue felix-faure ; ils avaient posé un buffet, une petite vitrine, une table, six chaises, une bibliothèque en acajou avec porte vitrée, leur lit et une armoire ; il y avait un grand fauteuil louis XIII

sais-je habiter la maison mienne au présent de la vallée de chevreuse quatre fois pour toutes ?

 

j'avance dans le souvenir de ce fauteuil louis XIII, toujours là en sa permanence depuis plus de cent ans dans les maisons de la famille ; avant en quel lieu ? ; a-t-il été détrempé, en sa résidence avenue émile-zola, lors de la crue de la seine en 1810 ?

Inondation av emile_zola

image cueillie ici.

il a déménagé peu aprés, avec la grand-mére, au fond de son mariage avec fernand, jusqu'à l'avenue felix-faure ; installé devant la bibliothèque acajou à porte vitrée parallèle à la fenêtre (autant qu'un fauteuil peut être parallèle à une fenêtre) en face du piano sur lequel était posé un petit aquarium, il y nageait quelques poissons rouge ; faisait face au fauteuil louis XIII le fauteuil de mon grand-père, un fauteuil roulant avec manivelles, il était cul de jatte

dans son fauteuil roulant mon grand-père lisait Combat ; le rituel de la lecture était lié à celui des petites miettes plates et brunes déposées à la surface de l'aquarium  pour nourrir les petits nageurs rouge ; puis venait le rituel de la couverture qu'il disposait autour de sa taille car il allait bientôt prendre sa place de vigie à la fenêtre, elle le protégeait d'un petit vent qui passait en bas de la dite fenêtre qu' il nommait coulis d'air

le fauteuil louis XIII était occupé quand mon grand-père recevait visite ; il y avait le jour de la tante madeleine à l'haleine nauséabonde, raie au milieu et frange au ras des yeux - ce qui lui donnait l'air un peu buté - petit ruban noir autour du cou pour tenir les rides véloces ; venait-elle de bezons où elle a tombeau ? ; il y avait le jour du cousin lucien, grand homme autrefois blond ou roux, en âge de grand-père lui aussi, on le disait, avec du solennel respect dans la voix, ingénieur aux ponts et chaussées ; un jour d'été, où notre famille prenait vacances, on apprit sa mort au soleil de la plage ; il y avait le jour de la tante georgette, elle venait de la rue d'en face, houdart-de-la-motte - on pouvait lire sur la façade de son immeuble gaz à tous les étages - elle aussi, raie au milieu, avec frange, air un peu buté, elle était originaire d'alsace ; il y avait le jour de jacqueline souris - ce nom étonnait, où était souris verte souris bleue je l'attrappe par la queue, où était le sourire ? - ; et il y avait tous les jours - l'une habitait le même appartement que le fauteuil, l'autre, le cousin, habitait l'appartement au-dessus - deux petits mioches juchés sur le fauteuil, à goûter au vert paradis, à jouer à des jeux au fond de leur enfance, à s'inventer des paroles que personne ne retrouve au fond de son âge adulte 

le fauteuil habitait la pièce dite salle-à-manger ; il voisinait table, poêle vert bronze avec une petite porte que l'on ouvrait quelquefois pour y glisser un plat que l'on voulait garder chaud,  petite vitrine où s'exposait quoi d'autre qu'une petite figurine danseuse espagnole à jupe volants et pois, six chaises et du côté opposé au fauteuil, sur un petite table, un grand poste de radio rectangulaire avec petite ligne verte lumineuse ; l'oreille de mesmoires entend encore le gazouillis  lorsque le grand-père fernand tournait un bouton qui modifiait la position du trait vert ; il disait je cherche une autre station

jamais je n'ai vu la grand-mère dans le grand fauteuil Louis XIII

aprés le décès du grand-père le fauteuil s'est installé rue brézin quatorzième arrondissement de paris, et c'est mon père qui s'y asseyait ; il y lisait france-soir et le dimanche le Hérisson ; il y regardait la télévision (le buffet avait déménagé chez un petit-fils en province avec la petite vitrine ; le poste de radio, sans doute disparu dans un cimetière aux objets obsolètes) ; peu de jours avant sa mort il s'y asseyait encore

aprés la mort de mon père, c'est dans le fauteuil Louis XIII que ma mère pleurait et lisait les journaux

