Lundi 8 Septembre

La médiathèque de Pau est fermée le lundi.

En partant de la fontaine au dragon d'eau, à droite, un magasin d'arts plastiques fait l'angle de la rue. Il s'appelle Darle (je crois).

dragon

En passant tout près des jaillissements de la place du Palais de Justice, des embruns m'ont éclaboussé le bout des pieds. Je ne me suis pas trop approchée du bassin du jardin de Blossac.

L'immense tilleul contre lequel je suis adossée me protège de son ombre fraîche. L'automne approchant fait tomber dans la mare des taches brunes, dont reflet effleure la surface de l'eau. En face, tordu sur son ilôt comme un bonzaï, un jeune saule pleureur frissonne. Voulant imiter sa beauté tombante, un châtaigner laisse pendre ses branches. C'est le plus roussi de tous. A côté des bambous verts et toniquement dressés, il fait office de vieux sage.

Des volailles se baignent dans l'étang d'à côté. De temps en temps, le cygne noir laisse échapper un cri de demoiselle effarouchée. Quelque chose a fait jaillir l'eau de la mare, aparemment déserte, pourtant. Une mère tente de figer en photo sur son smartphone son enfant terrible, juste le temps d'un clic. Une certaine Laura.

Tout est d'une harmonieuse simplicité. Egréner un à un tous les éléments du paysage, comme un peintre, aller sans but, se promener dans un parc et en repartir pieds nus. Aucune raison apparente. Je crois que c'est ce à quoi j'aspire. Agirs sans aucune explication, aucune justification. Juste écouter cet instinct qui nous parle et nous commande de nous arrêter un instant au bord du bassin trouble, simplement car l'air y est plus frais.

J'aimerais retrouver ce naturel chez les autres. Converser, partager, se confier sans autre raison valable que celle du bien-être que nous procure le contact avec une être humain. Ne pas se méfier de l'inconnu que l'on croise dans la rue, aller sereinement là où notre envie nous conduit.

J'avais oublié ça. Cette liberté conquise à tout petits pas, il me faut la retrouver. Une foule de petits plaisirs me reviennent en tête:

Mes rondes absentes entre la Praça do Rossio et Eduardo VII.

Les quais, la nuit, la respiration des vagues soufflant dans la digue.

Les conversations vaines avec des inconnus, un verre à la main et la joie au coeur.

Tout paraissait si simple, alors...