Atelier 1, d'après Philippe Adam…

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À cet endroit furent entreprises des fouilles qui ne donnèrent pas grand-chose, confirmant l’intuition de ceux qui ne s’étaient jamais demandé ce qu’il pouvait y avoir en dessous.

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Ici étaient des champs bordés de petites haies ; plus loin un bois qu’on appelait forêt les jours où avec l’ennui venait l’envie de se faire peur.

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En ce temps-là l’air n’était ni trop chaud, ni trop froid, on s’y promenait sans rencontrer de résistances. La pluie ne tombait jamais à l’improviste. Quand le soleil se levait, on était déjà debout ; quand il se couchait, on était déjà mort, et les nouvelles générations reprenaient gaiement la tâche laissée en plan par les aînés, tel maudissant son père d’avoir sorti les chèvres sans se soucier de les traire, tel autre constatant qu’il manquait la corde au puits où il avait pourtant bien décidé de se pendre, tous ruminant des vengeances qui condamneraient la ville à n’être plus qu’un tas de cendres, une arène, une étable où les bouses l’emporteraient de très loin sur le foin.

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Ici l’odeur était terrible. Aux chairs mortes s’ajoutaient la sueur et la mauvaise haleine des tanneurs, et le cuir, parfois, pourrissait avant d’avoir été porté.

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Ici étaient deux statues qui se faisaient face, l’une regardant l’autre et l’autre cherchant vainement à détourner l’attention, montrant de son bras tendu l’arrivée d’un gêneur.

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Ouvriers alignés, baissant la tête, tenant entre leurs mains les casquettes offertes par Monsieur le directeur.

 

Guide touristique des terrains vagues, des lieux disparus, des riens dont il est inutile de parler, des souvenirs désagréables, des renoncements, non sans quelques saillies métaphysiques, philosophiques, peut-être trop grandiloquentes pour êtres sincères…

On ferme toujours les volets ici, comme jadis pour bloquer les regards des robots

On ferme toujours les volets ici, comme jadis pour bloquer les regards des robots, dont certains gisent, comme ici détruits par l'habitant.