Les habitudes ont la vie dure

Imaginez être bloqué dans un cercle vicieux temporel.

Tournant aux mêmes couloirs, tombant dans les mêmes pièges, utilisant toujours la porte de gauche, parce que c'est celle qui est ouverte, et entendre les gens qui essaient d'ouvrir les autres, se rassurer : « Ouf, heureusement que j'ai l'habitude de toujours prendre celle de gauche », droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche.

Droite, gauche, droite, gauche.

Madame, ouvrez votre sac, et votre carte étudiante, laissez moi voir... Hm ça m'a l'air correct. Allez-y

Droite, gauche, droite, gauche, droite gauche, pause. Le couloir est vide, même à 8h30, peut être que j'aurais pas dû postulé. Droite gauche, droite gauche. Quoi que, si j'ai besoin de ce travail. On a beau dire, le terrorisme, ça créé de l'emploi. Enfin, la peur ça créé de l'emploi.

Monsieur, votre sac, carte étudiant. Oubliée ? Qu'est-ce que j'en ai a faire ? Vous rentrez pas monsieur. Je peux pas vérifier votre identité, c'est pas moi qui fixe les règles. Professeur ? Pas mon soucis. Appelez qui vous voulez, c'est pas mon soucis.

Il veut pas partir, il dit qu'il comprend pas. Oui. Oui, d'accord. Monsieur David qu'il dit qu'il s'appelle, pardon monsieur ? Oui, votre nom ? Oui, oui. Monsieur David c'était bien ça.

Quoi ? Important ? Mais j'ai pas sa carte d'iden-ok. Bon. Passé, passé, alors. Pardon monsieur.

Droite, gauche, droite, gauche, je vais peut-être perdre mon emploi. Droite. Dommage. Gauche. Quel con. Droite, gauche, droite, gauche. Je m'ennuie souvent, alors je dit ce que je fais dans ma tête, ça fait passer le temps. Droite, gauche, droite, gauche, quelqu'un arrive. Elle semble hésiter, je vais lui pointé la porte à ma droite, là celle là, prends celle là ! Je souris, elle non. D'accord. Elle sort une boîte de sa poche de manteau bleu, une petite boite de couleur noir, dont un tube minuscule blanc s'échappe. Je l'observe porter ce tube à ses lèvres, puis tenter de l'allumer. Elle relève les yeux vers moi, un sourire. Elle s'approche de la porte à ma droite, à sa gauche, la porte qui s'ouvre.

Oui, bougez pas, j'ai ça quelque part.

Un rectangle froid dans ma poche gauche, je lui tends. Elle me remercie, elle a un joli sourire, dommage qu'elle fume. Non, pas dommage. Elle a un certain style. J'aimerais la rejoindre, fumer avec elle, parler, découvrir son nom, son histoire, lui payer un verre après, peut être, ou bien elle doit penser qu'un pauvre type qui vérifie les cartes et les sacs à l'entrée d'un hall c'est banal, elle me rembarre, m'oublie, ne me rend jamais mon briquet, je resterai avec elle malgré tout.

Mademoi-dame, madame ? Ouvrez votre sac et présentez votre carte étudiant s'il vous plaît. Oubliée ? Je suis désolé, je peut pas vous laissez rentrer. Non je sais, les cours c'est important, mais je ne fixe pas les règles, je ne peux pas vous laissez entrer… Oh, je suppose oui, appelez les, je noterais vos trois noms et vous pourrez rentrer. Commençons par le vôtre... Oh, c'est joli. D'accord on va attendre les autres.

Je sais pas comment lui dire que c'est impossible, je vais devoir appeler mon responsable, il me dira que c'est impossible, je ne veux pas que la mauvaise nouvelle vienne de moi. Je vais appelé mon responsable.

Je vais appelé mon responsable. Oui, monsieur ? Oui j'ai une élève, qui n'a pas sa carte étudiante, elle voudrait prendre des témoins de son identité ? Oui, oui exactement ça oui. Alors ? Mais vous êtes sûr ? Bon... Je vais lui dire. Mademoiselle ? Oui. J'ai eu mon responsable et... Ouais, voilà. Je suis désolé ! Je fixe pas les règles. Mais vous habitez loin ? Peut être que vous pourriez... Ah oui, c'est loin. Trop loin même... Oui, oui je comprend. je suis désolé. Faites comme vous pouvez, ou... Sinon... essayez l'autre porte. Celle par le parking. Je contrôle pas là-bas, personne ne le fait. Passez par là, promis je verrais rien. Y a pas de quoi, bon courage !

Elle me regarde une dernière fois. Vraiment jolie. Bon. Droite, gauche, droite, gauche, droite. Je vais peut-être perdre mon emploi. Gauche. Dommage. Droite. En plus elle a gardé mon briquet. Gauche.


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