Le voilà repartit.

N'est-ce pas là le mythe de Sysiphe reprenant vie ? Je retourne à ma recherche incessante. D'un côté, la voix me donnant l'ordre de continuer, de monter ce rocher sur sa montagne, qu'importe qu'il retombe après. De l'autre, celle qui me fait traîner les pieds malgré moi. A quoi, diable !, cela me mène-t-il ? La vie n'est-elle donc que cette impitoyable recherche ? Pourtant, elle doit bien s'arrêter au bout d'un moment. Il faut me concentrer. Ma quête cherche ses prunelles qui me contemplaient avec cette hauteur féline qui n'est qu'à lui. J'attraperai cette main si douce que, de temps en temps, il me tend avec dédain. J'entendrai sa voix mélodieuse qui me berce encore lorsque je ferme les yeux.

Un bruissement m'appel. Je me retourne violemment. Est-ce toi ? Toi que la nuit recouvre du voile de l'invisibilté, toi que la nature a doté d'une souplesse sans égale. Nouveau remous dans les feuilles de cet arbre, je lève le regard. Te voilà ! Allons descends ! Fais-moi entendre ta douce musique ! Viens vers moi, j'en ai tant besoin.

Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Tes yeux se plissent mais j'y sens du dédain. Allons, je sais que tu vaux mieux que moi, mieux que tant de gens. Mais viens donc, n'ai-je pas mérité ta compagnie pour cette nuit ? N'ai-je pas ce qu'il faut pour te retenir un soir, une journée, peut-êre plus ? Ta liberté est pleine, mes chaînes sont incassables. N'es- tu pas le gagnant de nous deux ? Toi, dont la fidélité ne tien qu'à un fil auquel je m'accroche avec tant d'acharnement. Rejoins-moi ! Consoles-moi grâce à ta présence ! Non ! Ne fais pas ça !