je ne lis plus guère les journaux  papier et ma grand-mère s'appelait blanche

je ne me souviens pas avoir jamais vu ma grand-mère lire un journal

le fauteuil Louis XIII  habite maintenant une maison de l'ancienne seine-et-oise, dans la rue qui passe sous un viaduc. ; on y voit certains jours à côté d'une fenêtre une femme assise lisant écrivant sur un rectangle plat et lumineux

en ce mois d'octobre 2012 (date à réactualiser) sais-je encore habiter?
.
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.
maisons vous nous habitez au temps
que nous vous habitons odeur bruit
familier ô vous doux ancêtres dans
nos bras d'écriture demeure encore
légère à vos âmes évaporées maison
de nos petites vies royaume que tu
sois la belle hospitalière d'amour
et amitié et toi fauteuil nommé de
roi que tes bras et ton assise les
jours de fatigue accueille joie du
repos de la lecture des songes des
méditations regards en jardin joie
de l'écrirlir lumière à coussinets
.
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______________________________________________________________________________
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
elle se poursuit en images ici
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jeudi 04 oct 2012

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Libellule mesmoires IMG_0880
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d'abord paru chez françois bon, puis au semenoir
le fauteuil / rebond entrelacé à autobiographie des objets | 58  @fbon
semenoir_2012_01_14
ici remanié
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maison des grands-parents côté père ; ils avaient su habiter dans ces maisons deux fois pour toutes, une première fois chacun au fond de leur enfance - un au pas-de-calais à boulogne-sur-mer, une à maisons-alfort - une deuxième fois réunis au fond du mariage, en vallée de chevreuse seine-et-oise dans la rue qui passe sous un grand viaduc ; pour ça que l'aubépine des fiançailles, plantée à maisons-alfort, devait la suivre, déplantée et replantée au jardin de la vallée de chevreuse et y entrer en permanence 

maisons des oncles et tantes : celle dans la belle avenue de lamballe du paris seizième, maison très grande à piano et salle de bains; celle au fond d'une cour du paris quinzième, appartement à immense couloir courbe au bout duquel était - ils disaient l'office - ; ils disaient aussi gens de maison ; dans une immense pièce il y avait deux immenses fauteuils en cuir blond tabac ; on est petit, tout est immense

maison des grands-parents, côté mère ; ils avaient quitté chacun leur enfance, une de l'avenue emile-zola, l'autre de  je ne sais pas où ; s'étaient installés au fond du mariage quelques rues du paris quinzième plus loin, avenue felix-faure ; ils avaient posé un buffet, une petite vitrine, une table, six chaises, une bibliothèque en acajou avec porte vitrée, leur lit et une armoire ; il y avait un grand fauteuil louis XIII

sais-je habiter la maison mienne au présent de la vallée de chevreuse quatre fois pour toutes ?

 

j'avance dans le souvenir de ce fauteuil louis XIII, toujours là en sa permanence depuis plus de cent ans dans les maisons de la famille ; avant en quel lieu ? ; a-t-il été détrempé, en sa résidence avenue émile-zola, lors de la crue de la seine en 1810 ?

Inondation av emile_zola

image cueillie ici.

il a déménagé peu aprés, avec la grand-mére, au fond de son mariage avec fernand, jusqu'à l'avenue felix-faure ; installé devant la bibliothèque acajou à porte vitrée parallèle à la fenêtre (autant qu'un fauteuil peut être parallèle à une fenêtre) en face du piano sur lequel était posé un petit aquarium, il y nageait quelques poissons rouge ; faisait face au fauteuil louis XIII le fauteuil de mon grand-père, un fauteuil roulant avec manivelles, il était cul de jatte

dans son fauteuil roulant mon grand-père lisait Combat ; le rituel de la lecture était lié à celui des petites miettes plates et brunes déposées à la surface de l'aquarium  pour nourrir les petits nageurs rouge ; puis venait le rituel de la couverture qu'il disposait autour de sa taille car il allait bientôt prendre sa place de vigie à la fenêtre, elle le protégeait d'un petit vent qui passait en bas de la dite fenêtre qu' il nommait coulis d'air

