Premier contact


Au début il n'y avait rien, rien de plus qu'un bruit et des genoux sur lesquels je prenais appui. Le bruit m'était insupportable à l'époque, maintenant j'y repense et je sourie nostalgiquement.

Mon grand-père me prennait du bout de ses bras et me mettait devant le clavier. "Et ça, quand t'appuie dessus, ca s'affiche là". J'avais 4ans, peut-être plus peut-être moins. J'étais jeune, et émerveillée, ça c'était sur. J'étais jeune et j'appuyais sur un clavier où les images devant mes doigts apparraissait magiquement sur un écran blanc, sur un écran de moins en moins blanc. Cela faisait rire mon grand-père, derrière sa moustache grise, parfois j'y pense, et je me replace derrière un écran, et je les revois, lui et sa moustache blanche.

J'aime dire que je suis une "enfant de l'internet", alors que je sais pertinement qu'il y a tant à découvrir que je ne verrais jamais. Je me renseigne sur les derniers dramas, j'ai d'ailleurs suivis celui sur la neutralité du net avec attention, je rigole avec les derniers "meme", parfois même je me risque au-delà de ce qui est légal, je saute la barrière, j'observe un monde libre et décadent, comme depuis des jumelles, assise à mon bureau, ou allongée sur mon lit. Et tout cela, parce que mon grand-père m'a initié à tout cela. Je me demande ce qu'il aurait pensé de toute ces nouvelles technologies.

Il m'aurait compris, lui, il aurait su pourquoi je traîne sur internet aussi longtemps jusque tard le soir, à la recherche de chose que je n'avais encore jamais vu. Je le sais. Parce qu'il est comme moi, parce que je suis comme lui. Pourtant je suis la seule comme ça dans la famille. Juste une "branché" comme disent les autres, ceux qui ne comprennent pas; ceux qui ne veulent pas comprendre. Moi je sais que quelque part, je l'ai lui, mon papi, et qu'il comprend, et ça me suffit. Une "branché" jusqu'à ce qu'on me débranche, jusqu'à ce qu'on me coupe les fils, la lumière, l'écran.

Jusqu'à qu'il ne reste plus rien, rien de plus qu'un bruit, et des des genoux sur lesquels je reprendrais finalement appui.




Back to where you're from