Premières impressions

J’avais quitté le Sud, déterminée, tel un moderne Bilbo Saquet, les poils en moins. Je partais à l’aventure, j’allais à la conquête du grand Nord, en région parisienne, au dessus un cercle polaire arctique. Je fus saisie de froid, mais d’admiration également en découvrant ma nouvelle université. Je la trouvais superbe, immense, moderne… Les grandes façades de verre m’en imposaient beaucoup, et c’est émerveillée que je passais, pour la toute première fois, les portes du bâtiment des chênes 2. Enthousiaste, je découvrais depuis mon banc les visages qui allaient m’accompagner pour les trois prochaines années. Assez naturellement, mon regard se posa sur mon voisin. Il ne m’inspira pas grand-chose, tout au plus l’espoir de ne pas me retrouver seule pour déjeuner. Mais je me heurtais à un individu étriqué, bien peu enclin à la discussion et que l’angoisse de rater une information importante rendait distant. Poli malgré une grande froideur, il répondit aux quelques questions d’usages que je lui posais pour tenter de briser la glace. Oui, il habitait dans la région. Non, ce n’était pas sa première expérience en études supérieurs. Guère plus. Il resta distant, évitant mon regard, se focalisant sur le tableau noir. Et au moment exact où la séance fût levée, et alors que je me tournais pour lui proposer d’aller déjeuner, il disparut. Je ne le vis même pas se lever tant il était parti vite. Moi même, j’oubliais son visage à la seconde où je quittais la salle. Qui aurait pu croire que, trois ans plus tard, je déjeune avec lui tous les midi, dans notre appartement ?

Retour