le fauteuil louis XIII était occupé quand mon grand-père recevait visite ; il y avait le jour de la tante madeleine à l'haleine nauséabonde, raie au milieu et frange au ras des yeux - ce qui lui donnait l'air un peu buté - petit ruban noir autour du cou pour tenir les rides véloces ; venait-elle de bezons où elle a tombeau ? ; il y avait le jour du cousin lucien, grand homme autrefois blond ou roux, en âge de grand-père lui aussi, on le disait, avec du solennel respect dans la voix, ingénieur aux ponts et chaussées ; un jour d'été, où notre famille prenait vacances, on apprit sa mort au soleil de la plage ; il y avait le jour de la tante georgette, elle venait de la rue d'en face, houdart-de-la-motte - on pouvait lire sur la façade de son immeuble gaz à tous les étages - elle aussi, raie au milieu, avec frange, air un peu buté, elle était originaire d'alsace ; il y avait le jour de jacqueline souris - ce nom étonnait, où était souris verte souris bleue je l'attrappe par la queue, où était le sourire ? - ; et il y avait tous les jours - l'une habitait le même appartement que le fauteuil, l'autre, le cousin, habitait l'appartement au-dessus - deux petits mioches juchés sur le fauteuil, à goûter au vert paradis, à jouer à des jeux au fond de leur enfance, à s'inventer des paroles que personne ne retrouve au fond de son âge adulte 

le fauteuil habitait la pièce dite salle-à-manger ; il voisinait table, poêle vert bronze avec une petite porte que l'on ouvrait quelquefois pour y glisser un plat que l'on voulait garder chaud,  petite vitrine où s'exposait quoi d'autre qu'une petite figurine danseuse espagnole à jupe volants et pois, six chaises et du côté opposé au fauteuil, sur un petite table, un grand poste de radio rectangulaire avec petite ligne verte lumineuse ; l'oreille de mesmoires entend encore le gazouillis  lorsque le grand-père fernand tournait un bouton qui modifiait la position du trait vert ; il disait je cherche une autre station

jamais je n'ai vu la grand-mère dans le grand fauteuil Louis XIII

aprés le décès du grand-père le fauteuil s'est installé rue brézin quatorzième arrondissement de paris, et c'est mon père qui s'y asseyait ; il y lisait france-soir et le dimanche le Hérisson ; il y regardait la télévision (le buffet avait déménagé chez un petit-fils en province avec la petite vitrine ; le poste de radio, sans doute disparu dans un cimetière aux objets obsolètes) ; peu de jours avant sa mort il s'y asseyait encore

aprés la mort de mon père, c'est dans le fauteuil Louis XIII que ma mère pleurait et lisait les journaux

je ne lis plus guère les journaux  papier et ma grand-mère s'appelait blanche

je ne me souviens pas avoir jamais vu ma grand-mère lire un journal

le fauteuil Louis XIII  habite maintenant une maison de l'ancienne seine-et-oise, dans la rue qui passe sous un viaduc. ; on y voit certains jours à côté d'une fenêtre une femme assise lisant écrivant sur un rectangle plat et lumineux

en ce mois d'octobre 2012 (date à réactualiser) sais-je encore habiter?
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maisons vous nous habitez au temps
que nous vous habitons odeur bruit
familier ô vous doux ancêtres dans
nos bras d'écriture demeure encore
légère à vos âmes évaporées maison
de nos petites vies royaume que tu
sois la belle hospitalière d'amour
et amitié et toi fauteuil nommé de
roi que tes bras et ton assise les
jours de fatigue accueille joie du
repos de la lecture des songes des
méditations regards en jardin joie
de l'écrirlir lumière à coussinets
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jeudi 04 oct 2012

jeudi 04 oct 2012

mesmoires 10 / lentilles

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Libellule pour vignette mesmoires  IMG_0880

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je cherche st-loup-des-vignes près de beaune-la-rolande demanda-t-elle à l'homme aux champs;  "vouillette" aurait-il répondu ;  et c'en fut fait ; elle attrapa le mot au vol d'alouette, le jeta dans don sac de formules, et jamais elle n'utilisa d'autre mot que "vouillette" pour désigner le village où ils habitaient

.

