Yannick
Toutes les subtilités et les substances cheveluresques vont être abordées...

Etrange expérience

Mon sang continuait de couler mais bientôt, je ne le regardais plus avec émerveillement car mon attention s'était fixée sur quelque chose d'autre. Un homme était en train d'apparaître de nulle part sous mes yeux. Un homme grand et fin. Mais je me souviens surtout de cette impression de confiance et de chaleur qui s'installait progressivement dans mon corps provoquée par cette apparition. Je ne parvenais plus à voir le sang couler et tacher tous les pansements qu'on s'obstinait à me mettre sur la peau car mes yeux ne pouvaient plus se détacher de l'homme devant moi. Il avait des cheveux de petit garçon, brun et bouclé. Des cheveux dans lesquels les femmes ne peuvent s'empêcher de vouloir passer leur main dedans pour les ébouriffer en s'exclamant : mais qu'il est mignon!

En fait, je réalisais qu'il avait les mêmes cheveux que moi et ça m'intriguait encore plus. Comment cet homme pouvait-il avoir les mêmes cheveux que moi ? Je m'en souviens c'était ça qui était le plus aberrant dans ma tête, pas forcément le fait que ce mec venait de se matérialiser devant moi de nulle part dans une chambre d'hôpital mais le fait qu'il avait les mêmes cheveux que moi. Il fallait absolument que je vois son visage. Il a fait mine de partir. Je me suis levé pour le suivre. Il arpentait les couloirs de l'hôpital d'une démarche assurée et sereine et je le suivais calmement, certain qu'à un moment, il se retournerait. J'étais content de l'apparition de cet homme car elle m'avait détourné du sang qui coulait continuellement et qui m'effrayait un peu, mine de rien. Cet homme me rassurait et j'avais cette conviction que, s'il existait, c'était uniquement car j'étais là. Il s'est arrêté et c'est arrivé d'un coup.

J'entendais son discours. Il ne me l'envoyait pas avec des mots mais il venait directement en moi. Je comprenais tout. Il se retourna et j'osai affronter son regard. Il était sévère et exigeant. Il savait exactement ce qu'il voulait et où il se dirigeait. Personne ne pourra entraver son chemin. C'est paradoxale mais il me faisait me sentir étrangement bien, comme si tout était parfaitement à sa place dans l'univers et tout avait un sens. Cette sensation est impossible à partager par des mots, c'était un ressenti, c'était tout à l'intérieur de moi et provoqué par cet homme sévère aux cheveux de petit garçon. Mes parents s'inquiètent toujours quand ils savent que je suis dans mes soirées. Ils connaissent les états dans lesquels je peux me mettre, jusqu'où je peux aller. Mais ça n'est pas si incompréhensible que ça quand on connaît cet épisode là de ma vie. J'essaie juste de renouer avec l'état qui m'a plongé dans ce moment de vérité. J'essaie de retrouver le moment où je me sentais pleinement vivant, où tout avait un sens, où je ressentais chaque parcelle de mon corps. Ce moment où j'étais dans la vérité et où je n'avais plus peur de mourir.

On dit toujours que les cheveux, c'est pour les filles...