La Mer

Redécouvrir cette ancienne musique que l'on écoutait à la radio, la nuit sur le chemin de retour. Entendre la pluie tapoter sur le pare-brise, voir des ruisseaux se former. Suivre du doigt leur tracé jusqu'au fleuve, loin, loin, qui s'éparpille dans la mer. Tendre l'oreille la nuit, le sommeil perdu, espérant entendre le soleil qui se lève. Ecouter les oiseaux et leurs petits chanter, à moitié endormi. River ses yeux sur les colonnes de fourmis, se sentir plus grand qu'on ne l'est vraiment.
T'observer, te saisir, te manquer, te lâcher, te faire glisser sur le sable. Courir sur ta peau encore humide, crier sans être entendu et t'arpenter nu. Ne plus avoir peur de la foudre quand ta robe voile la tempête. Grelotter hors de ton étreinte et penser à toi une fois rentré.
La mer qu'on voit danser le long des golfes clairs, a des reflets d'argent.

La mer des reflets changeants sous la pluie.

La mer au ciel d'été confond des blancs moutons avec les anges si purs.

La mer bergère d'azur infinie.

Voyez près des étangs ces grands roseaux mouillés.

Voyez ces oiseaux blancs et ces maisons rouillées.

La mer les a bercés le long des golfes clairs.

Et d'une chanson d'amour, la mer a bercé mon cœur pour la vie.

Tu vois quand je regarde au loin, je ne vois rien d'autre qu'une route. Au bout de cette route, il y a cette ville et je sais qu'en y arrivant je ne pourrais plus partir. Alors je ralentis ma marche sans pour autant m'arrêter. Si je m'arrête c'est fini. Je le sais, tout le monde le sait. J'entends d'autres personnes sur la route mais je ne les vois pas. D'un coup, je vois cette brèche sur le bord. Je m'évanouis. Je suis dans un bois, j'ai quitté la route. Je suis voué à tracer mon propre chemin, condamner à agir.
Manger un abricot en le séparant en deux, jeter le noyau et laisser les fourmis se mettre au travail. Arracher de l'herbe, assis sur le sol, sans raison, peut-être pour le parfum qu'elle dégage une fois coupée. Boire une boisson chaude en été, dans une grande tasse et penser à l'hiver. Rêver éveillé d'un monde que tu vas créer, qui existe déjà dans ta tête et te dire "Tout ça, ça ne vaut rien". Pourtant, y fantasmer une nuit, une semaine, jusqu'à crayonner ton carnet.
Regarder ce noyau dans tes mains. Un monde caché sous l'écorce, tenu dans ta main, tenu dans ta tête. Repenser à ce garçon, perdu dans une pêche et te dire "Tout ça, ça ne vaut rien". Sourire parce que, dans ta tête, il y a des univers entiers, des histoires qui se créent et se recréent. Sourire parce que tu ne vois pas ce qu'il se trouve à l'horizon. Sourire en regardant la mer, perdu dans tes pensées.
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