c'était donc à vouillette loiret ;  elles étaient dehors les petites parisiennes en promenade d'herbe verte pas loin d'un enclos à poule et coq cocoricant à truc mou pendant rose sous le bec chantant ;  quelle splendeur le rouge de crête
.
leurs petites chaussures n'en revienent pas de marcher sur tout ce vert, il y a bien un peu de terre poudreuse, un peu de petits cailloux, mais si peu ; c'est vert ; c'est vert plus au moins épais, clair ou foncé, quelques herbes plus hautes, mais c'est vert
.
là un peu plus loin il y a encore du vert, un vert plus doux, surface bien aplanie, aucune herbe ne dépasse ni fleurs ; les petites se tiennent par la main. une des deux détache la sienne, ses chaussures marchent un peu plus vite vers ce bel aplat ; sa soeur la regarde ; et soudain le grand aplat vert s'entrouvre ; elle la voit disparaître dans des éclaboussures ; un ou deux pas suffisent ; attrape la main qui dépasse et tire de toutes ses petites forces ; tant pis pour érafler la jambe à la rive ; la voilà hors lentilles eau de mare ; dans le monde il y a donc amorphe et dur ; ne plus confondre
.
.
.
les petites promenaient en soeurettes
campagne verdure vouillette aventures
loin des parquets et tapis des villes
vert partout sauf rouge crêtes de coq
ah le cri du gallinacée nul asclepios
en vue mais du vert du vert vert vert
au soleil encore une plaque pointille
vert allez elles marchent le coq coco
ricote main dans la main se défait un
instant l'une avance un peu plus vite
et elle disparaît en les pointillises
le vert mouillé l'a oh eau oui avalée
l'autre court voit une main hors tire
force force la voilà sortie sur rives
voilà soeurettes encore deux ensemble
.
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mercredi 03 oct 2012

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Libellule pour vignette mesmoires  IMG_0880

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je cherche st-loup-des-vignes près de beaune-la-rolande demanda-t-elle à l'homme aux champs;  "vouillette" aurait-il répondu ;  et c'en fut fait ; elle attrapa le mot au vol d'alouette, le jeta dans don sac de formules, et jamais elle n'utilisa d'autre mot que "vouillette" pour désigner le village où ils habitaient

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c'était donc à vouillette loiret ;  elles étaient dehors les petites parisiennes en promenade d'herbe verte pas loin d'un enclos à poule et coq cocoricant à truc mou pendant rose sous le bec chantant ;  quelle splendeur le rouge de crête
.
leurs petites chaussures n'en revienent pas de marcher sur tout ce vert, il y a bien un peu de terre poudreuse, un peu de petits cailloux, mais si peu ; c'est vert ; c'est vert plus au moins épais, clair ou foncé, quelques herbes plus hautes, mais c'est vert
.
là un peu plus loin il y a encore du vert, un vert plus doux, surface bien aplanie, aucune herbe ne dépasse ni fleurs ; les petites se tiennent par la main. une des deux détache la sienne, ses chaussures marchent un peu plus vite vers ce bel aplat ; sa soeur la regarde ; et soudain le grand aplat vert s'entrouvre ; elle la voit disparaître dans des éclaboussures ; un ou deux pas suffisent ; attrape la main qui dépasse et tire de toutes ses petites forces ; tant pis pour érafler la jambe à la rive ; la voilà hors lentilles eau de mare ; dans le monde il y a donc amorphe et dur ; ne plus confondre
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les petites promenaient en soeurettes
campagne verdure vouillette aventures
loin des parquets et tapis des villes
vert partout sauf rouge crêtes de coq
ah le cri du gallinacée nul asclepios
en vue mais du vert du vert vert vert
au soleil encore une plaque pointille
vert allez elles marchent le coq coco
ricote main dans la main se défait un
instant l'une avance un peu plus vite
et elle disparaît en les pointillises
le vert mouillé l'a oh eau oui avalée
l'autre court voit une main hors tire
force force la voilà sortie sur rives
voilà soeurettes encore deux ensemble
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mercredi 03 oct 2012

mercredi 03 oct 2012

mesmoires 9 / vinaigre et lapin

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Libellule pour vignette mesmoires  IMG_0880

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un ventre grès de jarre à oreillettes ; elle dit vinaigrier ; tout ce qui se mange ici est fait maison, à la mothe ; elle dit aussi. au fond repose une mère ;  je vais te montrer ;  elle plonge une grande cuillère en bois et fait apparaître un drapé de grenat visqueux glissant  ; là voilà mère de bactéries vivantes ; on verse en la jarre tous les fonds de bouteille de vin avec précaution elle dit - mère fragile - et ça aigrit ; impression étrange d'avoir déranger une petite bête coaguléé sanguinolente, un morceau sacrificiel ; quel bon goût il avait ce vin aigre, sauce des salades du jardin : endives, romaines ou laitues, sauce des tomates fraîchement cueillies mangées avec rondelles oeufs durs des poules du petit poulailler jouxtant les lignes de légumes

