Journée du patrimoine
Ce doit être magique. Travailler dans un monument. Un palais, un ancien château... Prendre son petit-déjeuner, comme tout le monde, boire son café, se brosser les dents, comme tout le monde, sortir, prendre sa voiture, comme tout le monde... et entrer dans un écrin. Pour travailler. Tous les jours. Arpenter au quotidien des dalles séculaires, traverser des salles habitées par les atmosphères d'autrefois. Faire vivre encore ces lieux déjà vieux de plus d'un demi-millénaire. C'est beau. Encore plus beau qu'un musée. Les musées puent la mort; on a beau dire, le Louvre, ça sent le formol et la poudre de statuaire. Les meubles, les parquets, les fresques, tout ça s'est figé, embaumé sans poussière par la sacro-sainteté de l'âge.
Je trouve insoutenable de devoir payer de mes impôts l'impossible chauffage du palais de l'Elysée. Mais il vit. L'humilité des dirigeants a déserté Versailles; et il meurt. Seuls les jardins s'offrent encore une énième jeunesse, sillonnés à la fraîche par ses joggers et ses amoureux.
Les reflets lumineux des vitraux de Notre-Dame sur les piliers peints ne se laissent pas capturer. Sans doute est-ce sacrilège que de vouloir s'approprier la lumière de chez Dieu.
Pour me dissuader, il a mis un nuage et fait taire le spectacle.