Des Mains de Famille...
Les mains d'une petite-fille devenue grande autour des épaules de son grand-père. Pour montrer d'un geste vrai son affection. Un geste rare. Un geste qui ne dure pas. Un sourire, le temps d'une photo. Et déjà le voilà qui repart, ne tenant pas en place bien longtemps. Toujours ces mots à la bouche lors d'une photo : tu n'as pas peur que ça dérègle ton appareil un vieux comme moi ?
Ça me faire rire..! Il le sait.
Ses mains âgées qui ont failli quitter ce monde il y a si peu. Si peu de temps après que cette photo soit prise. Si peu de temps depuis ce jour aujourd'hui. Des mains qui ne pourraient être plus que souvenir. Des mains qui sont toujours. Qui ne sont pas parties. Pas cette fois. Pas pour le moment.
Des mains marquées d'histoire pour qui sait les observer.
Qui, 14 ans plus tôt, avaient cette allure :
Une ressemblance inexpliquée dans les mains du fils. Une posture. Un geste. Un air de famille qui ne s'explique pas. Des mains uniques qui se ressemblent. Des mains paternelles.
De paternel en paternel, leurs mains se ressemblent toutes. Trois générations de mains semblables. De père en fils. Puis de père en fils à nouveau. Une continuité brisée par mon arrivée. Par le côté plus fin de mes mains de filles. Par le travail qui change. Devenant moins manuel.
Et ces mains d'aïeuls que je croise au détour d'une photo en noir et blanc m'intrigue tout autant à chaque fois. Qui était-il cet homme décédé tout juste après ma naissance. Cet homme qui a vécu le siècle avant mon arrivée. Qui était-il lui dont les mains semblent si méticuleuses bien que fripées par l'âge. Qui était-il cet homme qui a transmis à son petit-fils les secrets de cet art qu'il détient entre les mains. Qui était-il lui qui a donné le goût à son petit-fils de transmettre cette tradition à sa fille et à d'autres passionnés.
A la fin de la journée, la main de la fille/petite-fille/arrière-petite-fille se détend. Et s'endort. Comme tous les autres.