 

un ventre de jarre mais beaucoup plus grande remisée dans une patite cabane sombre sans fenêtre, à côté des clapiers à lapins ; chacun sa case : lapins vivants derrière les grillages, lapins confits en graisse dans le ventre de grès ; elle tuait les vivants pointu du couteau enfoncé coup sec dans une veine de cou, pattes arrière nouées dans une ficelle accrochée à une branche basse de la cour; le sang coulait dans une écuelle ; encore un coup de couteau lame effilée le long du ventre du bas des cuissses jusqu'à la base du cou et apparaissait  tout un entortillement serpentueux violet pâle derrière une petite membrane translucide ; encore un coup de couteau, moin appuyé, pour ouvrir cette minceur diaphane, et l'entortillement se désentortillait jusqu'au sol, fumant avec une odeur inconnue de l'observatrice, étrange, presque indécidable entre l'agréable et le désagréable, avec miaulements de chats nombreux arrivés soudain au festin des viscères ; qu'il était goûtu son confit de lapins passé à la grande poële noire avec ail et persil 
.
.
.
belle jarre en tes courbes
fabrique-nous doux élixirs
accueille avec douceur vin
gouleyant en tes ombres le
gras confit lapins canards
repose au frais bêtes tues
en mort pour nos faims que
grâces vous soient rendues
joyeux légumes hissez pour
nous vos couleurs vinaigre
assaisonnées ail et herbes
fines et si un jour poudre
serions que nous soyons en
paix joues bouche de jarre
.
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cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
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mardi 02 oct 2012

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Libellule pour vignette mesmoires  IMG_0880

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un ventre grès de jarre à oreillettes ; elle dit vinaigrier ; tout ce qui se mange ici est fait maison, à la mothe ; elle dit aussi. au fond repose une mère ;  je vais te montrer ;  elle plonge une grande cuillère en bois et fait apparaître un drapé de grenat visqueux glissant  ; là voilà mère de bactéries vivantes ; on verse en la jarre tous les fonds de bouteille de vin avec précaution elle dit - mère fragile - et ça aigrit ; impression étrange d'avoir déranger une petite bête coaguléé sanguinolente, un morceau sacrificiel ; quel bon goût il avait ce vin aigre, sauce des salades du jardin : endives, romaines ou laitues, sauce des tomates fraîchement cueillies mangées avec rondelles oeufs durs des poules du petit poulailler jouxtant les lignes de légumes

 

un ventre de jarre mais beaucoup plus grande remisée dans une patite cabane sombre sans fenêtre, à côté des clapiers à lapins ; chacun sa case : lapins vivants derrière les grillages, lapins confits en graisse dans le ventre de grès ; elle tuait les vivants pointu du couteau enfoncé coup sec dans une veine de cou, pattes arrière nouées dans une ficelle accrochée à une branche basse de la cour; le sang coulait dans une écuelle ; encore un coup de couteau lame effilée le long du ventre du bas des cuissses jusqu'à la base du cou et apparaissait  tout un entortillement serpentueux violet pâle derrière une petite membrane translucide ; encore un coup de couteau, moin appuyé, pour ouvrir cette minceur diaphane, et l'entortillement se désentortillait jusqu'au sol, fumant avec une odeur inconnue de l'observatrice, étrange, presque indécidable entre l'agréable et le désagréable, avec miaulements de chats nombreux arrivés soudain au festin des viscères ; qu'il était goûtu son confit de lapins passé à la grande poële noire avec ail et persil 
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belle jarre en tes courbes
fabrique-nous doux élixirs
accueille avec douceur vin
gouleyant en tes ombres le
gras confit lapins canards
repose au frais bêtes tues
en mort pour nos faims que
grâces vous soient rendues
joyeux légumes hissez pour
nous vos couleurs vinaigre
assaisonnées ail et herbes
fines et si un jour poudre
serions que nous soyons en
paix joues bouche de jarre
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