Je ne tiens plus debout, un silence marmoréen compresse mes tempes, à côté de moi son sommeil s’étend,
la nuit coule sur sa nuque, ses veines ondulent et sursautent sous sa peau dorée, ses poils blonds strient
son avant-bras de lignes régulières, ses grains de beauté esquisse sur son épaule une constellation,
j’observe sa paume aux rides insensées, ses doigts osseux, ses ongles rongés, je l’observe depuis un long moment
déjà et rien ne m’émeut, ce soir je ne tiens plus debout, son sommeil exubérant me gêne, ses cheveux épais inondent
la taie d’oreiller, un blond tentaculaire qui s’étire sur le dôme matelassé, un blond aux reflets mordorés
qui brûle, étincelle, respire, une masse entremêlée, dorée, chatoyante,
ruisselle à moi, ruisselle à moi, moi l’absent, le funambule,
qui n’ose perturber son visage plein de sommeil tandis que le sol se dérobe sous mes pieds.