Le Sel de la vie

Ces souvenirs, niés le plus souvent tout d'un bloc, oubliés au profit de détails plus douloureux, plus angoissants :

appréhensions d'une ère inconnue, à venir, rédoutée, incertitudes en tout genre et qui écrasent toutes les joies du passé,

me rappellent parfois combien j'ai apprécié, finalement, ces quelques années. Et que le temps passe trop vite, mais souvent, pas assez.

Qu'il file et résiste à la fois, long et lent, il tisse le fil d'une vie, en secret.

Et qu'une fois tissée et visible, il est trop tard, c'est presque fini, il ne reste qu'à l'encadrer proprement en évidence dans le salon,

et la contempler jusqu'à la mort.