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Corps et mots

dimanche 3 avril 2016, par Pierre-Louis Fort

Gangue à conquérir pour ne pas souffrir. Armure de mots (ceux de la bouche et de la langue), contre les maux (ceux du corps et de la chair). Frontière ténue, acier qui protège et repousse, pousse les limites pour assurer le centre, centralité, cœur au corps. Dire le froid, la fixation, fixité, figement, enveloppe dure pour corps mou, squelette rigide pour cœur fragile. Sentir sous la peau le contour dessiné et fixé, exténuer la forme pour sentir filer le fonds. Mots immatériels contre contour corporel, dessiné à même le muscle et les tendons, la chair pour le Verbe, l’armure comme don. Protection et frein tout à la fois, à la déambulation mais aussi, au dit et au dire, dépasser ça : l’étui militaire, salut esthétisé de son plein et de son vide, visible et et invisible.

Mais aussi – mais bien sûr : érotisme du dévoilement, voile du palais, montrer le corps en le dissimulant, sachant qu’on le cache, le lâche, châle laiteux de mots qui réchauffe le froid de l’acier.

Forme protégeant de l’in-forme, la vie en mots, sans les maux. La vie en mots (ceux de la bouche et de la langue), la vie sans les maux (ceux du corps et de la chair). Boucle bouclée, début – arrivée, la fin dans le commencement, fer et faire, métal et action, intérieur contre extérieur, corps uni, pieds fixés, bouche liée, ensemble reliés. Armure. Deux syllabes pour murer l’art, renverser le sens, inverser le cours – des choses et des causes –armure pour tout mur, âme et corps, corps et mots.

P.L.F


En atelier avec Cécile Portier Le Louvre, 27 janvier 2016
à partir de l’Armure d’Henri II, vers 1559, France, fer repoussé
Situation : Richelieu, 1er étage, Charles Quint, Salle 24